Récit258(*) n°7 de Mboumba camille259(*) sur Les techniques endogènes de chasse
1-Gu rege, batu be bokanga nzahu ne mi rambu. Nzahu a ne
murambuandi wa nengulu gilungu. Gilungu a rambungu, negu ndiayu nana, uke buru
ne ketu, ketu ina aku bura bane, la uku ne bane be katsi, vana ukungu ne
guramba gilungu. Pa uma gwenda gu musiru, uku tabula gikoga gi neni gi tsire,
gi ku tungungu gu gari. La uke diandze dikongu di neni, (...) dikongu dine diku
tobu gu gikoghe gine la uku baresi guyulu. La ndiabeni katsi ukwenda gune
guyulu, la uku nienge mwane katsi la mwane nuna aku bandame vane, ndu la ndiayu
ukuetile mamba, me kusunde kuanga kodu dikongu la mekusunda gu mukakele mwane
katsi. Nzahu pa ama viogilili vane aga gwakilu ka gwakilu.
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1-Avant, les gens tuaient les éléphants dans les
pièges. L'éléphant a un piège qu'on appelle
gilungu260(*).
le gilungu se pratique que par une personne qui a des neveux.
Lorsque tu vas en brousse, tu coupes un gros bois lourd que l'on amarre au
milieu. Puis tu fabriques une grosse lance (...) cette lance on
l'enfonçait dans le bois et on le suspendait.
Toi-même l'oncle tu montes et tu demandais au neveu de
se courber et tu verses de l'eau qui passait par la pointe de cette lance et
descendait sur le dos du neveu. lorsque l'éléphant passe par
là, il se fait forcement attraper.
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2- Murambuna umemungu ka ne mwane katsi mba pa
gimasukumuga vane, gia sukumugi ka ndiayu mwane katsiandi, mba yandi bedze gufu
guna asa ne musosu mba mwana, mwana katsiandi. yandi gilungu ase ramba asa
bedze vaga ka pagere mwane. Ne tayandi aguvaga ayandi gilungu ase
ramba.
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2- Le droit à la pratique de ce piège ne se
faisait qu'avec le neveu parce que si le bois tombe, ça ne tombera que
sur le neveu parce que lui, s'il meurt l'oncle n'avait pas de compte à
rendre puisque l'enfant qui est mort c'est son neveu. Lui c'est le gilungu
qu'il a fait et il ne peut le faire avec n'importe quel enfant. Même son
père ne dira que l'oncle c'est le piège qu'il a fait.
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3- La udubila, be bukanga gidune gi neni gu muanda nzahu.
La beku bonganga be bikoga bigegi bi gukubiga ne mutamba guyulu, usaguyabe gu
givave gune. La gutsi guvara niobu.la gwarugi nzahu aku sakumuga guna la niobu
tsina tsi kumutsoka la akuvakene gu gari. La vane guyabe muri beli mba pa
gumabe muri beli aga katugi. Avave bese kanga ne guku ramba be kaveringi ka ne
mate. Mirambu vave ka ne fil si neni si maruga ne mitangani.
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3- Celui de dubila, ils creusaient une grande fosse sur la
piste des éléphants. Ils prenaient des petits bois qu'ils
mettaient de manière horizontale à la fosse et ils couvraient le
tout avec de la terre, tu ne pouvais savoir qu'il y avait quelque chose
à ce lieu. Et dans la fosse on plantait des sagaies.
Quand l'éléphant passera, il va tomber dans la
fosse, les sagaies vont le pénétrer et il y restera
coincé. Mais il ne faudrait pas qu'il est des arbres à
côté parce que s'il y en a il peut sortir de la fosse. En ce
moment ils ne font plus les pièges, ils les tuent avec les fusils. Les
pièges sont faits maintenant avec les fils venus avec les blancs.
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Notre huitième récit répond à la
question de savoir comment autrefois les Bisir pratiquaient la chasse à
l'éléphant. A cette question, Camille Mboumba nous apprend qu'ils
pratiquaient cette chasse à base de deux types de pièges. Le
premier piège était appelé gilingu. Il consistait à
suspendre un gros bois à partir des grosses lianes, dans lequel
était enfoncé une grosse lance, sur une piste
d'éléphant. Mais pour pratiquer ce piège, il fallait
obligatoirement être un oncle de famille notamment avoir des neveux. Car
il y avait un rituel que l'oncle ne pouvait exécuter uniquement qu'avec
un neveu et ce rituel était la condition sine qua non pour que le
piège puisse attraper l'animal. Le rituel consistait à faire
courber le neveu sous le gros bois suspendu dans lequel l'oncle avait
enfoncé la lance et son neveu devait être centré sur la
lance puis, l'oncle montait au niveau de ce bois et il versait de l'eau sur ce
bois. Cette eau devait passer par la pointe de la lance et descendre sur le dos
du neveu. Une fois ce rituel exécuté, aucun
éléphant ne pouvait échapper.
Cependant, il se produisait parfois des accidents. Il y
arrivait que l'oncle en montant pour verser de l'eau, que le bois tombe sur le
neveu et ce dernier meurt. Mais chez les gisir, cette mort était
jugée légitime. Ni le père, ni la mère de l'enfant
n'avait le droit de contester l'oncle. Cela soutient l'idéologie
lignagère dans les sociétés matrilinéaires
où l'oncle a les pleins pouvoirs sur ses neveux et nièces
notamment le pouvoir de vie et de mort. Le deuxième type de piège
est le piège dubila. Celui-ci consistait à creuser une grosse
fosse sur une piste d'éléphant dans laquelle on plantait des
longues lances et on recouvrait le tout par des petits bois et des feuilles sur
lesquelles on mettait de la terre. Mais aujourd'hui ces techniques de chasse ne
sont plus pratiquées, elles ont été remplacées par
les pièges à base de fil métallique et le fusil.
* 258Récit
collecté le 24 août 2007, transcrit et traduit en français
par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.
* 259Camille MBOUMBA,
60ans, clan Budombi, tradipraticien et maître initiateur du
ndéya, quartier Plein-air.
* 260 Gilungu est le nom de
l'une des techniques de piège à l'éléphant chez les
gisir.
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