Récit253(*) n°5 de Mboumba Camille254(*) sur La perception de l'éléphant au regard
des dégâts qu'il occasionne
1- Ubedza nyambila re batu bagu bayabi re nzahu givava
giagulu o agalabi ka gulabe sa diambu dimosi. Nzahu gu yandi agalabi murimandi
wa fasi mekulegeni o wavatsie ? Sa mambu me beyi. A nzahu ne guyudzanga batu
biguya, musiru negune gu du gayila, gu musiru negune dua vagili kepagere
diambu, nzahu gu musiru negune aga vagili kepagere mue diandi biambu. Ayawu
guse vagala yenu du yaku gue musiru tsagalanu yenu gu dimbu, nzahu buandi
bulongu musiru yenu batu gu dimbu, batu bana bedze guse dulongala yetu gu dimbu
duguyilanga nana duyakugwenda musiru (...). Anyani Nyambi gu yandi kidze
bulongu, nzahu, miri aregila gu kidze gie ? Mbara o duyaboka nzahu mba
nzahu agaya milunda akona buranga bibunda dikengi. Gu yandi agayi milunda,
agayi gu dzala yandi, nyambi amulonga biguya biandi ne bina. Gere agagone niaka
bikone buranga, yawu bayabili tsie ? (...). A megembi, gu yandi aga
niakili, aga buri giandi megembi ? Poga ba buringia ? Mba yetu, dwa
labingi nzahu pa amaniaka mbili merufi, ugulaba dilinga di poga tsi yandi
atsiya, si sabendi. Dugulaba nzahu amayi meduka, mbura iyandi aga goniakila,
ugulabe mbili medouka ma bolili vana, me sabendi mba muotsu gu yandi aga
niakili dualabi bi yandi agayi dusalabi mirwiliga re nzahu aniaka vava muri
giagi aka bendi. Mbeka gu giamba pa amayi teri ama gwenda gu musiru amaniaka,
ugulaba mburina yabendi biriri bi teri tsina sa miri gu musiru. Adina di miri
gie mi yandi aga vari mi yandi agaye ? Mba duse betsi laba gu marufi mandi
dukulaba di tungi di mukumi, di moabi, di muduka. Mba mbe yawu ba miburi,
Mandji yotsu mbe ibasa kane miabi ne meduka. Ayawu ba yabilitsi tsie re nzahu
aganiaki nana ? Mbeka merufi me nzahu me fumie. Ubedza bega merufi me
nzahu gu dimbu uku vara kapagere givaru vana giabendi avana niayabi. Sa biyawu
bavari gu musiru dzakutisi (...)
|
1- L'éléphant détruit les cultures des
gens or c'est en brousse où nous nous nourrissons, où nous
faisons tous nos besoins mais c'est aussi en brousse où
l'éléphant fait ses besoins.
Qu'ils viennent nous dire de ne plus aller en brousse et de
rester au village et que la brousse est le monde de l'éléphant.
Mais peuvent-ils venir nous montrer comment allons-nous nous nourrir sans plus
aller en brousse (...).
Lorsque Dieu a crée le monde, entre
l'éléphant et les arbres qu'a-t-il crée en premier ?
parce qu'ils disent qu'il ne faut plus tuer l'éléphant parce
qu'il consomme des fruits pour produire des grumes. Or lorsqu'il consomme ces
fruits, il les consomme pour satisfaire sa faim et Dieu a dit que ces fruits
sont ses aliments. Si vraiment en déféquant il fait pousser des
arbres, comment le savent-ils ? (...). Pourquoi ne fait-il pas aussi
pousser les noix du Poga oleosa qu'il consomme ? parce que lorsque
l'éléphant dépose ses crottes, nous voyons des tas de noix
de Poga oleosa qui ne poussent pas.
Nous voyons des tas des fruits du douka qui pourrissent dans
les crottes des éléphants et qui ne poussent pas. Nous n'avons
jamais vu des arbustes qui se sont développés parce que
l'éléphant aurait déposé ses crottes à cet
endroit. Toutefois, dans les plantations, lorsqu'il consomme les concombres et
quand il dépose ses crottes, nous voyons des feuilles des fruits
qu'il a mangés et non des arbres. Quels sont les noms des arbres
consommés par l'éléphant qu'il cultive ? parce que
nous n'avons jamais vu dans ces crottes un arbuste de l'okoumé, du moabi
ou du douka.
S'il produit réellement des arbres, dans ce cas tout
Mandji devait se remplir de moabi et de douka. Comment savent-ils que ce sont
les éléphants qui ont produit tel arbre ? c'est vrai que les
crottes de l'éléphant sont un fumier. Tu peux apporter des
crottes d'éléphant au village et planter n'importe quelle
culture, elle va se développer et ça nous le savons. Mais ce
qu'il plante en brousse, nous ne maîtrisons rien.
|
2- Nesi gu yawu bemakidza mburawu igu suega bibulu gu rabi
ne muotsu ne muotsu, bibulu bina pasi bia burena bisa kunanga bulongu ?
Kaba bekidzi mbura ne fil igwingisa bibulu biawu biotsu gi gumbi gina mutu wago
biboka guna aku ne musosu la vana batu be bedza guvaga biamba biawu bi
gubungula bane bawu bekia vagi lekol. Tumba pabe masila kakere duyaboka bibulu,
batu pabe makibe wulaba gikeneni gi nzahu, aba ne ngudu beguboka (...)
Pabarondi re bane bawu babi protege bese kidza mbura tsi limite sigu be
bandekena mba batu be kole ku gwenda muna. La yawu guandi beyadala gu mbugetu
(...) Gu tsielu CBG gu reserve gune, gusa guambili buta, gusa labini buta.
Tumba negu ngendza bibulu bina bia tsageni ka guna bi savudugia ? Ne nzahu
aga gwendi miendu mi ragame abedze guse guya mumu agugabuga mbara guna, yawu
beni beyabi dubedza go suema gugu mbara guna besagulu kumbula, agune besalabi
kepagere diambu. Tumba yawu besa bedza tsagana ka guna mbara CBG be matabula
miri miawu miotsu, bene dzale guna, be gubinga tsielu tsi biguya (...) nonga
berugi guse laba mba mbeka guguandisa bibulu tumba gilima begu dila nguba ibatu
(...)
|
2- Même dans le cas où ils ont
aménagé leur endroit à Rabi et partout ailleurs pour y
mettre tous leurs animaux, ces animaux lorsqu'ils vont se reproduire, ne
vont-ils plus se déplacer pour aller ailleurs ? donc il faut qu'ils
aménagent un endroit avec des câbles pour y introduire tous leurs
animaux et à partir de ce moment, la personne qui osera aller abattre
l'une de ces bêtes aura un problème et les gens pourront faire
leurs plantations pour nourrir leurs enfants qui vont encore l'école.
Cependant, s'ils disent seulement de ne pas tuer les animaux,
lorsque les gens seront dépassés par les dégâts,
ceux qui possèdent des moyens les abattront (...) s'ils veulent que
leurs enfants soient protégés, qu'ils viennent établir des
limites pour les garder pour que les gens ne partent plus là où
ils sont. Et il faudrait que ces éléphants ne viennent plus aussi
dans notre côté (...) du côté de la CBG, il y a une
réserve là-bas et on n'y entend aucun coup de fusil, aucun fusil
n'y pénètre.
Mais est-il vrai que ces animaux ne restent que là-bas,
ils ne sortent pas de cet espace ? tel que l'éléphant, il
parcourt des longues distances, il peut venir se nourrir ici et retourner parce
qu'il sait que là-bas il est en sécurité, il ne court
aucun danger. Malheureusement, ils ne peuvent pas rester que là-bas
parce que la CBG a coupé tous les arbres à partir desquels ils se
nourrissent. Ils ont faim par conséquent, ils vont se rabattre du
côté où il y a des cultures. (...) il serait mieux qu'ils
viennent voir parce que c'est bien beau de protéger les animaux mais il
viendrait un temps où ces animaux subiront la colère des gens.
|
3- Ki laba ne batu bana baduvagilia yawu barondi yetu gufu
o dubi monihu ? Doli ne meboti me petrola yawu beni ne guyanga Doli si
mikumi yawu beni ne guyanga si nzahu pasi sia dumani biguya duyaboka A diambu
dine di gwendila tsie ? mesumbu mbu be gusa ne mi moritani guranga (...)
ki laba tsila yetu pa mfula ku yoni ne gutabuga. A gugu esi bilongu gu pitali
bisandi. Pa mutu beli, aga gobugilu ka gu muila ne gu ndendi (...). Dusekanga
ne televisi gugu, abane ne tsioni balabi ka mambu maviogi gu malongu me be
mbatsi. batu be duavuru ne guvota vava wisi wotsu dusayabi me bavagi si yetu
dukengi ka gukenga dibandu nzahu tsiawu.
|
3- Voyez-vous comment ces gens là nous
traitent-ils ? veulent-ils nous voir mort ou vivant ? ce sont eux qui
profitent de l'argent et des avantages du pétrole et du bois et lorsque
les éléphants viennent dévaster nos champs, ils nous
disent de ne pas les tuer. Comment va-t-on résoudre un tel
problème ? les prix chez les maliens et chez les mauritaniens ne
sont pas abordables (...).
Regarde notre route, lorsqu'il pleut elle se coupe. Dans notre
dispensaire il n'y a pas de médicaments. Lorsqu'une personne tombe
malade, elle ne fait soigner soit Mouila soit à Lambaréné
(...). Nous n'avons pas de télévision ici, nous ne pouvons pas
suivre les évènements du pays. Nous ne savons pas ce que font les
gens que nous élisons ici tous les jours et nous, nous souffrons
à cause de leurs éléphants.
|
4- Mireci miarugi mu melongu me be mbatsi, yetu mumu
duburu ka ne timba, malanga, bigongu, mipala tumba bina re bigaya nzahu (...)
yawu guandi esi be tsiya milunda mina pasi bese betsi guya biguya bina
besagukuri tumba giyitsieni guandi gi sagiboti. Pa amaruga gu giamba guse guya
mue giguya, aya esi mesina mebeyi me timba akone gwenda. Tumba pasi ase betsi
pasa giamba gu gari asa gukuri. Avana pa amapasa gu gari amugese aku guse
guyilegu? Amunga giamba? (...) Nzahu aguya aganiaka, batu benu ne
guvaganga agavari, agie asavarili bigongu, mbala bi agaya, nemune misungu agie
bisabendili? Batu bana, mbeke gugandisa nzahu diboti tumba biguya biyawu
beyaga, base guambila re nzahu imosi pasi ima gwingena gu giamba bedze peyanga
tangu tsie. Nzahu pasi imagwingena gu giamba dukuvaga facture beku ruga bekuse
peyi mbara nzahu isase boku (...)
|
4- Les riz viennent des pays des autres, nous chez nous, nous
sommes nés avec les tubercules, les taros, le manioc, la banane mais ce
sont ces aliments qui sont consommés par les éléphants
(...). Ils peuvent consommer les fruits mais s'ils n'ont pas encore
consommé ces cultures, ils ne peuvent pas se rassasier mais c'est leur
façon de se nourrir qui n'est pas bonne. Lorsqu'il arrive dans une
plantation, il ne peut pas se contenter de deux ou trois cultures de manioc et
s'en aller, il faut qu'il consomme la moitié de la plantation pour qu'il
soit rassasié.
Et en consommant la moitié, demain où
viendra-t-il encore se nourrir ? et le propriétaire ? (...)
l'éléphant pendant qu'il se nourrir, il défèque et
vos gens dissent qu'il plante. Pourquoi ne plante-t-il pas le manioc, les
ignames et les cannes à sucre qu'il consomme? c'est bien que ces gens
défendent l'abattage des éléphants mais pour les cultures
qu'ils dévastent, disent-ils combien peuvent-ils payer pour un
éléphant qui pénètre dans une plantation ?
lorsqu'un éléphant pénètre dans une plantation,
nous établissons une facture et ils viennent la payer. (...)
|
5- Mbeke batu gu yawu bavagila duyaboka nzahu, batu be
bedza gulu mba batu bene mirima, a nzahu murima mandi utsie uyandi
gurinila agigi giguya gi mutu dzaguya mba nikole laba misosu. Negu ngedza
dibedza guba mba niongu beyi, ireru guya, batu beguboka, pabe malaba beyavaga
musosu. Pabe mavaga musosu batu botsu be gwenda gu yawu. Negu Mandji vava pasi
bema boka nzahu pasi bema guse ganga mutu una gu bega gu dzugu, batu botsu begu
rambuga begwenda reveranu batu botsu gudzugu (...) Migaga besa bedza guvera
bulongu ne pundu gudzugu, begu vudusa mutu una, a nzahu guandi imamane gufu,
esi bese vuru vera mutu una gudzugu, migaga besa guvagala bokanu mutu una mba
seboka nzahu. Yawu dimbunga bavagi, barondi ka nzahu tsina bayingi biguya bi
batu gube bungula gukielu pungi ne miri mi yawu bavari. Eaux et Forêt
bakali nzahu, eaux et forêts yawu re bedenga musiru guandi agie aga
gabilili musiru re guangaganu miri mba nzahu bagalili muna, agie baku gabilanga
musiru ne batu guangaganu miri la nzahu bekuku gubanga ne dzala bekuku ruganga
gu mimbu. Donc c'est faux bane dimbunga (...) A mutu ukidza buta bu karabine ne
masani nie ? Mekidzu gugu vaga gie sa gugu boka nzahu ? Gie baku
gandisila. Gere bavagila nzahu si saku boku be bongi karabina ne mesni be
suegi, begandisi nzahu beyaku guyi biguya bibatu mu biamba. Mba force iyawu
guandi babegi karabine mutu guandi yanditsieni nika sumbi karabine pa nzahu
bemaruga guse mane biguya biami nia muboki.
|
5- Lorsqu'ils disent de ne plus abattre les
éléphants, les gens peuvent comprendre parce qu'ils sont
dotés de raison mais l'éléphant quant à lui, a-t-il
une raison, peut-il décider ne plus dévaster les cultures des
gens pour qu'il ne puisse pas avoir des ennuis ? parce que s'ils
dévastent une fois, deux fois, la troisième fois les gens vont
les abattre et s'ils le constatent qu'ils ne fassent aucun problème.
S'ils en font, toute la population ira chez eux.
Tel qu'ici à Mandji, si une personne abat un
éléphant et s'ils le mettent en prison, toute la population se
présentera pour dire mettez nous aussi en prison (...) la loi ne peut
pas mettre toute une population en prison, ils vont libérer cette
personne puisque l'éléphant est déjà mort et ils ne
pourront pas tuer cette personne parce qu'elle aurait abattu un
éléphant. C'est de la démagogie que eux, ils font. Ils
veulent seulement que ces éléphants consomment les cultures des
gens, que les populations nourrissent ces éléphants à
cause de leur ivoire et des arbres qui produisent. La forêt appartient
aux Eaux et Forêts, pourquoi partagent-ils encore cette forêt pour
couper les arbres alors que les éléphants se nourrissent de ces
arbres et ils se retrouvent affamés et ils sont obligés de se
rabattre dans les villages. Par conséquent ils font de la
démagogie (...) qui avait fabriqué les armes et les munitions de
la grande chasse ? ces armes et ces munitions ont été
fabriquées pourquoi ? n'est-ce pas pour abattre les
éléphants ? pourquoi défendent-ils encore cette
chasse ? s'ils veulent que les éléphants ne soient plus
abattus, qu'ils ne vendent plus les armes et les munitions, qu'ils disent aux
éléphants de ne plus dévaster les cultures des gens dans
les champs.
Parce que, tant qu'ils vont continuer à vendre les
armes et les munitions, si les éléphants continuent
également à détruire les champs, les gens seront tenter
d'en payer pour les abattre.
|
6- Mutu nemenu, nzahu pa amaruga gu giamba giami, nya
muboki, dzasuegi gusuege (...) pa beseruga guse paga misosu, pegianu disumbu di
nzahu (...) nigu ipei tumba meguami biguya bina mandi bibedze gwenda de million
mbara giamba ana mbili biguya tangu yafurni mefubu, c'est des millions, tangu
yafurni gigongu ginduli, c'est des millions, tangu yafurni mbala, c'est des
millions, tangu yafurni mipala, c'est des des millions (...) Nzahu imosi, pa
imaboku guse guya biguya bibatu, pa imaya giamba gimosi pabe mafunda nya guvuli
bisi tribunal duyatsu pera dzugu anua guvuli tangu tsei niki ipei menu guandi
niku vagala peyanu biamba bitsiyu ne nzahu.
|
6- Une personne comme moi, si un éléphant vient
dans ma plantation, je l'abattrai et je ne cacherai pas (...) s'ils viennent me
chercher des ennuis, je leur dirai de me donner le prix de
l'éléphant (...) et je payerai mais, de mon côté les
cultures qui ont été dévastées peuvent coûter
des millions parce qu'une plantation a plusieurs cultures.
La quantité fourni par les ananas vaut des millions, la
quantité fourni par le manioc vaut des millions, la quantité
fourni par les ignames vaut des millions, la quantité fourni par la
banane vaut des millions (...) si nous abattons un éléphant parce
qu'il est venu détruire les cultures des gens, s'ils nous
entraînent dans les tribunaux, je dirai aux gens du tribunal qu'il est
inutile de me mettre en prison, combien me demandez vous pour cet
éléphant et je payerai le prix et je leur dirai de payer aussi
toutes les plantations dévastées par les
éléphants.
|
Ce récit de Camille Mboumba pose le problème de
la responsabilité de l'administration par rapport à la gestion
des éléphants et à l'aménagement du territoire mais
également celui de la compensation des dégâts. Il
dénonce le manque de certaines infrastructures sociales et remet en
cause la capacité de l'éléphant à
régénérer certaines essences forestières.
D'après lui, les hommes étant dotés de raison sont
prêts à accepter de ne plus abattre les éléphants.
Mais il pose en retour une question aux responsables de la faune pour savoir si
les éléphants eux, ils peuvent comprendre qu'il ne faudrait plus
qu'ils touchent à leurs cultures pour éviter les problèmes
entre les populations et les eaux et forêts. Par ailleurs il est
inconcevable pour lui d'admettre que l'éléphant puisse à
« accoucher » des arbres car dans la conception gisir, Dieu
a crée les arbres avant les animaux. En outre, il met en garde les
autorités face à la déprédation de leurs cultures
par les éléphants.
En effet, à travers ce récit, on comprend
aisément que les sentiments de rejet que les populations
éprouvent face à l'éléphant sont dus à la
non compensation des dégâts qu'il occasionne. La non compensation
des dégâts risquerait d'augmenter l'abattage illégal des
éléphants. Elles protestent contre l'interdiction de l'abattage
des éléphants et réclament des dédommagements des
cultures dévastées par les pachydermes. Cette protestation
à l'égard de l'administration se lit par l'usage du pronom
personnel pluriel « ils » qui est cité dans le texte
près de quinze fois et des formules telles que « tes
gens » ou « leurs enfants ». Pour les
populations, il est inconcevable de protéger l'éléphant au
nom d'une régénération de la forêt car selon elles,
Dieu aurait crée les arbres avant les animaux par conséquent
aucun animal ne peut être à l'origine du développement d'un
quelconque arbre. Elles estiment en définitive que l'administration ne
porte aucun intérêt pour la destruction de leurs cultures mais
elle en porte par contre pour l'éléphant à cause de son
ivoire.
Récit255(*) n°6 de Périne
Mawouiri256(*)
sur La périodicité des activités agricoles et sur le
choix du site
1- Duapakili gusala mbura mwa d'avril- mai. Mwa de mai
wagone sonda mburagu iwasolili giamba ukone labe musiru mbara mu mbura sia
gwingini mamba nonga ukulabe ngendza gere guguba mamba gere mbura iboti. Avril
ne mai ne vana wagone labe musiru gere gumamba. Pa umamana gukeba musiru mwa y
juin ukukeba nyama ne biguya ne doli ukwenda gosolisa. Memosi wubedza gusola
juillet uku guangisa la avant 17 août ukeniendza.
|
1- Nous commençons à choisir le site agricole
à partir du mois d'avril- mai. En mai c'est là où on
cherche l'endroit pour faire le champ, tu dois aller regarder la brousse parce
qu'il y a des endroits qui s'inondent donc il faudrait savoir au
préalable si l'endroit s'inonde ou c'est un bon site. Une fois que tu as
trouvé le site, en juin tu cherches le poisson, la
nourriture et l'argent pour la débroussage. Parfois tu peux
débrousser en juillet tu faits abattre, avant le 17 août tu
brûles.
|
2- (...) Pa dukavari dua pakili guvara miage ne
septembre la timba malanga ne octobre pa mamba mare sunda ne mutamba si vana
duku vara bivaru biotsu bigegi mbala bigongu mongu. ne octobre kuanga novembre
ukia vari (...). Pasi use vura ne guvara avril ne mai wapakili gubuka timba
malanga ma chinu. Ne mupuma uwu nzevaga giamba gimosi gineni (...) Giamba gina
nzepasa agigi giari nzevara timba bigongu adina disimu nivara ka mipala si
mupwasi si mipala nze vera melanga me poati ne me kira ni vera chinu mbala
miniambi tomata talku nungu ne bukulu (...).
|
2- (...) Lorsque nous cultivons, nous commençons par
les bananiers en septembre et le manioc, les taros en octobre lorsque l'eau est
descendue avec la terre et là nous plantons toutes les autres cultures,
les ignames, le manioc amer, la patate douce. D'octobre jusqu'en novembre tu ne
faits que planter. (...).
Si tu cultives très tôt, entre avril et mai tu
commences à récolter les tubercules et les taros. Cette
année j'ai fait une seule grande plantation et je l'ai divisé.
Une partie j'ai mis les tubercules, le manioc. L'autre partie, je n'ai mis que
la banane puis entre les bananiers, j'ai mis les taros, les ignames, les
aubergines, les tomates, le tabac, le piment, l'oseille (...).
|
3- Batu bavagi biamba mbura sataga ne mamba mbara pa uma
vaga mupindi u ndiayu guse gubanga, uguba ne keri mamba me gulambilila ne me
gunu. Usa bedze guse diandza mbura pasi gusa mambe beli. Mutu asa kambi ne
mamba a mutu tabuga ugu mufuanga ne gie ? Menu nia vagi biamba biami gu
mbure ine mamba beli. Gu mupindi mutu benza dimbegene ne gu bela, dusa gwe keba
mamba gu dimbu. Du ne keri ne mamba me gunu ne gulamba. Pa dua dianzi du nonga
gunu mamba nesi gu melamu. Agu duvu gu miemamba ne manga. (...) miaga pasi use
vara ne septembre, miapakili gutsokema ne mai la si août ne septembre
mikuèla. Pasi use mivara ne octobre, miatsokimi ne juin si octobre mi
kagesu. Timba ne bigongu bayetsi ne mars si be kuroga. Mai ne juin ubedza
gonevosula si septembre ne octobre si maguela. (...) malanga ne mongu yawu ba
buri juin. Juin juillet kuanga août ka gone bukanga. Mbala abana bisi
juillet ne août. Tumba ne malanga, ne mbala ne mongu dua bukisa avant
octobre mbara pa si manu mamba sia yungi. (...) putu sia buri décembre
ne janvier si pinda ne janvier fevie. (...) gu giamba giona givava gia regilu
guya bukulu ne nungu duka melanga ne mbala ne mipala. Misungu pasi misivaru ne
septembre ne octobre mia buri mai ne juin.
|
3- Les gens font des plantations non loin des points d'eau
parce que si tu faits un campement pour venir y séjourner, tu auras
besoin d'eau pour préparer et boire. Tu ne pourras pas venir travailler
s'il n'y a pas d'eau à proximité. L'homme ne peut rester sans eau
parce que si une personne s'évanouit vas-tu le réanimer avec
quoi ? Moi je fais toujours mes plantations là où il y a un
peu d'eau parce que l'eau est précieuse. Dans le campement il peut
arriver qu'une personne tombe malade et on ira pas au village chercher de
l'eau. On a besoin d'eau pour boire et préparer. Quand on travaille on
doit toujours boire l'eau même s'il y a un peu de vin. Là
où nous sommes il y a des rivières et les marécages. (...)
La banane, si elle se cultive en septembre, elle commence
à s'incliner en mai et en août et septembre, elle arrive en
maturité. Par contre, si elle est cultivée en octobre, elle
s'incline au mois de juin et en octobre on la récolte. Le manioc et les
tubercules commencent leur apparition en mars puis grossissent. Entre mai et
juin tu peux commencer à gonevosula257(*). Ils arrivent en
maturité entre septembre et octobre. (...) les taros et les patates
douces arrivent en maturité entre juin et juillet. L'igname sa
période de maturité se situe entre juillet et août.
Cependant, que ce soit les taros, les patates douces ou
l'igname, on doit les déterrer avant octobre car si ces cultures
consomment beaucoup d'eau, elles ne seront plus de bonne qualité. (...)
le maïs produit entre décembre et janvier par contre l'arachide,
c'est entre janvier et février. (...) dans une nouvelle plantation, les
premiers aliments récoltables sont le piment et l'oseille puis les
taros, les patates douces, les ignames puis la banane. Les canes à
sucre, s'ils sont cultivés entre septembre et octobre, ils
mûrissent entre mai et juin.
|
Ce récit de Perrine Mawouiri nous informe sur les
différentes périodes des activités agricoles et sur les
critères de choix d'un site. Les périodes des activités
agricoles évoquées par notre informatrice sont celles qui vont de
la localisation du site agricole à la récolte des cultures. Ces
périodes s'étendent en général entre le mois
d'avril et mai jusqu'en octobre de l'année suivante. Entre avril et mai,
c'est la période du choix et de la localisation du site agricole. Le
choix du site pendant cette période permet d'identifier si celui-ci
absorbe ou pas de l'eau. Si au cours de cette période, l'on retrouve
encore suffisamment de traces d'eau, cela voudrait dire que ce site n'est pas
approprié à la mise en culture. Une fois le site choisi, le
débroussage commence en général en juin et l'abattage
débute en juillet. Le mois d'août est la période de mise en
feu. Puis, intervient la mise en culture qui va de septembre jusqu'en novembre.
Cette mise en culture débute avec la culture des bananiers puis, suivie
de celle de tous les autres cultures d'octobre jusqu'en novembre parfois, elle
peut s'étaler jusqu'en avril.
Toutefois, il peut arriver qu'en septembre les femmes puissent
planter les bananiers et les autres cultures notamment les taros et les
tubercules en même temps surtout en cas de famine et lorsque cette
dernière n'a aucune réserve dans son ancien champ. A partir de ce
moment, les tubercules et les taros cultivés en septembre peuvent
être récoltés entre mars et avril. Dans le choix du site,
il y a un certain nombre de critères qui sont retenus. Outre le fait
qu'il n'y ait pas d'eau sur le site agricole, l'un des critères de choix
d'un site est la présence d'eau potable. L'eau est un
élément central dans l'activité agricole du fait de son
caractère vital. Elle permet non seulement de se
désaltérer au regard des efforts physiques que ce type de travaux
nécessite mais également de préparer les aliments et de se
soulager en cas de maladie. Elle est d'autant plus importante en cas
d'implantation d'un campement. La primauté de ce critère d'eau
s'explique par le fait que la grande majorité des sites agricoles
à Mandji portent des noms des cours d'eau. Malheureusement ces milieux
qui regorgent des points d'eau sont ceux qui sont le plus
fréquentés par les éléphants.
* 253Récit
collecté le 27 août 2007, transcrit et traduit en français
par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.
* 254 Camille MBOUMBA,
60ans, clan Budombi, tradipraticien et maître initiateur du
ndéya, quartier Plein-air.
* 255Récit
collecté le 05 mai 2007, transcrit et traduit en français par
MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.
* 256 Perrine MAWOUIRI, 53
ans, agricultrice, clan Mombi, quartier Sievanou.
* 257 Gonevosula en
gisira, c'est creuser un aliment tel le tubercule qui est en état de
croissance intermédiaire de manière prudente.
|
|