Récit250(*) n°4 de Mboumba Camille251(*) sur La conception de l'éléphant chez les
Bisir
1- Agu ginombi, ka batu be ne disinda ne me sami mawu ba
bokingi nzahu beku bonganga pungi beku sumbisanga, avana umalaba musumbu u
nzahu. Menu pasi ni masumba karabine yami, ni bedze bokanga nzahu, si
pungi tsina, ni ku sumbisanga.
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1- Dans la tradition, il n'y a que les gens qui ont le courage
et leur munition qui abattent les éléphants et prennent les
défenses pour vendre en ce moment tu vois l'intérêt de
l'éléphant. Moi si j'achète ma carabine, je peux souvent
abattre les éléphants et les défenses je les vendrais.
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2- Nzahu aga bongulilu gisiemu ka ne batu bavandi. Gu
tsibilanga bivunda gurege, be vanda nzahu gu gubonga busisi, ne diduma be
kugoba. Be mbatsi be ku kurina, baku baki mbami nzahu mbara usa bedza gengesena
ne mbami nzahu ana busisi.Nzahu gibulu gine busisi gine woma. Pa uma gulu
gutsibanga gi vunda mumu gitsibanga ne busisi ndimbu atsibanga ne nzahu. Pa aga
gwingini gu misu me batu, la batu botsu mbia. Gu tsibanga muati tsiefi si
vandanga busisi bu nzahu. La aga gwendi mbu comanda, la comanda nana aga mulu
busisi, aga mueni re mundumba mutu (...).Be bokanga nzahu diambu di gumana
biguya. Pasi nzahu si maranga mu biamba, baku nenga murele nzahu mba gurege
nzahu asa labananga gi gumbi giotsu. (...) nzahu yandi agalodzi tsile pa mutu
amatsiemuga gu musiru agabingi ka muanda nzahu mba mianda mi nzahu mia vudugi
ka gu batu. Pasi mutu amavanda nzahu igusuega digumba diandi, asabambili. Aga
yabegenu ka ne batu badiandzi biguya biawu. Mutu wamusurumi ka nganga. Mesiga
ne gu mbu mitangani ne gu ginombi, nzahu asa bokungu, atsibanga protection
ibatu.
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2- Il n'y a que les gens qui
« fétichent » qui prennent des bisiemu252(*) sur
l'éléphant. Les anciens
« fétichaient » l'éléphant pour avoir
l'influence et la grandeur et la renommée. Pour que les autres aient
peur de toi, on te faisait une scarification au front pour avoir l'influence
car personne ne peut fixer le front d'un éléphant.
L'éléphant est un animal influent et qui engendre la peur. Quand
tu attends qu'une personne fût influente ici, cela veut dire qu'il avait
l'éléphant. Lorsqu'il arrive au milieu des hommes, il attirait
toute leur attention. Il y avait certains notables qui avaient
« fétiché » l'influence de
l'éléphant.
Quand il va chez l'autorité administrative, celle-ci se
sentait influencée et le considère comme un homme respectable
(...).
Ils tuaient les éléphants à cause de la
destruction des cultures vivrières qu'ils occasionnaient. Lorsque les
éléphants devenaient menaçants, ils faisaient appel
à un chasseur parce que à cette époque les
éléphants ne se montraient pas à tout moment. (...)
l'éléphant est celui qui montre le chemin.
Lorsqu'une personne se perd en brousse, elle suit seulement
les pistes de l'éléphant car celles-ci mènent toujours
vers le village. Lorsqu'une personne fétiche un éléphant
pour protéger sa famille, les enfants et les femmes, il ne leur dit. On
le reconnaîtra qu'à partir des plaintes des propriétaires
des plantations détruites. La personne qui le découvre c'est le
nganga. Hier, que ça soit chez les blancs modernes ou chez nous il
n'était pas question de tuer l'éléphant parce que
l'éléphant était une protection.
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3- Pa umalaba mutu una gilanga gi nzahu giandi agagangi gere
muandzu gu dikake, wa mu protege. Gilanga gina gileme gi nzahu, wa mu protegi.
Yandi aga suemeni gu gari nzahu. Mutu dibeti agarondi mu binga aga ragunu ka
gilanga gi nzahu. Esi bisi bwiti muati be ne mioni. Ugulaba nima y bwiti une
woni ne guvagala agasuemili gu gari nzahu dzo yandi re gasuemisi batu be gu
dzimandi. Ne migitsa miotsu migegi mi begetu basuemi ka gu nzahu (...). Gu gere
pa mutu agago gongila mundumbe, ba beganga pungi nzahu mu tsombu mbara mugetu
aku goba gu misu me batu. Pa sa gukiela ina, nzahu gibulu gia kuani ka batu
biguya, yandi guandi a bedzu gukuanu re ayusugi mumu. (...) pa ndiayu
umavegu nyama idibeti gu ndosi timbu nyama idibeti uya ibonga.
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3- Lorsque tu vois un homme avec la queue de
l'éléphant qu'il tient comme un chasse-mouche à la main,
celle-ci le protège. Lui, il se cache dans l'éléphant. Un
sorcier qui le cherche ne trouvera que cette queue. Même certains
bwitistes en possèdent. Lorsque tu vois un chef de fil du bwiti avec
une queue d'éléphant, cela veut dire qu'il cache son corps dans
un éléphant et protège tous les autres membres qui sont
derrière lui. Même dans tous les rites féminins, on ne se
cache que dans l'éléphant (...).
Autrefois, lorsqu'une personne va épouser chez un
notable, il apporte des défenses d'éléphant dans la dot
pour que la femme ait du poids devant la société.
Hormis cela, l'éléphant est un animal qui
embête les gens avec leurs cultures, il peut lui aussi être brimer
pour qu'il ne soit plus ici. (...). Si dans un rêve, on te donne
de la viande de l'éléphant, il ne faut pas en prendre, c'est de
la chaire humaine.
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En suivant le présent discours, on se rend compte que
l'éléphant dans la société gisir est perçu
comme un protecteur et un guide. Il protège des attaques mystiques. Et
en général ce sont des initiés du bwiti et des rites
traditionnels féminins qui en sont détenteurs. Dans le bwiti, le
symbole de cette protection est la possession de la queue de
l'éléphant par l'un des chefs de fil. L'éléphant
est également un guide dans la mesure où en cas de perte dans la
forêt, il suffit de suivre les traces de l'éléphant car
celles-ci mènent toujours vers les hommes. Ce discours, nous apprend
également que l'éléphant symbolise la grandeur, le respect
et l'influence. Autrefois, lorsqu'un homme allait épouser dans une
famille d'un grand notable, la dot était constituée d'une pointe
d'ivoire. Cette pointe d'ivoire symbolisait la grandeur de la femme. Elle
devait avoir du poid dans son foyer.
* 250Récit
collecté le 24 août 2007, transcrit et traduit en français
par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.
* 251 MBOUMBA Camille,
60ans, clan Budombi, tradipraticien et maître initiateur du
ndéya, quartier Plein-air.
* 252 Bisiemu est un mot gisir
qui désigne les ingrédients à base desquels on fait soit
un fétiche, soit un traitement dans la médecine
traditionnelle.
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