Récit248(*) n°3 de Diawou Marie Augustine249(*) sur La nature et les signes de reconnaissance des animaux
responsables des dégâts et sur les conséquences de ces
dégâts
1- Menu dzibanga gu luba, ni masise dilandi dine gu kielu
nzahu guku mipume mi beyi. guse ga batu, batu gune be karangu ka gurangu. ni
mavioga gu dubandzi be mbatsi be ma vuduga gu dubandzi beku gu dzila neni igi
yenu dza gwenda. Mangala ini maviogila gu dubandzi baya giamba, ayiyi dzaku
sola, du makaka ka kangi ne vane be tsiya. Du tsibanga gu dubandzi gune digumi
dibegetu ne begetu de siamunu. Yetu botsu du ma vaduge guna (...) Dibandu dwa
rinilila, nzahu dwa rina.
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1- Moi j'étais à Luba, j'ai abandonné ce
secteur à cause des éléphants il y a deux ans. Il n'y a
plus des gens, ceux qui restent on les compte. Moi je suis parti à
Dubandzi les autres sont partis sur la grande route de Yeno. La saison
sèche au cours de laquelle je suis passé à Dubandzi ils
ont dévasté ma plantation, cette saison je n'ai plus
débroussé, on a seulement fait un jardin. Même celle
là, ils ont dévasté. Nous étions seize femmes
à Dubandzi. Nous sommes toutes sorties de là-bas. La raison pour
laquelle nous avons fui c'est les éléphants.
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2- Muati vava bene ngudu tsiawu bakavagingi biamba ka bi
beyi bireru mbara esi nzahu atsiya gi mosi be gudengana ne bia sali. Memosi
mutu akusola ka giamba gineni gineni mba esi nzahu aseruga guse guya besa
gumana giotsu mu dibeti di mosi. Kila nesi Mimia mbe pakila guvaga giandi
giamba ne mupuma vioga amabusa ka gukielu nzahu a menu pa nimafu aguvagilitsie
ne bane fo kanengi guvaga bi diandzu bi mugetu.
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2- Certaines personnes qui ont des moyens font
désormais deux ou trois plantations parce que si les
éléphants viennent dévaster une d'entre elles, elles
peuvent survivre avec le reste. D'autres, font des très grandes
plantations de cette manière si les éléphants viennent la
dévaster, ils ne finiront pas toutes les cultures en une seule nuit.
Regarde même Mimi qui voulait commencer à apprendre à faire
sa propre plantation l'année dernière, est
découragée à cause des éléphants or si moi
je meurt comment va-t-elle faire avec les enfants ? il faut qu'elle
apprenne à faire les travaux d'une femme.
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3- A gu dubandzi diambu diranga gweni gune mimioli. ne
mupuma uwu bema duvega dzala viagunu ne nzahu (...) Mbeka tsibisi, ne be kambi
bemuna bepakila mbetsi mumu tumba minioli ne nzahu yawu re beranga. Minioli
begaye bigongu mume gaya, beku gomba muri gombi gombi la gigongu gina gisaku
benda. Nzahu yandi agaya bigongu, mipala, malanga, agaye biotsu. Nziya yawu
bese gaya bayudzi ka guyudza, bapasi miaga ka gupasa. Mbeka nziya asapaga
gusandza pa umaboka imosi ne votsu asakuruga.
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3- À Dubandzi le problème qui se pose le plus
là-bas c'est les criquets. Cette année ils nous ont donné
plus de faim que les éléphants (...) certes les hérissons,
les porcs-épics, les antilopes sont présents, ils ont
commencé depuis longtemps mais les criquets et les
éléphants, ce sont eux qui ravagent le plus. Les criquets mangent
le manioc au niveau des feuilles, ils grattent les plants du manioc et ce
manioc ne peut plus se développer. L'éléphant lui, il
mange le manioc, la banane, les taros, il mange tout. Quant aux gorilles, eux,
ils ne consomment rien, ils font seulement le désordre, ils
détruisent les bananiers. Mais ils ne sont pas difficiles à
chasser, il suffit d'en tuer un seul, ils ne viendront plus.
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4- Gugu yabe gibule gise gwingene gu giamba dimbu me tambi
ne dugengi duandi. Kambi dwa labi ne ga gone tabulile bigongu. nzahu ane giandi
giyitsi, agatsari gutsara agarubuli ane gone bendza bi gubendza. Si timbu
giandi ka marufi mawu. Nzahu agavagi agayi aganiaki, merufi mana wameragunu me
muna mu yandi ase viogila. Minioli dwa gone baragunu be mune, tsibisi
munongu.
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4- C'est par les empreintes des pattes et l'odeur que nous
reconnaissons l'animal qui vient dévaster la plantation. L'antilope
cheval on le reconnaît à partir des plants de manioc
cassés. L'éléphant a sa manière de consommer, il
piétine les cultures, les déracine et brise certains endroits. Un
autre signe ce sont leurs crottes. L'éléphant pendant qu'il
consomme, il rejette les crottes et ces crottes, on les retrouve sur les
endroits par lesquels il est passé. Les criquets on les retrouve sur les
plantes, les aulacodes, c'est la même chose.
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Le présent récit met en évidence la
nature des animaux prédateurs des cultures vivrières des
populations mais également les signes par lesquels les populations les
reconnaissent et les conséquences liées aux dégâts
causés par ces animaux. Il montre en effet, que l'éléphant
est l'animal qui cause le plus de dégâts dans les champs. Outre
l'éléphant, il y a aussi d'autres espèces telles que les
aulacodess, les athérures, les gorilles et les criquets qui
détruisent les cultures. Mais un accent particulier est mis sur
l'éléphant par rapport à la quantité des cultures
détruites, il consomme quasiment tout. Le discours de cette
informatrice, nous apprend que c'est en fonction des empreintes, de l'odeur et
des excréments que les populations reconnaissent les animaux
responsables des dégâts. Mais également par la façon
de prélever les cultures. Les aulacodes et les althérures
broutent le manioc au niveau des racines et des tiges et lorsque le manioc
n'est pas encore en maturité, il se brise et ne se développe
plus. Les criquets s'apprennent également au manioc. Ils le broutent au
niveau des tiges et des feuilles et il ne peut plus se développer aussi.
L'éléphant quant à lui, déracine, brise et
piétine les cultures. Par contre le gorille n'est pas friand des
cultures des hommes, il vient uniquement détruire les bananiers comme
s'il s'agissait d'un jeu. Au regard de tant de dégâts, certaines
femmes ont cédé au découragement en abandonnant des
plantations entières dans certaines zones agricoles pour aller
s'installer ailleurs. Ce découragement a également affecté
les jeunes filles qui sont appelées à apprendre la pratique de
l'agriculture et de la perpétuer de génération en
génération.
* 248Récit
collecté le 31 août 2007, transcrit et traduit en français
par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.
* 249Marie Augustine
DIAHOU, 67 ans, agricultrice, clan Bupeti,
quartier Miguebi.
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