IV.3. UN RALENTISSEMENT DES NEGOCIATIONS REGIONALES
IMPUTABLE A DIFFERENTS FACTEURS
Comme nous l'avons précisé dans la
deuxième partie du présent mémoire, le calendrier des
négociations régionales avait été fixé dans
les feuilles de route
190 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
op.cit., p.66.
191 Selon l'ECDPM, « le détournement des
courants d'échanges correspond aux échanges engendrés par
le traitement préférentiel accordé aux partenaires, lequel
pénalise les producteurs qui ne sont pas parties à l'accord.
Ainsi selon l'ECDPM, « il y aura détournement des courants
d'échanges, lorsque la libéralisation des échanges au
titre d'un APE conduira un pays ACP à mettre un terme à ses
importations en provenance d'un producteur relativement compétitif et
à bas coût d'un pays tiers au profit d'un autre producteur moins
compétitif et relativement plus cher d'un pays signataire de l'APE (l'UE
par exemple), tout simplement parce que les entraves aux échanges pour
les importations au sein d'une zone APE sont moindres que celles qui concernent
les concurrents extérieurs. » Voir : BILAL, S., « APE
Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour les
relations commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p.
40-41.
192 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
op.cit., p.5.
193 Id., p. 96.
194 PRICEWATERHOUSE COOPERS, Evaluation de l'impact sur le
développement durable des Accords de partenariat économique,
Pricewaterhouse Coopers, 2007, p. 83.
195 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 20.
respectives. Cependant comme l'affirme San Bilal dans son
étude, les négociations d'APE ont progressé à un
rythme beaucoup plus lent que ce qu'il n'avait été initialement
prévu dans les feuilles de route196. Selon cet auteur, la
lenteur des négociations s'expliquait d'une part par
l'incapacité des États ACP à se
préparer aux négociations et à pouvoir mettre en oeuvre
les APE, et d'autre part, par les questions abordées dans le cadre des
négociations APE qui ont soulevé de nombreux
débats et tensions entre les acteurs197.
Dans cette dernière sous-partie, nous passerons donc en revue les
facteurs qui ont contribué au ralentissement des négociations et
qui ont finalement poussé les États ACP à conclure des APE
à la hâte, afin de respecter les délais «
imposés » par l' OMC.
IV.3.1. Incapacité humaine de mener les
négociations par les États ACP
Si beaucoup d'éléments ont été
pointés du doigt198 pour expliquer le retard pris dans les
négociations, le manque de ressources du côté ACP pour
mener à bien les négociations a largement contribué
à leur ralentissement. Ainsi, en 2006, l'examen à mi-parcours des
négociations tel que prévu par l'article 37§4 de l'Accord de
Cotonou199 a mis en exergue le manque net de préparation qui
existait dans toutes les sous-régions ACP tant au niveau national que
régional. Selon l'ECDPM, l'évaluation des négociations
à mi-parcours révélait que les Secrétariats
régionaux, les autorités nationales et les acteurs non
étatiques des États ACP manquaient non seulement de
capacité à préparer et mener les
négociations, mais également de perception et
d'engagement dans les négociations200. Cette
étude201 considérait dès lors que le principal
défi pour les États ACP était leur manque de
capacité pour la conclusion des négociations ainsi que pour la
mise en oeuvre des APE. L'étude en avait finalement conclu qu'il
était peu probable qu'une des quatre régions africaine soit en
mesure d'achever les négociations et parvienne à conclure un
accord sur les APE avant le 31 décembre 2007.
196 BILAL, S., « Conclure les négociations des APE.
Aspects juridiques et institutionnels », Rapport ECDPM,
Maastricht : ECDPM, n°12, Juin 2007, p.vi.
197 Ibid.
198 Les autres éléments qui ont contribué
au ralentissement des négociations sont les suivants : divergences entre
les parties aux négociations (volet développement des APE,
mesures d'accompagnement, interprétation de l'article XXIV), divergences
au sein des régions (entre PMA et non-PMA : leurs intérêts
étant différents dans la mesure où les PMA peuvent
bénéficier quoiqu'il arrive de l'initiative TSA), la lenteur des
progrès dans le Cycle du développement de Doha, l'absence
d'analyse d'impacts sectorielle approfondie (laissant de nombreuses questions
en suspens), etc... Voir : CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
« Réexamen Continental des négociations sur les APE : une
étude des perspectives des pays africains », Eclairage sur les
négociations, Maastricht : ECDPM, Vol.6, n°2, Mars-Avril 2007,
pp.5-7.
199 Voir : point IV.4. du présent
mémoire.
200 CENTRE AFRICAIN DE POLITIQUE COMMERCIALES,
Réexamen Continental des négociations sur les APE : une
étude des perspectives des pays africains, op.cit., p.5.
201 Ibid.
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