1.2.1.2.2 Le levier juridique
Fondamentalement, le levier juridique s'explique par le fait
que l'on détienne le contrôle de la cible avec seulement 50% plus
une voix des titres de la holding43. Le raisonnement est
démultiplié si l'on met en place une cascade de holdings, dont on
ne détient à chaque fois que 50% plus une voix, soit la
majorité simple. Ainsi si l'on superpose trois holdings, on
détient le contrôle de la cible avec seulement 6,75% de la valeur
de la cible, ce qu'illustre le schéma suivant.
42 Marianne Py et Aymeric Val - Les fonds
d'investissement, un dopant pour vos actions ? - Le Revenu Hebdo Bourse - 6
Avril 2007
43 Eric Cempura - L'utilisation d'une holding dans la
reprise d'entreprise - Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris
Schéma du levier
juridique44
Par ailleurs, certaines sociétés permettent de
détenir des actions à droits de vote multiple ce qui permet
d'obtenir un résultat de ce type sans passer par une succession de
holdings détenues à la majorité simple. En effet, le
système en cascade est complexe à mettre en place, les
actionnaires de 49% restant à chaque niveau pouvant se sentir
prisonniers d'une structure qu'ils ne contrôlent pas.
44 Nicolas Boschin - Le guide pratique du LBO -
Edition d'organisation
Ce levier vise simplement à démultiplier le
pouvoir de contrôle par rapport au pouvoir financier sur la cible. On
renforce ce levier juridique en endettant la holding, ce qui permet de
contrôler une cible identique avec un apport moindre encore.
1.2.1.2.3 Le levier fiscal
Complétant les leviers précédents, le levier
fiscal permet d'optimiser le montage par la déduction des
intérêts liés à la dette d'acquisition.
Ainsi, pour reprendre la formule initiale, le levier est
(1-t), lorsque t est le taux d'imposition. Plus celui-ci sera
élevé, plus le levier sera fort. Un taux d'imposition de 33,33 %
revient à multiplier la charge réelle des intérêts
financiers par 0,66. Par conséquent, la fiscalité supporte in
fine un tiers de la charge financière annuelle liée à
la dette d'acquisition.
Diverses techniques fiscales permettent ainsi d'amplifier
considérablement l'effet de l'investissement effectué.
Le mécanisme le plus important est l'intégration
fiscale, c'est-à-dire l'addition des résultats de la holding et
de la cible en vue d'une imposition commune. Si l'une est
bénéficiaire et l'autre déficitaire, on aura un clair
mécanisme de compensation. En effet, on diminuera les
bénéfices de l'une des pertes de l'autre, ce qui permet de
pallier le problème que constituent l'existence d'un déficit
fiscal chez l'une des sociétés et l'existence d'un
résultat imposable chez l'autre.
Cela permet donc de réduire le coût d'une
opération de LBO, la holding ayant un déficit du fait des
intérêts d'emprunt, alors que la cible dégage un
résultat imposable.
Pour qu'une telle technique puisse s'appliquer, il est
nécessaire que la holding détienne au moins 95% des titres de la
cible.
Si cette mécanique fonctionne au mieux dans le cadre
d'un LBO, dans le cas de l'OBO des dispositions légales (amendement
Charasse) viennent en contrarier le principe, considérant qu'il
est indu de faire supporter au Trésor une partie des frais
financiers liés à une acquisition auprès de
soi-même45.
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