3.1.3 Rapport nombre de pages /
durée du film
L'autre observation qu'il faut faire dans l'analyse temporelle
d'une adaptation, c'est le rapport qui existe entre le nombre de pages et la
durée du film qui en découle. Nous avons vu que le roman qui
était de 240 pages a été transposé sur une
pellicule de 103 minutes. Certaines scènes ont été
supprimées, rétrécies ou dilatées, tandis que
d'autres ont été créées. A ce niveau, nous allons
inverser la perspective de comparaison que nous avions adoptée
jusqu'ici. Avant, c'était le film qui se comparait au roman, maintenant,
nous allons partir du film pour pouvoir juger de la répartition du temps
alloué à la réalisation globale. Nous allons nous baser
sur la segmentation des auteurs à l'intérieur même de ces
deux récits. Dans le roman, cette segmentation est du type «
première, deuxième, troisième partie », avec
chaque fois un blanc de deux pages. Dans le film, par contre, c'est la voix off
du narrateur qui marque la ponctuation et le passage d'un acte à un
autre. Cette segmentation comprend :
- Un générique
- Un prologue
- Trois actes de durée sensiblement égale
- Un épilogue
- Une présentation des acteurs
(« cast »)
Dans une forme condensée, ce rapport se présente
comme suit :
Situation
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Film
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Roman
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Commentaire
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Le générique
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3 min
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8 pages
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Le générique dans le roman correspond aux
premières pages où nous avons des informations concernant le
titre, l'auteur, la maison d'édition, l'ISBN, le
« copyright » et la dédicace.
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Le prologue
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1 min
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8 pages
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Cette partie dans le film correspond à la voix off qui
donne le ton du film et, dans le roman, c'est la description de la vie courante
à la Rue Cases.
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Acte I : La vie à la Rue Cases
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30 min
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64 pages
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Dans le film, cette partie s'étend jusqu'à la
voix off qui annonce le départ de José pour l'école. Dans
le roman, c'est le blanc entre la première et la deuxième partie
qui en marque les limites.
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Acte II : la vie à l'école primaire (Cour
Fusil et Petit-Bourg)
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34 min
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82 pages
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Dans le film, une voix off annonce la disparition de
Léopold, signant ainsi la fin de la deuxième partie. Dans le
roman, la deuxième partie va jusqu'à l'annonce des
résultats du concours des bourses.
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Acte III : la vie à Fort-de-France.
-lycée Schoelcher
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31 min
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70 pages
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Dans le film, cette partie commence avec la préparation
du concours de bourses et se termine avec la mort de M'man Tine. Dans le roman,
elle est dominée par la figure de M'man Délia, la grande absente
du film.
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L'épilogue
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1 min
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1 page
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Dans le film, c'est la voix off qui clôture le film,
tandis que dans le roman, c'est le dernier paragraphe mais surtout, la
dernière phrase du roman : « c'est aux aveugles et
à ceux qui se bouchent les oreilles qu'il me faudrait la
crier » (l'histoire de la domination des nègres antillais par
le Blanc).
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Le « Cast »
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2 min
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0
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Cette partie n'existe pas dans le roman
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Comme nous pouvons le remarquer àtravers ce tableau, le
film essaie de calquer son rythme à celui du roman.
3.2 L'espace
Envisagé jusqu'ici, comme le milieu à la fois
physique et sémantique dans lequel évoluent les personnages,
l'espace est, par contre, présent dans La rue
Cases-Nègres d'une autre manière : en tant que force
agissante du récit. Le cadre de vie et la société qui
dominent le récit changent à deux reprises. Commencé
à la rue Cases où le décor est dominé par les
champs de cannes, l'espace diégétique du récit
évolue vers Petit-Bourg où l'école est
l'élément central, pour enfin déboucher à
Fort-de-France afin de nous faire découvrir les méandres de la
vie citadine. La fonctionnalité narrative de l'espace dans La rue
Cases-Nègres repose donc sur cette hiérarchie topographique
qu'il convient d'examiner ici. Nous verrons, en même temps, le travail
effectué du roman au film, pour « rendre
cinématographiquement » l'espace de Zobel.
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