I. INTRODUCTION
La détection et la quantification des
xénobiotiques à l'état des traces à partir des
matrices biologiques constituent un défi auquel sont confrontés
de nombreux analystes. Les domaines d'application de ce type d'investigation
sont diverses, et vont des analyses toxicologiques aux tests antidopage en
passant par les expertises judiciaires, etc.
Plusieurs marqueurs biologiques ont été
proposés comme outils permettant d'effectuer un travail de suivi et de
contrôle du tabagisme.
De rares travaux ont utilisé des marqueurs qui
permettaient essentiellement de distinguer les fumeurs des non fumeurs, comme
le dosage des thiocyanates dans les urines, la mesure du monoxyde de carbone
dans l'air expiré (66), ou encore le dosage de la
carboxyhémoglobine dans le sang. Cependant, ces marqueurs
n'étaient pas réellement spécifiques à la
consommation de tabac, ce qui explique la faible validité des
résultats obtenus (45). Optant pour des marqueurs de plus grande
spécificité, la majorité des travaux ont axé leurs
recherche sur le dosage simultané de la nicotine ou de son
métabolite principal la cotinine (63,65) dans plusieurs matrices
biologiques, telles que l'urine (63,65,66), le sang (66,67), les cheveux ou la
salive (66).
Les enquêtes menées n'ont cependant pas permis
d'établir une relation quantitative de cause à effet en raison
des difficultés à mesurer de façon précise le
degré réel de l'absorption tabagique à partir des
renseignements obtenus par questionnaire. Aussi, pour tenter de valider
l'hypothèse selon laquelle les manifestations cliniques s'observent de
préférence chez les sujets les plus exposés, nous avons
cherché à savoir si le niveau d'exposition pouvait être
quantifié par dosage d'un marqueur biochimique spécifique du
tabac, la cotinine urinaire.
Les urines représentent, en effet, le milieu biologique
actuellement le plus utilisé dans la littérature (68), leur
recueil, modérément contraignant, étant bien
accepté.
Pour mener à bien cette étude, et en se basant
sur les résultats bibliographiques, nous nous sommes choisi de doser la
cotinine et non pas la nicotine parce que ce paramètre est davantage
représentatif d'une intoxication tabagique en raison de sa demi vie plus
longue (19 heures contre 2 heures pour la nicotine). Par ailleurs, son
excrétion est, contrairement à celle de la nicotine,
indépendante de la valeur du pH urinaire. Grâce à sa
spécificité et stabilité relatives, le suivi de la
concentration de la cotinine dans les différents supports biologiques
(urines, sang, salive, cheveux,....) peut être d'une grande
utilité pour mener à bien tout travail d'investigation concernant
l'étude du phénomène de tabagisme (passif ou actif), ainsi
que tous les problèmes qui lui sont liés tels que la
dépendance, les programmes de sevrage, l'étude de
l'efficacité des traitements de substitutions, etc. Nombreuses sont les
études qui ont utilisés ces molécules comme bio marqueurs
du tabagisme (66).
L'objectif principal de ce travail est de chercher si le
niveau d'exposition pourrait être quantifié par le dosage d'un
marqueur biochimique spécifique du tabac: la cotinine urinaire et de
mettre en évidence la relation entre la consommation du tabac et les
concentrations urinaires en cotinine afin d'estimer la valeur discriminative de
la cotininurie entre les fumeurs, les fumeurs passifs, ainsi que les non
fumeurs, et de corréler la cotinine urinaire à certains autres
paramètres notamment le nombre de cigarettes consommés/j et
l'ancienneté d'exposition. L'objectif secondaire est de décrire
les discordances (faux négatifs et faux positifs) entre le dosage de la
cotinine et les données de l'interrogatoire.
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