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La biosecurite dans le protocole de cartagena


par Alassani KOUNTE
Universités de Lome, Maastricht, Liege, Abomey Calavi - DEA 2001
  

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CHAPITRE 2 :

LA RECHERCHE D'UNE PROTECTION PLUS EFFICACE DE LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

Dans le préambule du protocole, les Parties réaffirment le principe de précaution comme fondement de leur démarche (section 1).Il souligne que les accords sur le commerce et l'environnement devraient se soutenir mutuellement en vue de l'avènement d'un développement durable. Il s'impose donc une nécessité d'une protection durable de la diversité biologique (section 2)

SECTION 1 : UNE PROTECTION FONDEE SUR LE PRINCIPE DE PRECAUTION

Pour promouvoir la prévention des risques biotechnologiques, le protocole s'appuie sur un concept fondamental : l'approche de précaution consacrée par le principe 15 de la Déclaration de Rio de 1992 sur l'environnement et le développement, qui stipule que : « en cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement »

Le domaine du principe de précaution est celui de l'incertitude. Nous verrons ici que la biotechnologie est un domaine en proie aux incertitudes scientifiques (paragraphe 1) et qu'il s'avère donc nécessaire de réduire toutes les menaces potentielles à la diversité biologique (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La biotechnologie : un domaine en proie aux incertitudes scientifiques

Ceci s'explique par l'absence de certitude scientifique absolue (A) et une incertitude scientifique dans la préservation de la diversité biologique (B)

A- L'absence de certitude scientifique absolue

Dans le domaine de la biotechnologie moderne, il existe une absence de certitude absolue. L'affaire Pusztai citée par Corinne Lepage18 ``in La politique de précaution'', illustre notre propos.

En 1998, le docteur Arpad Pusztai s'exprime à la télévision anglaise dans ces termes : « Il est injuste de faire tenir à nos compatriotes le rôle de cobaye. » Ce chercheur du Rewett Research Institute d'Aberdeen a mis en lumière les effets pervers que provoque chez les souris l'alimentation par des pommes de terre transgéniques.

18. Corinne LEPAGE, François GUERY, la politique de précaution, PUF, p.53 et s

Nourries durant cent dix jours, avec ces pommes de terre transgéniques, les souris subissent des modifications de leurs défenses immunitaires (pertes de la moitié des lymphocytes) et des perturbations au niveau de leur cerveau. Après son interview, le docteur Pusztai est limogé par l'Institut Rewett pour manque de sérieux, voire malhonnêteté. Six mois plus tard, une centaine de chercheurs lance une pétition internationale pour soutenir Pusztai en indiquant qu'ils ont procédé aux mêmes recherches que lui et ont observé les mêmes modifications.

A ce jour on ignore si Pusztai a tort ou a raison. Ce qui est certain c'est qu'il était assez facile à un certain nombre d'organismes de chercheurs publics de procéder aux mêmes expériences et de démontrer qu'il avait tort. Or cela n'a pas été fait. Peut-être précisément parce que Pusztai n'avait pas tort. A ce jour en tout cas, on ne le sait pas.

La question reste donc ouverte des effets des OGM sur les espèces animales. Est-ce que les OGM entraînent des mutations génétiques ou des effets négatifs sur les espèces animales ?

En effets, au sujet des OGM, si l'absence d'innocuité ne peut pas, en tant que telle être prouvée, toutes les recherches doivent être engagées pour tenter de démontrer si le produit est nocif. Or, précisément, les conditions actuelles de mise sur le marché des OGM vont directement en sens contraire puisque les études qui pourraient prouver la nocivité ne sont pas entreprises. D'autre part dans les faits, l'existence de pollutions génétiques apparaît progressivement.

A cela s'ajoutent l'absence de capacités propres de recherche, et le risque de destruction d'un des éléments essentiels de la sécurité alimentaire, à savoir la biodiversité19.

B- L'incertitude scientifique dans la préservation de la biodiversité

La convention sur la diversité biologique indique la nécessité de prévenir les causes de réduction de la biodiversité. Dès l'alinéa premier de son préambule, elle affirme « la valeur intrinsèque de la diversité biologique » définie comme « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celles des écosystèmes »20, ces derniers étant des complexes dynamiques formés de communautés de plantes, d'animaux et de leur environnement non-vivant qui, par leur interaction forment une unité fonctionnelle » (article 2).

Conformément à l'orientation donnée dès 1982 par la Charte mondiale de la nature (résolution 37/7 de l'Assemblée Générale), il ne s'agit plus seulement de protéger des espèces menacées de disparition, mais d'assurer que « la viabilité génétique de la terre ne sera pas compromise » (principe 2).

19. Ouvrage précité page 44

20. NGUYEN Quock Dinh, Droit International Public, 6e édition page 1277-1278

Le terme de biodiversité (diversité biologique) est un néologisme apparut au début des années 1980 au sein de l'Alliance Mondiale pour la Nature (UICN). Il a fallu toutefois attendre la conférence de Rio sur l'environnement et le développement, organisée par les Nations Unies en 1992, pour que ce terme soit largement vulgarisé. Il désigne tout simplement « la variété des espèces vivantes qui peuplent la biosphère ». La biosphère peut se définir de la façon la plus simple comme « la région de la planète dans laquelle la vie est possible en permanence et qui renferme l'ensemble des êtres vivants »21

Définie par le Professeur Michel PRIEUR22 comme « la diversité des écosystèmes et des ensembles vivants », la diversité biologique est essentielle pour la survie de l'humanité. Elle permet le renouvellement harmonieux des ressources animales et végétales indispensables à la vie.

Raison pour laquelle l'absence de certitude scientifique doit être envisagée non seulement par rapport à la menace d'extinction pesant sur les espèces sauvages de la faune et de la flore, mais aussi sur les données biologiques des espèces elles mêmes23.

Au niveau de la population, la biodiversité s'évaluera par la mesure de la diversité génétique.

L'incertitude est alors appréciée par rapport à leur capacité de survie ou de reproduction face à la transformation de leur milieu naturel. C'est le cas dans l'affaire Leatch24 où le juge Australien a estimé que l'annulation de l'autorisation de construction d'une route, en raison de ses conséquences néfastes sur 2 espèces sauvages australiens rares, était tout à fait légal. Le juge Stein, pour fonder sa décision, invoque l'incertitude scientifique portant sur « la viabilité à long terme de la faune locale menacée » et « l'ignorance concernant la nature ou l'étendue de ses effets néfastes ».

Certaines études chez les animaux révèlent qu'un transgène introduit dans une population de poissons par le biais de quelques individus pourrait se diffuser à toute la population et éradiquer en quelques générations la population non transgénique. Les OGM pourraient donc entraîner de ce fait un appauvrissement de la biodiversité

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway