les Contraintes des entreprises agroalimentaires
Les contraintes auxquelles sont confrontées les
entreprises agroalimentaires en Afrique de l'Ouest sont variées et
parfois propres à chaque filière. On peut cependant les situer
à différents niveaux :
- En amont il y a des contraintes d'approvisionnement en
matières premières ;
- Des contraintes politico-économiques liées au
contexte et ressources ;
- Des contraintes de fonctionnement d'ordre technologique ;
- Et enfin des contraintes de commercialisation.
De façon générale, cette filière
souffre de l'absence, dans la plupart des pays, de véritables politiques
gouvernementales garantissant des conditions durables au développement
des entreprises. Il n'existe pas non plus de véritable organisation
professionnelle, susceptible de combler le manque de politique, par la mise en
oeuvre d'un système de contrôle des pratiques et des
qualités des produits transformés (2).
Contraintes d'approvisionnement
Les industries agroalimentaires en Afrique de l'ouest
souffrent d'un manque de régularité dans l'approvisionnement du
marché en matières premières. Par exemple, les tonnages
des produits agricoles sont fonction des aléas climatiques, et ces
fluctuations ne sont pas compensées par des mécanismes
d'ajustement assurant un accès permanent à des sources
d'approvisionnement alternatives. Ce manque de culture d'entreprise des acteurs
de la filière est parfois à l'origine de relations conflictuelles
entre les fournisseurs de matières premières et les
transformateurs. L'offre en matières premières peut
également être d'une qualité insuffisante. C'est le cas des
laits collectés en milieu rural au Burkina, dont la qualité
microbiologique n'autorise pas des productions de haute qualité
(13).
Contraintes politico-économiques
L'environnement juridique et réglementaire est soit
tatillon à l'excès, soit absent. Dans le premier cas, on observe
une réticence des entrepreneurs à entrer dans le secteur formel,
dans le second les entreprises sont exposées à la concurrence
déloyale des unités ne fournissant pas les efforts
nécessaires pour la mise sur le marché de produits salubres et de
bonne facture nutritionnelle (2,13).
L'environnement bancaire avec des taux d'intérêt
prohibitifs (supérieurs à 17% au Burkina) est peu favorable
à l'émergence des entreprises agroalimentaires. L'accès au
crédit à court et moyen termes pour financer les investissements
d'extension et de modernisation des unités est difficile, voire
impossible pour les unités artisanales. Si on ajoute à l'absence
de financement, les coûts énergétiques de production
élevés renchéris par la fiscalité locale, on peut
expliquer la réticence des entrepreneurs à entrer dans le secteur
formel.
Enfin, la faiblesse du pouvoir d'achat de la plupart des
consommateurs, limite la production d'aliments à forte valeur
ajoutée, qui incorporent des services que les ménagères
acceptent encore de prendre en charge au niveau ménager (1).
Cela constitue une limite objective à l'expansion des unités
productrices d'aliments locaux améliorés.
Contraintes technologiques
Le fonctionnement des entreprises rencontre des
difficultés souvent liées à l'insuffisance des
connaissances technologiques des entrepreneurs, au faible niveau de formation
du personnel et à la maintenance inadaptée des équipements
(1,2). La non-maîtrise des processus de stockage des
matières premières et des produits contribue à
l'abaissement de la qualité des productions.
Ce manque de professionnalisme caractérise surtout les
unités artisanales, qui appliquent des procédés empiriques
de transformation, ce qui conduit à des produits non homogènes et
de qualité hygiénique discutable.
A l'inverse l'apport de technologies modernes
inappropriées au dimensionnement encore modeste des marchés
pourrait également être une contrainte.
La mise au point d'un conditionnement est un problème
crucial pour la plupart des entreprises agroalimentaires de petites tailles qui
se tournent vers les sachets plastiques (polyéthylène). Faute de
formation, d'appui et de moyens, les emballages des produits présentent
de nombreuses insuffisances parmi lesquels on peut citer (15) :
- des défauts d'étiquetage (informations
insuffisantes ou erronées, peu lisibles),
- défauts de présentation (découpes ou
soudures inesthétiques, aspect peu engageant, poids
irréguliers);
- des problèmes de conservation (films
inadaptés, conditionnement de produits non stabilisés, mauvaises
conditions d'entreposage);
- une incidence excessive sur le prix de revient du
produit.
Ces insuffisances peuvent réduire les chances de
succès des produits mal conditionnés. De tels produits sont peu
concurrentiels par rapport aux produits importés vendus plus chers mais
de bonne présentation, ou aux produits locaux vendus moins chers sous
leur forme traditionnelle (15).
En plus des limites techniques de ces sachets de
polyéthylène dans la conservation des qualités, ces
substances non biodégradables posent un sérieux problème
environnemental.
La mise en oeuvre de technologies appropriées par le
secteur agroalimentaire dans les pays d'Afrique de l'Ouest nécessite une
forte implication des Etats. L'absence de contrôle sanitaire des services
étatiques sur les produits mis sur le marché est une contrainte
qui, si on n'y pend garde, risque de décrédibiliser la production
locale au profit des importations de produits élaborés
(1,2).
Contraintes commerciales
La contrainte commerciale majeure des entreprises
agro-alimentaire est la mévente des produits. Elle peut être
liée l'absence d'une véritable étude des marchés
avant la mise en place de l'unité. Les marchés potentiels peuvent
alors être surestimés et la commercialisation décevante
lorsque la production n'est pas ajustée à la demande effective
(1,13).
Une sous-estimation des coûts de production et des
seuils de rentabilité conduit à l'impossibilité de
produire à un coût suffisamment bas pour pénétrer le
marché, et faire face à la concurrence des produits analogues,
transformés localement importés. Une mévente des produits
peut également être liée à la non satisfaction des
attentes des consommateurs (1,13).
La mauvaise gestion des aides financières
(apportées généralement par les ONG) peut être
considérée une contrainte commerciale. Par soucis de
résultats, les producteurs bénéficiant de ces appuis
pratiquent une concurrence déloyale en vendant leurs produits à
des prix non conformes aux charges de production. Au terme des projets, les
unités mises en place sont très souvent incapables de se
maintenir sur le marché (1,13).
Enfin, on peut évoquer l'absence d'une culture
d'excellence (basés des licences de fabrication de produits modernes et
de contrats de fourniture de produits finis ou semi-finis) qui freine le
développement de partenariats commerciaux avec les pays du Nord,
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