PERSPECTIVES DE développement des entreprises
agro-alimentaires en afrique de l'Ouest
Le développement des entreprises agroalimentaires en
Afrique de l'Ouest nécessite que les contraintes évoquées
ci-dessus, à défaut d'être levées soient assouplies.
Au niveau des pouvoirs publics, il apparaît
nécessaire de définir une politique de développement des
petites industries, fixant notamment leur cadre juridique et
réglementaire. Dans la définition de cette politique, les
législateurs devront cependant avoir le souci de protéger
à la fois les entrepreneurs et les consommateurs. Cela passe par
l'adoption de normes alimentaires adaptées au contexte et aux produits,
et par la définition et la mise en oeuvre de moyens réalistes
pour les faire respecter (1,2).
Le secteur bancaire devrait consentir un assouplissement des
conditions d'octroi de crédits aussi bien aux fournisseurs de
matières premières qu'aux transformateurs. Cela implique une
réelle professionnalisation des petites et micro entreprises
agroalimentaires, qui passera forcement par la formation.
Pour assurer une formation adéquate des intervenants
dans l'agroalimentaire, le développement de pôles de formation et
de recherche appliquée à un niveau national ou régional
semble être la bonne, voire l'unique alternative. De tels pôles
existent au Bénin (Cerna), Burkina (CRSBAN), Cameroun (ENSAI), Ghana
(FRI) et Nigeria (FIIR) et sont susceptibles d'apporter un appui
nécessaire aux entreprises de la sous région (1,2).
Une synergie d'action entre ces pôles et les
entreprises, devrait permettre la mise sur le marché de produits
à haute valeur nutritionnelle et de bonne qualité
sanitaire ; susceptibles de contribuer à résoudre des
problèmes nutritionnels de santé publique.
Etudiant du CRSBAN analysant un échantillon de
mangue séchée d'une PIA
Il serait cependant nécessaire que les services
étatiques concernés jouent leur partition en sensibilisant les
consommateurs sur la gravité et les conséquences des
problèmes nutritionnelles ; et les possibilités de les
résoudre par les aliments.
Etudiant du CRSBAN mesurant la viscosité d'une
bouillie de céréale (formulation de bouillies infantiles)
Les scientifiques travaillant dans le domaine des sciences des aliments et de la consommation
doivent s'investir dans la formation des intervenants de l'agroalimentaire, et
la recherche appliquée (utilitaire).
Ils devraient ainsi définir des cursus de formation
professionnelle pour les entrepreneurs afin de leur transmettre (dans un
langage adapté) les notions de base nécessaires à leur
activité. Ces notions incluent la technologie, la nutrition, la gestion
et le marketing (1,2).
Les scientifiques devraient s'engager plus dans la recherche
appliquée en nutrition et technologie alimentaire, pour :
- faire le point et compléter les connaissances sur la
nature et les effets des procédés traditionnels de transformation
des aliments et sur les aspirations des consommateurs ;
- optimiser ou mettre au point des procédés
nouveaux de transformation et des techniques de marketing adaptées ;
- élaborer et évaluer les modalités de
transfert, au niveau des entreprises, de ces procédés nouveaux ou
améliorés.
Cela nécessite un réel rapprochement entre
universités/institutions de recherche et entreprises. Un facteur
efficace de rapprochement qui a fait ses preuves, est la mise en stage des
étudiants dans les entreprises. Cela met à la disposition des
entreprises une expertise gratuite, et permet un enrichissement des programmes
de recherche des universités et institutions de recherche. Cette
recherche qui se veut utilitaire, doit être définie en
étroite collaboration par les scientifiques et les utilisateurs
(1,2).
Enfin, à un niveau international, des actions doivent
être mises en oeuvre pour aider les différents intervenants
à remplir leur rôle. Les systèmes de capitalisation et de
diffusion des connaissances, tels que le réseau TPA (Technologie et
partenariat en agroalimentaire) ou le programme régional de promotion
des céréales locales au Sahel (Procelos), doivent être
renforcés. Par ailleurs, il est souhaitable que soient
développés des échanges d'expérience entre
différentes régions d'Afrique, mais aussi entre différents
continents, en particulier Afrique et Amérique latine en ce qui concerne
la transformation d'aliments de base comme le maïs et le manioc
(1,2).
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