2.2.3 La répartition du budget : les
priorités
D'après la loi de finance pour l'année 2005, on
peut faire un schéma de
la répartition des fonds : comment est répartie
(voir figure 2) la redevance
entre les différents organismes de l'audiovisuel public ?
Figure 2
Les plus grandes parts sont accordées respectivement dans
l'ordre
décroissant à France 3, France 2, et Radio France,
puis à Arte, RFO et France 5.
Les plus maigres financements sont quant à eux
distribués à l'Institut National
de l'Audiovisuel (INA), RFI (Radio France International), le
reste étant consacré
aux frais de gestion. Nous pouvons expliquer cette forte
dépense pour France 3
dans le fait que la chaîne ait des rédactions
locales dans toute la France, à
gérer non seulement techniquement mais également
aux niveaux ressources
humaines, communication, ... et tous les frais que cela engage.
Il est par
conséquent normal qu'une chaîne qui ait a priori des
programmations moins
coûteuses à première vue que celle de sa
soeur France 2 (car le divertissement
semble au départ engager des frais plus important que
l'information de
proximité)ait au final des dépenses plus
conséquentes. Il faut pouvoir entretenir
le réseau France 3 afin que la chaîne reste la plus
proche des français18.
En effet, selon la présentation des comptes de France
Télévisions en
2001, France 3 arrive première dans la catégorie
« ... est une chaîne qui est
proche de vous », avec 76% des réponses positives.
Une grande part du
budget de la redevance va donc aux deux chaînes ayant le
plus de succès
dans l'audiovisuel public : France 2 et France 3. On peut en
revanche être
surpris que France 5 n'arrive qu'en sixième place, et
derrière Arte qui plus est.
Nous pouvons expliquer cela par le fait que la cinquième
chaîne ne diffuse que
jusqu'à 19h, et qu'Arte, chaîne alliant la France et
l'Allemagne, ait son
importance dans les relations internationales du petit
écran. Cependant, ces
explications ne restent que des hypothèses. Après
France 3, c'est France 2 qui
occupe une belle part du budget. France 2 est en fait la
chaîne sur laquelle
France Télévisions base tous ses espoirs et projets
pour tenter de combattre la
concurrence de TF1. Avec ses programmes d'information et de
divertissements
les plus variés possibles, France 2 est clairement LA
concurrente de la chaîne
privée. Rémi Festa ne le cache d'ailleurs pas :
« nous comptons sur France 2
pour mener la vie dure à TF1 », c'est le combat le
plus visible, le plus affiché
entre télévision publique et
télévision privée... que ce soit au niveau des
divertissements ou films en prime time, qu'au niveau de
l'information nationale,
dans le journal de 13h et celui de 20h. Nous pouvons donc en
conclure que la
répartition de la redevance n'est pas anodine. Bien
sûr les parts sont réparties
en fonction des besoins de chaque organisme : France 3 a
davantage de
dépenses que l'INA... mais cette répartition se
fait aussi à travers les
investissements que l'audiovisuel public français
espère réaliser, ce qui est
après tout assez logique.
En conclusion de cette seconde partie, nous pouvons dire que si
leur
appartenance au service public apporte des contraintes aussi bien
budgétaires que morale aux chaînes de France
Télévisions, il y a aussi des
avantages à avoir une popularité, certes plus
confuse, mais plus présente dans
18 Baromètre qualitatif 2001, IFOP - France
Télévisions, in Résultats financiers du groupe France
Télévisions en 2001, 11 avril 2002,
présentation interne.
la population française. Nous pouvons aussi mettre en
avant le fait que le
terme « service public » (dans le domaine audiovisuel
précisé) procure de
bonnes « impressions » chez le quidam.
Néanmoins, les images et valeurs qui
viennent spontanément à l'esprit des
téléspectateurs restent peu précises,
floues. Des idées claires n'apparaissent pas comme elles
le devraient, en
association, avec l'expression « France
Télévisions » ou « Service public
audiovisuel ». Aussi, afin que le concept de service public
devienne une idée
valorisante ou s'affirme véritablement dans sa force
positive, nous pouvons
conseiller une redéfinition de ce concept. Et, afin
qu'elle ait des résultats
concrets, mettre en place, en plus de la stratégie
actuelle, des actions de
communication afin que chacun prenne la mesure de l'engagement
des
chaînes de service public envers la société.
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