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La chose contrefaite

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par Nicolas Monteil
Université Paris I Panthéon - Sorbonne - Master 2 Droit Patrimonial approfondi 2010
  

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Conclusion §1.

55.- La chose contrefaite ne peut faire l'objet d'une évaluation pécuniaire en raison de son interdiction dans la sphère marchande. Elle est en principe inévaluable. Étant donné qu'elle ne peut faire l'objet d'un échange sur un marché licite, le droit ne peut lui reconnaître aucune valeur. Certes, une approche économique tendrait vers la reconnaissance d' une valeur à la chose contrefaite. Celle-ci fait l'objet d'une demande à moindre prix sur un marché illégal, mais l'analyse juridique (extracommercialité et extra-patrimonialité) s'y oppose.

Le législateur, à travers la loi du 29 octobre 2007 a supprimé une anomalie législative qui consistait en une prise en compte de la valeur des marchandises contrefaisantes remises à la victime dans le calcul de ses dommages et intérêts.

En réalité, si sur le plan pécuniaire la chose contrefaite ne peut se voir attribuer aucune valeur, sur un tout autre plan une évaluation chiffrée est indispensable. La chose contrefaite fait l'objet d'une évaluation indemnitaire délicate.

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§2 L'évaluation indemnitaire de la chose contrefaite

56.- Une évaluation indirecte de la chose contrefaite- Il est souvent fait état dans la presse de marchandises contrefaites saisies. Les douanes, se prononcent alors sur une estimation de leur valeur104. Or cette évaluation ne procède que par référence à la valeur de la chose authentique dans la sphère marchande. Cette évaluation ne peut être qu'une estimation approximative, car nul ne sait le plus souvent à quel prix les marchandises contrefaisantes auraient été écoulées sur le marché. La chose contrefaite n'est évaluée que dans le cadre du préjudice économique qu'elle cause au titulaire de droit de propriété intellectuelle. Ce préjudice est délicat à estimer. Les dommages et intérêts alloués à la victime sont aléatoires et il est difficile de percevoir ce qui justifie des différences de montant.

A. L'évaluation approximative du préjudice économique des titulaires de droit

55.- Difficultés à estimer le préjudice des titulaires de droit105- Le préjudice réellement subi par la victime de contrefaçon est difficile à estimer. La totalité des pertes subies par le titulaire des droits, n'est peut être pas totalement imputable au contrefacteur. Pour évaluer ce préjudice, il est fait appel aux principes généraux du droit à réparation (cf. le principe indemnitaire: tout le préjudice, rien que le préjudice). Les dommages et intérêts ont pour mesure le préjudice sans que la situation financière de l'auteur de la contrefaçon n'entre en considération. Traditionnellement le montant des dommages et intérêts est fonction de la perte subie et du gain manqué.

Le gain manqué correspond aux produits que le titulaire de la marque n'a pas vendu en raison de l'existence de la contrefaçon. Il est difficile à chiffrer. L'existence de la contrefaçon peut avoir détourné les acheteurs du produit original soit parce que certains consommateurs n'ont pas acheté le produit original trop vulgarisé selon eux par la présence de contrefaçons multiples, soit parce que des consommateurs peu regardants ont préféré acheté un même bien contrefait à moindre coût106.

Les pertes subies correspondent en premier lieu aux marchés perdus du fait de la contrefaçon. Par exemple, l'existence de la contrefaçon peut avoir détourné des annonceurs, ou d'éventuels licenciés, fait échouer une opération de cession, ou empêché une

104. V. notamment Bilan 2007 de l'action de la douane La Semaine Juridique Entreprise et Affaires n° 16, 17 Avril 2008, act. 209

105. DURRANDE (S.) Recueil Dalloz 2009 p. 691 Droit des marques juin 2007-septembre 2008

106. Si l'on prend l'exemple de la contrefaçon d'une grande marque de luxe : tous ceux qui ont acheté un costume Cerruti contrefait à 270 € n'auraient certainement pas acquis l'original à 1 200 € (TGI Paris, 11 janv 2008, PIBD 2008. III. 230).

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diversification projetée par le titulaire de la marque. Il se peut aussi que le contrefacteur en raison de ses capacités de production, qui sont parfois supérieures à celles du titulaire de la marque, se soit implanté sur des marchés que ce dernier aurait pu conquérir. Par exemple, en pratiquant des prix inférieurs, il est devenu fournisseur de l'Administration.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote