Conclusion
Ce travail nous a permis d'aborder différentes
réflexions théoriques, tech-
niques et expérimentales à propos de la
surdité dans le milieu touristique et plus pré-
cisément dans l'hôtellerie. L'objectif de ce travail
était d'analyser la question du sé-
jour de la clientèle sourde dans les hôtels.
En d'autres termes, ce travail visait à donner corps
à l'idée d'un facilitateur
numérique qui offre une accessibilité aux sourds
dans le milieu de l'hôtelier. Un outil
digital de la famille des NTIC qui se positionne convenablement
là où la surdité est
perçue comme un handicap pour les entendants.
C'est-à-dire la communication et la
transmission des messages.
Dans un premier temps et à partir d'une mise en contexte,
développée en pre-
mière partie du mémoire, nous avons pu
révéler la place des sourds et de la surdité
dans son ensemble au sein de la société. Ensuite,
nous avons analysé le concept de la
surdité dans ses approches culturelle, touristique et
hôtelière.
D'un point de vue sociale, nous avons constaté que la
surdité jugée à partir
d'une échelle purement médicale est
considérée comme un déficit à réparer. La
com-
munauté sourde, considérée donc comme
invalide, est victime des visions et des per-
ceptions injustes, parfois discriminatoires alors qu'elle est
porteuse d'une langue et
d'une culture à part entière.
Dans les milieux touristiques nous avons vu que les droits
à l'accessibilité
conduisent la société depuis 2005 vers une
ouverture à la diversité. Mais ceux-ci,
utilisent dans leur vocabulaire les termes biologiques tels que
« déficit auditif » ou
« invalide » qui ne facilitent pas une
accélération de la maturité sociale pouvant con-
duire à une métamorphose de la vision
déficitaire. Il est donc normal de constater que
dans les structures hôtelières, prises comme un
échantillon des terrains sociaux, une
insistance sur le côté déficitaire ou
réparable de la surdité par la diffusion du symbole
de l'oreille barré au lieu du pictogramme des mains
(représentatif de la langue des
sourds) soit observée. Il en est de même pour les
établissements qui ont mis en place
des boucles magnétiques utilisés uniquement par les
oreilles « réparées » à l'aide
d'une prothèse.
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Dans l'asphère culturelle, nous avons pu constater que les
hôteliers, considé-
rant les sourds comme une minorité avec une faible
fréquentation, ne réservent pas
une place légitime pour la langue et la culture des
sourds. Par conséquence ils privi-
légient l'écriture comme moyen de communication
avec les sourds. Solution qui ne
les expose à aucun investissement financier en la
matière d'accessibilité. Cette solu-
tion ne déplaît pas aux sourds lorsque la LSF n'a
pas encore trouvé légitimement sa
place mais reste primitif.
Dans un deuxième temps, nous avons remarqué que
pour communiquer, lors
d'une rencontre entre les clients sourds et les entendants
à l'hôtel, les nouvelles tech-
nologies de communication peuvent jouer un rôle important.
Car dans un cas ordi-
naire les éléments qui constituent l'échange
sont : le déplacement physique constant,
l'oralisation labiale des sourds, et l'écriture qui se
fait par les deux intervenants pour
se dépanner et assouvir un besoin.
Un outil digital et fonctionnel forme alors une nouvelle
façon de « se parler »
et facilite l'échange pour notamment celui qui est victime
de sur effort, c'est-à-dire
la personne sourde. Cette méthode pour la famille
modernisée du tourisme compense
les lacunes existant en termes d'accessibilité et de
service équitable tels que la trans-
mission complète d'information, ou
légitimité de la LSF comme une langue à prati-
quée par les personnels.
Il reste à ce jour encore du chemin à parcourir
pour faire disparaître les clichés
autour de la surdité.
Nous devons nous rappeler que l'égalité des droits
et des chances pour les
personnes sourdes dans leur activité touristique, se
traduit par la nécessité d'une auto-
nomie complète. Ceci est possible en rapprochant les
offres touristiques aux besoins
réels des sourds. Cela dit que la communauté
sourde, par leurs besoins particuliers,
incitent les acteurs professionnels à optimiser leurs
services touristiques en accordant
de l'attention aux idées innovantes qui alimentent un
développement constant et du-
rable de leur activité. La marque nationale «
Tourisme et Handicap » joue le rôle d'un
outil qui aide à la mise en place de la loi 2005 en
milieu touristique. Cependant, afin
de garantir une vraie qualité de service touristique pour
le public sourd, il est impor-
tant de vérifier si cette marque reflète
efficacement l'accessibilité d'un site, ou en-
core, si l'acquisition de la marque T&H et le pictogramme de
la surdité est l'indice
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que la structure touristique qui le porte est en capacité
d'offrir des services adéquats
aux attentes des sourds.
La communauté sourde souhaite faire connaître sa
culture et sa langue. Elle
n'apprécie guère le symbole qui insiste sur leur
déficit. Elle préfère donc, le symbole
des deux mains qui illustre leur culture et leur langue
gestuelle. Cependant le label
« Tourisme et Handicap » étant un outil
essentiel pour changer la vision déficitaire
de la société, ne répond pas favorablement
à cette attente et utilise le pictogramme
de l'oreille barré comme symbole de la surdité tout
comme le vocabulaire utilisé pour
désigner la communauté sourde. Des termes tels que
le « déficient auditif » ou « han-
dicapé auditif » n'aide pas la démocratisation
rapide de l'accessibilité au sein de la
société touristique.
Pour la majorité des structures porter le pictogramme du
handicap moteur de
la marque T&H est récurrent. Mais ceci n'est pas le
cas pour les sourds ou les
aveugles. Selon nos recherches effectuées dans le cadre
des ateliers du master 2
TDDT17 les structures touristiques étaient
moins enclins à s'intéresser à tout inves-
tissement pouvant améliorer le séjour des personnes
sourdes si celui-ci n'est pas im-
posé par la législation. Ceci alors même que
cet investissement à destination des per-
sonnes sourdes ne semble pas extrêmement coûteux
comparé à leurs autres dépenses
annexes. Par conséquence il semble que la sensibilisation
à l'accessibilité de chaque
communauté telle que la communauté sourde et
l'utilisation de la marque nationale
pour cette dernière s'arrête aux obligations
légales.
Pour conclure, compte tenu de ce qui a été
abordé, il semble que le dévelop-
pement d'accessibilité touristique pour les sourds soit
lié au changement du triangle :
l'appellation, le symbole et les droits. La problématique
triangle de l'accessibilité des
sourds en tourisme et l'hôtellerie entant que fondement du
changement de la vision
sociale envers la surdité pourrait commencer avant tout
par la naissance d'une « néo-
appellation » qui remplace le mot « handicapé
» biologique dans les textes publics.
17 « OEnotourisme et Accessibilité : Choisir les
cibles touristiques prioritaires pour créer une destination consommable
», Projet d'atelier de Master 2 TDDT, Université Paul Valéry
Montpellier 3, Février 2020.
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