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Révolutionner le séjour des sourds dans les hôtels avec l'outil numérique de communication interne dématérialisée (ONCID)


par Fatemeh Sadat LAVASSANI
Université Paul Valéry Montpellier 3 - Master Tourisme et Développement Durable des Territoires 2020
  

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PARTIE I :

Sourds, accessibilité touristique, communication

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1. Les sourds dans la société

De nos jours, la surdité est une appellation globalement adoptée pour toute

perte d'audition (Faveur, 2014). Néanmoins, on dissocie une surdité légère, notam-

ment d'une seule oreille, d'une surdité profonde qui touchent les deux oreilles. Celle-

ci a comme conséquence une limite d'accès à l'information (Repessé, 2011). La sur-

dité totale, quant à elle, peut paralyser l'ensemble des échanges de la vie quotidienne

chez l'individu.

Ce défaut d'échanges répandu entre les personnes sourdes et les personnes

entendantes peut s'étendre aux activités sociales de l'individu et provoquer une limi-

tation de la réalisation des pratiques culturelles et par conséquence touristiques.

Les croyances normatives de notre société vis-à-vis de la surdité, combinées

au manque de connaissances que les entendants ont de la culture sourde, déterminent

« [les] schèmes cognitifs, comme les représentations mentales ou psychiques [É] »

ou bien les clichées et les préjugés sociaux (Mannoni, 2016, p.36).

Ainsi les visions normatives et culturelles de l'ensemble de la société impri-

ment la représentation de la population sourde. Selon D. Jodelet :

« [Les représentations sociales renvoient à] une forme de con-

naissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée

pratique et concourant à la construction d'une réalité com-

mune à un ensemble social. »

(Jodelet, 1989, p. 36)

En d'autres termes, de nos jours la place sociale des personnes sourdes est

associée à leur représentation sociale ainsi qu'à la position de leur langue et de leur

culture dans la collectivité. Par ailleurs, quel est le regard normatif et culturel de

l'ensemble de la société actuelle sur la surdité ?

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1.1. Vision normative et culturelle

En premier lieu notre société juge la surdité avant tout comme un handicap à

réparer à l'aide des appareillages, dans le cas où le niveau de celle-ci le permet. C'est

donc ainsi que la vision déficitaire portée sur la population sourde est créée. Selon

Andrea Benvenuto, ce regard déficitaire trouve son origine dans les traits histo-

riques :

« [c'est] la pensée médicale dominante développée dans les

institutions de sourds au XIXe siècle [qui] a alimenté l'idée

que la surdité est une anormalité à corriger car elle empêche

l'acquisition de la langue orale, la langue de la pensée et de

l'intelligence. »

(Benvenuto, 2011)

Dans la vision déficitaire de la surdité, l'individu - jugé selon une échelle

purement médicale - possède une réduction partielle ou totale de sa capacité fonc-

tionnelle physique, donc d'audition. Pour la société alors, la personne sourde est pla-

cée dans une déficience biologique qui la distingue des autres êtres de la collectivité

sociale qui eux répondent favorablement aux critères médicaux.

« Longtemps, le ` marqueur' principal du handicap, [...] dé-

coulait d'une approche à la fois bio-fonctionnelle, défectolo-

gique et déficitaire. [...] La déficience [...] concerne les diffé-

rentes fonctions des parties du corps de l'individu. Elle ren-

voie à des dysfonctionnements organiques ou psychiques qui

entrainent une incapacité, c'est-à-dire une réduction [...] par-

tielle ou totale de la capacité d'accomplir une activité d'une

façon, ou dans des limites considérées comme normales pour

un être humain. »

(Reichhart et al., 2013)

De ce fait, de la vision déficitaire découlent deux autres termes qui sont sou-

vent utilisés pour décrire des populations particulières telle que la population sourde

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avec une culture différente. Les deux expressions de « personne valide » et « per-

sonne invalide », forts dans le sens de discrimination, semblent trouver leur origine

dans la perspective triptyque du « handicap », le terme issu de l'échelle purement

biologique. Cette distinction strictement biologique engendre en deuxième lieu la vi-

sion discriminative envers les populations autrement capables dont les sourds.

Selon la Classification Internationale du Handicap (CIH) « le triptyque défi-

cience - incapacité - désavantage social » est la perspective qui définit les caracté-

ristiques des populations nommées « handicapés ». La surdité - considérée comme

une déficience - en tant que « perte de substance ou altération d'une fonction ou

d'une structuration psychologique, physiologique ou anatomique » et le désavantage

social est défini comme un « préjudice qui résulte de la déficience ou de l'incapacité

et qui limite ou interdit l'accomplissement d'un rôle social considéré comme normal

compte-tenu de l'âge, du sexe, et des facteurs socioculturels. » (CTNERHI, 1988)

La représentation normative des sourds dans la société paralyse au final, les

interventions sociales, car selon Mottez, la surdité est avant tout un rapport social :

« [É] au lieu de chercher à trancher sur ce que sont les

sourds, sur ce qu'ils devraient être, sur ce que l'on pourrait

faire d'eux et pour eux, les entendants commenceront à s'in-

terroger plus simplement sur la gêne qu'ils éprouvent dans

leurs relations avec eux, sur la nature bien particulière des

comportements qu'ils adoptent lorsqu'ils sont avec eux et sur

les raison de ces comportements, en bref sur la façon dont ils

se débrouillent avec eux, un pas décisif sera fait permettant

d'analyser le rapport de surdité. »

(Mottez, 1981, p.5)

Cependant, que ces regards déficitaire et discriminatoire jaillissent de l'his-

toire collective, des préjugés collectifs ou autre, l'ensemble de la société attend une

« normalisation » des sourds par une implantation cochléaire ou par l'oralisation. La

société reste ainsi rigide à l'égard de la singularité de la langue et la culture des

sourds, ce qui freine leur vie normale (Kerbourc'h, 2010).

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C'est à partir de la vision discriminative et déficitaire de la surdité qu'une

limitation d'activités sociales et de rôles sociaux apparaît :

« En effet, le couple déficience/incapacité va se répercuter au

niveau de la réalisation d'activités sociales, culturelles, spor-

tives, professionnelles, touristiques. Ainsi, un lien se tisse entre

la fonction biologique et la fonction socio-symbolique : une

personne handicapée ne peut pas avoir des loisirs, elle ne peut

pas faire du sport ou partir en vacances. »

(Reichhart et al.,2013)

En bref, ces visions soulèvent une méconnaissance de la singularité de la po-

pulation sourde. C'est-à-dire que l'individu et son originalité de culture et de langue

méconnue deviennent une identité sociale à part entière pour l'exclure de possibles

pratiques socioculturelles y compris le tourisme.

Autrement dit l'originalité culturelle et linguistique des sourds reste propre-

ment ignorée et inexploitée, dans ses réelles capacités, par la société (Delaporte,

2002). Alors qu'une connaissance précise de cette population a une importance ma-

jeure :

« Caractériser la population des personnes handicapées sup-

pose que l'on soit capable d'identifier les individus qui la com-

posent. Or cette identification est sujette à des variations selon

que l'on privilégie telle ou telle conception du handicap. »

(Letourmy et Ravaud, 2005)

En d'autres termes, connaître les besoins et la culture composante des sourds

est primordiale afin de promouvoir l'accessibilité et donc par la suite de développer

un tourisme adapté dans la société.

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2. La surdité selon les chiffres

L'intérêt des données chiffrées de la surdité ne se limite pas au nombre des

personnes touchées mais également son fardeau économique en France, afin de pou-

voir mieux réfléchir sur l'importance qu'a une mise en place de mesures facilitant

l'intégration socioculturelle des sourds, y compris leur accessibilité dans les do-

maines du tourisme et de l'hôtellerie.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry