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Le règlement juridictionnel du conflit relatif au statut juridique de l'entité territoriale des Bakisi dans la province du sud-Kivu


par Jeanine KITUANDA KIBONGE
Université de Kinshasa - Licence en Droit public  2020
  

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Chapitre 4 CONCLUSIONGÉNÉRALE

Le règlement de conflit relatif au statut juridique de l'entité territoriale décentralisée des Bakisi : essai d'explications sur les ordonnances rendues sous ROR.087 et ROR.111 par le Conseil d'Etat, siégeant en chambre du conseil, a largement attiré notre curiosité dans la mesure où il constitue l'un des enjeuxmajeurs pour le développement de cette entité territoriale décentralisée gangrénée par une Administration de prédation.

En effet, depuis l'intervention de l'ancien Gouverneur de l'ancienne Province du Kivu, Monsieur Bodji Dieudonné en 1966, une crise politique a été fabriquée, de toute pièce, par ce dernier dans le but d'imposer le statut de chefferie chez les Bakisi. Cette autorité provinciale s'était permise d'interdire le Bwami ainsi que les rites y attachés pour mettre fin, d'après lui, au conflit entre les chefs de groupements traditionnels incorporés dans le Secteur des Bakisi et l'ancien Chef de Secteur Mopipi Kangadyo Paul. Il faut souligner ici que Mopipi Kangandyo Paul fut relégué à Lubumbashi (Elisabethville)en 1945 et condamné pour détournement de deniers publics mais il a repris ses fonctions de Chef de Secteur en 1960 après sa victoire électorale sur son successeur Kyalala André.

Le Gouvernement provincial de l'époque tenait à obtenir des Chefs de groupements, la reconnaissance de Monsieur Mopipi Kangadyo Paul, alias Mwami Mopipi, ancien chef de Secteur comme chef de chefferie au simple motif qu'il était devenu Mwami wa Kindi, dernier grade du Bwami chez les Balega, confondant ainsi délibérément la notion du Bwami chez les Bashi et celle du Bwami chez les Lega.

Face à la farouche opposition des chefs de groupements, l'Autorité provinciale a réussi à créer une division au sein de cette entité territoriale décentralisée en imaginant uneopposition entre quatre groupements qui, selon lui, soutenaient le maintien du statut de Secteur contre trois groupements qui étaient favorable au statut de chefferie.

Ce jeu politique a traversé des décennies et a fini par atteindre le Pouvoir Central.

En effet, après la mort du Chef Mopipi Kangadyo Paul en 1974, le secrétaire du comité populaire du MPR au sein de cette entité territoriale décentralisée, Monsieur Mopipi Bitingo François fut désigné chef de collectivité ai par le Gouverneur Ndebo Akanda di-Nenkeza.

Suivantles archives du Ministère de l'Intérieur, Mopipi Bitingo François fut révoqué comme chef de collectivité tout court, le 19 mars 1979, par l'Arrêté n°47 du Ministre Mafema Nganzeng ; mais il fut réhabilité comme chef de collectivité-Chefferie par l'Arrêté départemental n°83/0198 du 1er juin 1983 du Ministre Muenda M'siri.

Il ne fait l'ombre d'aucun doute que cet Arrêté de réhabilitation a été pris non seulement en violation du principe de l'acte contraire ou du parallélisme de formemais aussi en violation de l'Ordonnance-Loi n°82-006 du 25 février 1982 portant organisation territoriale, politique et administrative de la République, appelée à l'époque Loi-VUNDUAWE-TE-PEMAKO.

Son fils Mopipi Mukulumanya Auguste, installé à la tête de cette entité territoriale décentralisée en 1988 par les jeux politiques dits de quatre groupements contre trois groupements, poursuivis par les autorités provinciales de l'ancienne Province du Kivu, actuellement, province du Sud-Kivu a, à son tour, réussi à se faire reconnaitre comme chef de collectivité-chefferie par l'arrêté ministériel n°95/0995 du 14 septembre 1995 dont les effets ont été suspendus par l'ordonnance rendue le 22 janvier 2020 sous ROR.087 par le Conseil d'Etat.

Cette décision de la Haute Juridiction Administrative de la République Démocratique du Congo consacre le couronnement du droit sur la politique comme le veut le Président de la République, chef de l'Etat, Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui ne ménage aucun effort pour faire de la République Démocratique du Congo, un Etat de droit. C'est assurément ce que Léon Odimula qualifie de juridicisation de la vie politique. Ce phénomène implique que la vie politique soit soumise au droit sous la surveillance et l'autorité du juge. Ce dernier assure la conformité au droit non seulement de la dévolution du pouvoir mais également de son exercice et de sa cessation.

Selon l'auteur, la juridicisation de la vie politique débouche sur la moralisation, la pacification et la stabilisation de la vie publique, considérées, de nos jours, comme gage de l'émergence et donc du développement des nations.

Il en résulte que l'Administration va se soumettre à cette décision de justice, comme l'exige l'article 151 de la Constitution et donc va désigner un agent de l'Etat à la tête de cette entité administrative à titre intérimaire, et ce, en attendant l'Arrêt définitif du Conseil d'Etat portant annulation de l'Arrêté Ministériel attaqué en annulation sous R.A.015 par Monsieur Charles Wika.

C'est au regard de toutes les manoeuvres politiques orchestrées au départ par la bande à Mopipi et soutenues par les autorités provinciales de l'ex Kivu ainsi que de l'actuelle province du Sud-Kivu que le Professeur Léopold Masumbuko Wa-Busungu souligne que les Mopipi fonctionnent effectivement comme un caillou dans les souliers des Bakisi.

Nous estimons que le respect de l'Ordonnance rendue par le Conseil d'Etatpermettra à notre pays d'éviter de connaitre d'autres cas semblables à l'histoire tragique de Kamuina Nsapu ; une étincelle qui est devenue un terrible incendie en Août 2016 dans le Grand Kasaï.

En effet, le non-respect de la Loi n°15/015 du 25 Août 2015 fixant le statut de chefs coutumiers, par les autorités centrales de l'Etat et par le Gouvernement Provincial du Kasaï Central, refusant de reconnaitre par Arrêté, le statut de chef de groupement à Monsieur Jean-Prince Mpandi, 6e Kamuina Nsapu du groupement des Bajila Kasanga ou Bashila Kasanga du Secteur de Dibataie dans le territoire de Dibaya, au Kasaï Central, avait conduit celui-ci à qualifier le Gouvernement national de Gouvernement d'occupation. C'est ce qui a conduit à l'embrasement de l'espace Kasaïen.

Si des provinces entières issues du Grand Kasaï ont connu une rébellion ayant entrainé la mort de plusieurs centaines à plusieurs milliers de personnes, l'enrôlement de plusieurs milliers d'enfants soldats ainsi que l'exil de nombreux congolais, tout simplement parce que le jeu politique des autorités centrales et provinciales ont amené un groupement faisant parti du Secteur de Dibataie dans le territoire de Dibaya, Province du Kasaï Central, à faire face aux autorités de l'Etat, il faut avouer que le cas du Secteur des Bakisi qui englobe sept groupements reste une bombe à retardement qu'il faut désamorcer, par l'intervention d' un Arrêt définitif du Conseil d'Etat.

C'est pourquoi, nous saluons la décision rendue sous ROR.087 qui laisse transparaitre l'avènement de l'Etat de droit dans ce pays car, Hobbes disait que le défaut de pacte social banalise la violence privée, aligne les rapports sociaux élémentaires sur les formes les plus agressives de comportement.

Comme le souligne Léon ODIMULA, l'encadrement juridique de la vie politique a vocation à lutter contre l'arbitraire des gouvernants en veillant à l'équilibrenécessaire entre l'autorité et la liberté, mieux encore entre les gouvernants et les gouvernés.

De tout ce qui précède, l'on peut retenir que le retour à la paix et à la coexistence harmonieuse entre les différents groupements constituant l'ensemble du Secteur des Bakisi est largement tributaire du respect par les protagonistes aussi bien des textes juridiques relatifs au statut juridique de l'entité sous examen que des décisions rendues en la matière par le Conseil d'Etat de notre pays.

De cette manière, la gestion administrative et politique du Secteur des Bakisi serait fondée sur la bonne gouvernance dont la finalité est de réaliser le développement sociopolitique et économique de cette entité territoriale décentralisée. Donc, la prise en charge des besoins sociaux de la population.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery