Le règlement juridictionnel du conflit relatif au statut juridique de l'entité territoriale des Bakisi dans la province du sud-Kivupar Jeanine KITUANDA KIBONGE Université de Kinshasa - Licence en Droit public 2020 |
C. Du point de vue socio-culturelIl y a lieu de souligner ici, que lors du découpage de 1988 qui a vu l'ancienne province du Kivuéclatée en trois nouvelles provinces, le Père Léon de Saint Moulin32(*) a eu à évoquer la division du Kivu en 3 districts établis en 1951, lesquels districts sont devenus de nouvelles provinces. Il avait souligné que cette division résultait aussi de l'importance des populations à administrer. Mais elle a eu pour inconvénientde répartir dans 3 unités administratives les populations Lega. Il va sans dire que le Lega ou les Balega sont devenus minoritaires au Nord-Kivu, Sud-Kivu et au Maniema alors qu'ils faisaient partie de grands groupes du Kivu comme les Bashi et les Banande. Le conflit qui porte sur le statut juridique des Bakisi amène les populations locales, notamment les Balega, à se méfier de leur propre culture. En effet, le Bwami qui se trouve être le socle de la culture Lega est complétementdénaturée. Le fameux chef de chefferie se dit Mwami,créant ainsi,la confusion entre le Mwami chez les Bashi et autres peuples apparentés qui signifie le Roi et le Mwami chez les Balega qui signifie le Sage ou l'initié qu'on oppose à Mugunda c'est-à-dire un non initié. Cet état de chose amène la population locale ou les groupes ethniques répartis dans les sept groupements des Bakisi à considérer l'Etat congolais comme une structure inexistante. La citoyenneté c'est-à-dire l'état d'esprit d'un peuple à pouvoir se conformer aux droits et devoirs de citoyens respectant la cité vole de plus en plus en éclat dans la mesure où les lega de Shabunda en général et des Bakisi en particulier pensent que la famille Mopipi les a plongés dans la colonisation (chefferie) que les colons belges n'ont pas imposé à leur entité, le Secteur des Bakisi. C'est dans ce cadre que le Professeur Wa-Busungu, canadien d'origine congolaise ressortissant du groupement des Baliga incorporé dans le Secteur des Bakisi, souligne que les Mopipi fonctionnent comme un caillou dans les souliers des Balega-Bakisi. Cette affirmation prouve à suffisance que le conflit imaginaire dont faisait état le Gouverneur Bodji Dieudonné en 1966 entre les trois groupements et quatre groupements ne relevait que d'une stratégie politique tendant à imposer une chefferie dans le Secteur des Bakisi car le Professeur Wa-Busungu est du groupement Baliga, donc faisant parti de trois groupements selon l'ancien Gouverneur Bodji Dieudonné.En réalité, le conflit en question oppose l'ensemble de groupes ethniques composant la population locale des Bakisi à la famille Mopipi qui s'impose à la tête de ce Secteur en le faisant fonctionner comme une chefferie au détriment de la culture lega qui demeure méritocratique. En effet, le Bwami est une structure socio-culturelle ouverte à tout Mulega ayant atteint la majorité, circoncis et marié. A ce titre, il peut graver tous les échelons du Bwami à partir de Kansilembo jusqu' au grade de Mwami-Wa-Kindi, le grade le plus élevé du Bwami. * 32 Léon de Saint Moulin, Histoire de l'organisation administrative du Zaïre,In Zaïre Afrique, P.46 |
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