2. Les anciennes mines d'ocre
Un autre ensemble de pigments peut être relié aux
anciennes mines d'exploitation à Roussillon et en Bourgogne, pour ce qui
est des ocres. Les étiquettes y faisant référence portent
les noms Okhra, Gargas, Plantes et couleurs, Sauilly, Sofolux99
Auxerre et Lechiche. Okhra (Fig. 49) est l'ancienne usine de productions
d'ocre, fondée par Camille Mathieu à Roussillon. Son
activité s'étend de 1921 à 1963. C'est donc une usine
fermée, transformée actuellement en écomusée de
l'ocre et qui vend toujours ces pigments, réputés pour être
naturels et inaltérables. Quatre pigments sont
référencés sous cette marque dans l'atelier de Claude
Yvel. Nous pouvons noter que l'écomusée propose les livres de
Claude Yvel sur les techniques des maîtres anciens sur son magasin en
ligne. Les liens sont affirmés par le fait que le peintre a
enseigné ces techniques au Conservatoire des ocres et de la couleur
à Roussillon depuis 1999. Dans la même région se trouve
Gargas (Fig. 50), commune
99 Transcription hypothétique du nom manuscrit
sur une étiquette de boîte à pigment : Sofolux ou
Sofrolux.
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exploitant la mine d'ocre de Bruoux à partir de 1848, et
ce pendant un peu plus d'un siècle. La mine perd son activité
après la Seconde Guerre mondiale, comme ce fut le cas pour toutes les
ocreries à cause de la concurrence de la chimie allemande. Un pigment de
Claude Yvel est référencé sous ce nom. De même pour
le pigment nommé Gaude jaune moyen, son étiquette indique le nom
et l'adresse de son fabricant : Plantes et couleurs, 20 rue Jean d'Autant,
84360 Lauris. Cette entreprise était domiciliée à Le
Faouet, et possédait un établissement secondaire à Lauris.
Spécialisé dans la fabrication de colorants et pigments, cet
établissement a ouvert en 1993, et est fermé depuis 2018. Pour
Sauilly (Fig. 48), il s'agit de l'ancienne ocrerie en Bourgogne,
exploitée avant la Révolution par les Hollandais100,
devenue une entreprise familiale dans le deuxième quart du XIXème
siècle, et restée en activité jusqu'en 1961101.
Claude Yvel relie l'histoire de l'exploitation de la mine à celle des
techniques des maîtres anciens de Hollande. Ces derniers calcinaient la
terre dans un creuset fermé, ce qui permet d'obtenir une belle ocre
très couvrante. Cette terre de Sauilly associée à la
redécouverte de cette technique, permet de faire un pas de plus pour se
rapprocher de la manière des maîtres anciens de Hollande. Ainsi,
Claude Yvel possède cinq terres provenant de cette mine. La mention
Lechiche (Fig. 47) ne se retrouve que pour le pigment annoté «noir
de Grugy» pour Gurgy, terrain argileux produisant du carbonate de fer.
Lechiche & Cie est l'exploitant de la mine de Sauilly, et intègre la
Société des Ocres de France en 1901. Ce qui rend ces pigments
exceptionnels, c'est à la fois leur rareté, depuis que la mine a
cessé sa production en 1961, mais aussi la redécouverte de la
technique ancienne qui leur est associée. Quant à Sofrolux
Auxerre, ce serait le nom de l'exploitant de la mine en Bourgogne, selon Claude
Yvel. Seulement un pigment est annoté à ce nom.
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