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La matériauthèque du peintre Claude Yvel, né le 16 aoà»t 1930


par Crescence de Lattaignant
Ecole du Louvre - Master 1 2022
  

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2. La question de l'accès à ces données

Tous les projets présentés lors du webinaire de l'ICCROM HSAI, convergent vers cette problématique de l'accès des données. Chaque matériauthèque, dans un but de conservation et de référencement des matériaux, crée une base de données. Les informations digitalisées sur ces plateformes sont une manière de conserver l'empreinte des matériaux, de les documenter, et de favoriser leur diffusion auprès des professionnels comme d'un public plus large, si la base de données se trouve en libre accès comme c'est le cas pour TMS, le projet de base de données du Munch Museum.

La session webinaire de novembre 2021 a été conclue par Paul Messier, directeur Pritzker du Lens Media Lab, qui fait partie de l'Institute for the Preservation of Cultural Heritage du campus ouest de Yale. Fondé en 2015 grâce au don du John Pritzker Family Fund, le Lens Media Lab prend exemple sur le Straus Center de Harvard. C'est la plus grande collection de référence mondiale de papiers photographiques. Bien que spécialisé dans le domaine de la photographie, le laboratoire investit des champs comme les eaux-fortes de Rembrandt, le verre américain du XVIIIème siècle et des peintures modernes sur toile. Cette institution étudie le développement d'une plateforme en ligne ouverte cataloguant les références des collections de matériaux. Le Lens Media Lab a deux projets : «étudier

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les collections de référence de spécimens de matériel d'artiste et mener une étude de faisabilité pour une pratique de catalogage partagée»164 (trad.). Le projet est au coeur de cette problématique actuelle soulevée lors des conférences de l'ICCROM. La mission est d'évaluer la valeur potentielle que pourrait procurer un accès renforcé aux données de ces matériaux pour les domaines de l'histoire technique de l'art et la conservation. Pour ce faire, le Lens Media Lab s'appuie sur des institutions partenaires dans le monde entier, dont la Bibliothèque du Congrès. TIPP est leur base de données sur les matériaux, référençant des centaines d'échantillons de photographies cités dans les manuels internationaux de photographie de 1855 à 1900. La construction de la base de données a débuté à l'été 2016. Elle se concentre sur la numérisation d'images en haute résolution permettant de voir la texture de surface des papiers pour en créer un algorithme de classification. Le Laboratoire insiste sur leur futur projet de catalogue de fabricants, réalisé à partir des marques présentes au dos des papiers photographiques. De telles informations seront utiles pour dater les tirages et identifier les papiers.

Pour se concentrer de plus près sur les pigments, la collection Forbes est divisée en deux sections principales : la première est conservée au Straus Center dont nous avons déjà parlé précédemment, la seconde est une collection privée de pigments Forbes conservée au Institute for Fine Arts Conservation Center de l'université de New York. Il s'agit d'un ensemble de trois mille colorants, répartis en sous-ensemble dans des laboratoires du monde entier. Pour avoir une vue générale de cette collection, il a donc été primordial de les enregistrer dans une base de données. Cette base se nomme CAMEO165. L'enregistrement dans la base a deux avantages. D'une part, il conduit à approfondir la connaissance des matériaux référencés, par leur analyse. D'autre part, il permet une vue d'ensemble de la collection originale des pigments Forbes, par la réunification dématérialisée des échantillons d'un même matériau. À la suite du partage de la collection, un même pigment peut être conservé dans plusieurs endroits. Les enregistrements sont

164 Paul Messier, Project to survey reference collections of artist material specimens and to conduct a feasibility study for shared cataloguing practice, 19 juin 2018

165 CAMEO, Conservation and Art Materials Encyclopedia Online, est une base de données électronique, qui regroupe une base de données de matériaux et des collections de référence variées concernant les textiles asiatiques, l'analyse de colorant, une bibliothèque d'images de référence de fibre, la MWG (Materials selection & specification Working Group), les archives des colorants Uemura, et les pigments Forbes.

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combinés lorsqu'il semble que les échantillons désignent un même pigment. C'est alors que les analyses sont primordiales pour des questions d'inventaire. La base de données CAMEO est en libre accès. Elle favorise donc la diffusion auprès d'un large public et offre ainsi à tous la vision de la composition d'origine de la collection.

Cependant il s'agit encore d'une activité en cours de réalisation concernant les dépositaires de ces pigments Forbes. C'est le cas pour le Centre for Heritage Analytical Reference Materials (CHARM), conservé à la Library of Congress aux Etats-Unis. En plus de sa collection de papiers, livres, papyrus, parchemins, échantillons photographiques, textiles, matériaux donnés par les artistes contemporains, le Centre détient des pigments Forbes. Lors du webinaire de novembre de l'ICCROM, leur poster (Fig. 64) présentait leur projet en cours pour une infrastructure de coordination et d'incorporation des données diverses d'analyse. Ces données seront déposées dans la base nommée CHARM-D, selon l'application des FAIR Data Principles : findable, accessible, interoperable, reusable. C'est-à-dire, que ces données sont conçues dans leurs codes, pour être réutilisées par d'autres applications, pour améliorer l'usage et la longévité du projet. Ce dernier a comme particularité de se concentrer sur l'évolution des matériaux dans le temps, d'analyser leurs changements et leurs dégradations. Ces recherches conduisent le Centre à faire des tests prédictifs, évaluer les traitements, pour ensuite développer de nouvelles techniques d'analyse.

Le projet CoRef a aussi conduit à la création d'une nouvelle interface pour faciliter et sécuriser l'enregistrement des échantillons. CoRef se présentera sous la forme d'une base qui s'adossera à la base principale du RMF, EROS. Cette dernière permet de lier les échantillons aux oeuvres. La collection est bien documentée et des études scientifiques sont menées sur chaque échantillon, conduisant ensuite ces données à leur intégration dans la base de données EROS. La question de l'accès à ces données fait partie du développement général de la base de données EROS, déjà existante mais consultable uniquement sur site, qui vise à en faciliter l'accès en externe. CoRef a mené des réflexions sur le statut légal des archives d'échantillons, qui constitue une autre préoccupation actuelle autour des matériauthèques. Le projet s'ouvre aussi sur des questions d'accessibilité pour envisager le prêt d'échantillons aux chercheurs extérieurs au RMF.

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B. Des exemples de l'application concrète des matériauthèques

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus