2.2.3. Moyens d'adaptation
Des moyens inconscients d'adaptation à ces
expériences sensorielles s'observent dans la façon dont les
personnes autistes appréhendent le monde. Souvent, les personnes
autistes fonctionnent en monotraitement, c'est-à-dire que pour
préserver leur énergie et éviter la surcharge, elles ne
traitent qu'un sens à la fois. Cela implique une perte des informations
provenant des autres sens (Bogdashina, 2012/2020).
L'évitement de contacts trop directs avec leur
environnement est aussi un moyen de se protéger de la surcharge.
Effectivement, la perception directe pour chaque canal sensoriel est
généralement hypersensible. Les personnes autistes fonctionnent
donc avec une perception périphérique, plus facile à
gérer au quotidien. Cela explique en partie leurs difficultés
à regarder les personnes dans les yeux, ce contact est trop direct
(Bogdashina, 2012/2020).
Les personnes autistes compensent parfois le défaut
d'une modalité sensorielle par l'utilisation des autres sens. Cela
conduit par exemple à l'appui sur l'olfaction pour découvrir les
objets ou les personnes chez certains (Bogdashina, 2012/2020).
Des fonctionnements en résonnance sont remarquables
chez les personnes autistes. La personne se perd dans les
caractéristiques de l'objet, les fusionne à elle-même, et
ressent les émotions de l'autre sans comprendre son origine. On appelle
cela l'échoémotion (Bogdashina, 2012/2020).
2.3. Les stéréotypies et autostimulations
2.3.1. Définitions
Nous allons ici revenir sur l'un des critères de
diagnostic des TSA : les comportements restreints, répétitifs et
stéréotypés. Tout d'abord, il semble important d'expliquer
ce qu'est un comportement stéréotypé. Les
stéréotypies sont très fréquentes dans les TSA,
mais difficiles à définir (Gorgy, 2018). En effet, la
multiplicité de leur expression et le manque de connaissances sur les
mécanismes physiopathologiques à leur origine rendent difficile
le processus de définition. De plus, de nombreux termes
différents sont utilisés pour les qualifier :
persévérations, compulsions, comportements
répétés... Les avis sur leur classification divergent
aussi beaucoup.
On peut cependant les définir comme des conduites
répétées, rythmées qui n'ont pas de sens apparent,
sur un mode d'expression vocal ou moteur (Albaret, 2018; D'Ignazzio, 2019;
Gorgy, 2018). Leur forme et leur intensité ne varient pas ou très
peu.
15
Ces comportements sont suppressibles (Gorgy, 2018) et sont
à différencier des tics moteurs qui sont plus courts et
variables, des rituels dans les troubles obsessionnels compulsifs ou de crises
d'épilepsie (Albaret, 2018).
On distingue deux types de stéréotypies, celles
dites primaires qui sont présentes dans le développement normal
de l'enfant, et celles dites secondaires qui sont liées à des
troubles (Albaret, 2018). Les stéréotypies primaires sont une
manifestation corporelle des processus de développement neurologiques.
Leur intensité est plus faible et elles ne persistent pas au-delà
de 3 ans. Les stéréotypies secondaires sont pathologiques,
intenses et persistantes. Leur degré de sévérité
est souvent relié à un quotient intellectuel bas.
Dans les TSA, leur apparition est précoce (D'Ignazzio,
2019). On distingue plusieurs types d'expression des stéréotypies
(Albaret, 2018; D'Ignazzio, 2019; Gorgy, 2018). Elles peuvent être
motrices et toucher différentes parties du corps, dans des mouvements
simples ou complexes, avec ou sans objet, de motricité fine ou globale
(D'Ignazzio, 2019; Gorgy, 2018). Les autostimulations sensorielles, avec une
recherche de sensations et de plaisir, sont aussi une forme de
stéréotypie. Les aspects moteurs et sensoriels sont difficilement
séparables, c'est pourquoi on trouvera souvent le terme
d'autostimulations pour évoquer des stéréotypies (Gorgy,
2018).
Les stéréotypies peuvent être cognitives,
et s'exprimer par des rituels ou un contrôle de l'environnement comme les
alignements d'objets, ou encore verbales (D'Ignazzio, 2019).
|