2.3.2. Origine des stéréotypies
Plusieurs hypothèses de compréhension des
stéréotypies ont été élaborées.
Bullinger écrit en 2006 que les stéréotypies auraient pour
fonction de maintenir l'organisation sensori-tonique (cité par
D'Ignazzio, 2019). Cette hypothèse est appuyée par McBride et
Parker en 2015, qui expliquent les stéréotypies comme moyen de
gestion du stress (cité par Albaret, 2018). Elles seraient aussi un
moyen de régulation du niveau de vigilance et de l'attention (Albaret,
2018; D'Ignazzio, 2019).
Si l'on considère l'aspect sensoriel des
stéréotypies, celles-ci peuvent constituer un moyen de
réponse aux hyposensibilités ou hypersensibilités dans une
recherche ou un évitement de stimulations (D'Ignazzio, 2019; Gorgy,
2018). Elles persisteraient car le plaisir retiré de ces
autostimulations renforcerait le comportement, allant jusqu'à le rendre
addictif, mais aussi car il ne s'inscrit pas dans un processus d'habituation,
et ne prend alors pas sens (Gorgy, 2018).
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Gorgy (2018) classe ces stéréotypies comme
sensori-motrices, elles peuvent à terme disparaître pour laisser
place à des actions fonctionnelles.
Gorgy (2018) explique que les stéréotypies
peuvent apparaître en réponse à des dysfonctionnements des
organes sensoriels. Le comportement stéréotypé aurait
alors pour fonction de tenter de rétablir le système perceptif.
Ces stéréotypies sont dites perceptivo-motrices.
Selon Gorgy (2014), le traitement perceptif des informations
précède le traitement émotionnel, qui lui-même
précède le traitement cognitif. Dans les TSA, le défaut de
perception va engendrer une réaction émotionnelle qui va alors
perturber la réponse motrice et comportementale. Si l'on suit ce
principe, la perception d'une douleur va aussi pouvoir activer une
réponse motrice spécifique, d'où l'importance d'une
recherche de cause somatique aux stéréotypies.
Des troubles dans le fonctionnement cognitif peuvent aussi
provoquer l'apparition de stéréotypies (Gorgy, 2018). En effet,
la personne ayant des troubles des fonctions exécutives va peiner
à structurer son action et donc rester dans des mouvements qu'elle
connait. Le manque de flexibilité et la gestion attentionnelle vont
aussi altérer l'accès à de nouveaux schèmes
moteurs. Les stéréotypies d'origine cognitive sont dites
cognitivo-motrices.
L'environnement peut avoir un effet sur les comportements
répétés dans sa façon de répondre aux
stéréotypies (D'Ignazzio, 2019). En effet, celles-ci peuvent
aussi avoir une fonction de recherche attentionnelle ou d'évitement de
certaines situations. La réponse à ces comportements va
conditionner la répétition de ceux-ci ou non : si
l'élément voulu est obtenu, la personne va systématiser le
comportement pour l'avoir à nouveau.
Étant donné que l'on observe des
stéréotypies dans la croissance normale de l'enfant, il semble
important de ne pas ignorer la dimension développementale de celles-ci.
Si elles incarnent des étapes du développement neurologique
normal, elles peuvent en effet marquer un dérèglement dans
celui-ci (Albaret, 2018).
Nous pouvons remarquer que les stéréotypies
peuvent avoir de multiples explications, ce qui rend leur compréhension
difficile. Pour comprendre l'origine et la fonction d'une
stéréotypie, il est donc important de garder une approche
bio-psycho-sociale et de chercher à la comprendre de façon
multifactorielle (D'Ignazzio, 2019).
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2.3.3. Impact des stéréotypies sur le
fonctionnement de la personne
Les stéréotypies peuvent être
considérées comme une forme d'adaptation au milieu, car elles
répondent généralement à des perturbations internes
ou externes (D'Ignazzio, 2019). Pour déterminer quand agir sur une
stéréotypie il est nécessaire de comprendre si celle-ci
est organisante pour la personne, c'est-à-dire si elle permet de
réguler sa sensorialité ou ses émotions, ou si elle est
envahissante, c'est-à-dire si elle perturbe l'interaction ou l'attention
de la personne.
Des échelles ont été mises en place pour
l'évaluation des stéréotypies, elles permettent de mieux
les appréhender et d'intervenir en cas de nécessité
(Albaret, 2018; D'Ignazzio, 2019).
Nous allons agir sur les stéréotypies quand
elles restreignent le répertoire moteur de la personne ou lorsqu'elles
perturbent les apprentissages. Si l'intégrité physique de
l'individu est menacée par la stéréotypie et que celle-ci
tend à devenir une automutilation, il est impératif d'intervenir.
L'aspect social peut être un motif d'action si le comportement
paraît inadapté ou impressionnant (D'Ignazzio, 2019).
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