3. L'intentionnalité dans le mouvement, ou le
passage du mouvement au geste
Nous allons expliquer comment l'enfant parvient, sur la base
de ses perceptions sensorielles, à une instrumentalisation de son corps,
ou comment il passe d'un organisme à un corps. Bullinger (2007a)
définit l'organisme et le corps comme deux éléments
différents. L'organisme représente les fonctions corporelles
biologiques, il est l'objet, tandis que le corps est la résultante des
interactions de l'organisme avec son milieu, il est représentation.
3.1. Les bases du mouvement 3.1.1. De la posture aux
praxies
Obéji (2020) présente la posture comme
étant à la source du mouvement. En effet, la posture
prépare le mouvement, sert de point de départ à celui-ci.
Le maintien postural se fait grâce au tonus, et notamment au tonus axial.
Un bon tonus axial libère les membres pour l'action, les retient dans un
espace contrôlé et place la tête à la commande du
reste du corps.
À partir de cette posture stable, le mouvement peut
prendre naissance. Démarrer une action, c'est un équilibre entre
l'activation de certaines chaînes musculaires et l'inhibition d'autres
(Obéji, 2020).
Pour que le mouvement soit perçu dans le corps, il doit
produire et avoir pour objectif une variation (Douchin, 2014, cité par
Obéji, 2020). Le changement est en effet un aspect fondamental du
mouvement. Il peut sembler paradoxal que le mouvement soit changement, mais
nécessite une stabilité importante à sa
réalisation.
Pour accéder à un nouveau geste, il faut alors
oser créer un changement, aller vers une forme d'inconnu. « C'est
ainsi que l'on peut considérer que ce n'est pas tant l'acte moteur qui
fait le geste que l'intention, le désir qui l'anime. »
(Obéji, 2020, p. 65).
Le terme de praxie désigne une action orientée
dans l'espace dans le but d'interagir avec le milieu (Obéji, 2020), soit
le passage d'un aspect sensori-moteur à un aspect symbolique du
mouvement (Orjubin, 2022).
Une action orientée implique une analyse de
l'environnement pour répondre au but fixé (Obéji, 2020).
L'action dépend alors de nombreux facteurs : la maîtrise du geste
dans ses dimensions spatiales et temporelles, un objectif que le geste
permettra d'atteindre et la prise en compte des contraintes du milieu, qui
peuvent évoluer au cours même du geste. Il
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
est alors important que l'image corporelle soit stable pour
servir de repère dans l'engagement d'une action.
De plus, la notion de rythmicité du geste, de son
esthétisme vient apporter un intérêt et un plaisir à
celui-ci, motivant ainsi les apprentissages (Obéji, 2020). Cela
représente la dimension sociale du geste.
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