2. La sensorialité
2.1. Fonctionnement normal des sens 2.1.1. Le
développement sensoriel
Avant d'aborder les particularités sensorielles dans
les TSA, comprendre le fonctionnement sensoriel normal est essentiel.
Les sens sont présents dès la vie foetale et se
développent un à un : tout d'abord le sens tactile, puis
l'équilibration qui comprend la proprioception et le sens vestibulaire,
puis la gustation et l'olfaction, ensuite l'audition et enfin la vision
(Degenne et al., 2019). Les organes des sens sont les yeux pour la vision, les
oreilles pour l'audition, le nez et la bouche pour l'olfaction et la gustation,
la peau pour le sens tactile, des récepteurs internes pour la
proprioception et l'oreille interne pour le sens vestibulaire (Bogdashina,
2012/2020). Les récepteurs tactiles peuvent recevoir des informations de
toucher léger, de pression, de température et de douleur, ils
sont répartis différemment en fonction des zones du corps. Les
récepteurs proprioceptifs se trouvent au niveau des muscles, des tendons
et des articulations et permettent de connaitre la position de son corps dans
l'espace (Bogdashina, 2012/2020). Ces organes reçoivent les stimuli de
l'environnement interne ou externe par des récepteurs, qui le
transforment en message nerveux. Ce message circule jusqu'au système
nerveux central qui les identifie, les assemble et les interprète dans
des aires cérébrales spécifiques.
Des études ont montré que le fonctionnement
sensoriel est multimodal, c'est-à-dire que les différents sens
sont en interaction (Degenne et al., 2019).
2.1.2. La perception
Au début de sa vie, le bébé ne
perçoit le monde que par contrastes et par comparaisons
(Livoir-Petersen, 2008). Il ressent simultanément les différents
sens, ainsi que les stimuli internes et externes à son corps. Alors
qu'il perçoit son environnement, il éprouve aussi les
modifications tonico-émotionnelles que cela lui fait vivre. Bullinger
(2007b) explique qu'on observe toujours des réactions tonico-posturales
lors de la perception de flux sensoriels.
Ces réactions sont à la base du sentiment de soi
qui sert de référence dans l'intégration sensorielle
(Livoir-Petersen, 2008).
La perception, c'est le processus de réception,
d'interprétation et de compréhension des informations
sensorielles (Bogdashina, 2012/2020). Ce processus se déroule en
plusieurs étapes. Nous avons tout d'abord l'étape de la
sensation, c'est un stade de qualification du
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
stimulus, dans son intensité, sa durée, etc. Il
n'a pas encore de sens. C'est une phase où la perception est
littérale et objective. Puis les aires cérébrales
spécialisées traitent les informations sensorielles
reçues, et les associent en un tout multimodal qui permet une
identification de l'objet. C'est la phase d'interprétation. Enfin,
l'objet identifié va pouvoir être associé et comparé
aux représentations mentales, pour accéder à un concept
d'utilisation de cet objet par exemple.
Le premier apprentissage du bébé est la
discrimination des stimuli, c'est-à-dire l'identification et la
caractérisation des informations sensorielles reçues (Bogdashina,
2012/2020). Ensuite vient le développement de l'attention aux stimuli,
la sélection des informations pertinentes de l'environnement, aussi
appelée modulation. Enfin, le bébé sera capable
d'économiser sa prise d'information au minimum nécessaire pour sa
compréhension. Cette dernière capacité permet une
économie d'énergie dans l'analyse de l'environnement, facilite la
mémorisation et permet d'être disponible à d'autres
éléments d'apprentissage par exemple.
Grâce à la multiplicité des
expériences et à la mémorisation des
éléments sensoriels de son milieu, l'enfant aura accès
à l'anticipation. Bogdashina (2012/2020) ajoute que la perception du
monde est toujours teintée de subjectivité, elle dépend
des expériences sensorielles déjà vécues, de
l'intérêt porté à certains aspects de
l'environnement, etc.
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