1.2.3. La dimension socio-communicative
La question de la communication sociale est un des
critères de diagnostic des TSA. En effet, les enfants avec un TSA
présentent souvent dès les premiers mois des dysfonctionnements
dans la communication non verbale (Garrigou, 2019; Réveillé et
al., 2018). Les auteurs le remarquent notamment au niveau du regard, avec peu
de contacts
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visuels, mais aussi dans les réactions aux stimuli. Le
bébé va montrer peu de réponses à la voix humaine
et des expressions faciales et vocales pauvres. Plus tard, les gestes de
communication comme l'attention conjointe ou le pointer du doigt sont souvent
incompris et rarement utilisés dans une dimension sociale (Garrigou,
2019; Réveillé et al., 2018). Les enfants autistes
présentent peu de comportements d'imitation, et vont avoir du mal
à se mettre à la place de l'autre, à comprendre ce
qu'autrui peut ressentir.
L'apparition du langage chez ces enfants est souvent
retardée, et peut prendre des formes atypiques, comme les
écholalies (Garrigou, 2019; Réveillé et al., 2018). Les
écholalies sont des répétitions de mots ou de phrases de
façon immédiate ou différée (Garrigou, 2019). Elles
sont souvent inadaptées au contexte et ne varient pas dans leur ton ou
leur forme. Dans les cas de déficience intellectuelle importante, elles
peuvent être la seule manifestation langagière de l'enfant. Les
écholalies, mêmes inadaptées au contexte, peuvent avoir une
fonction de communication pour le sujet.
1.3. La prise en soins des TSA
Nous l'avons compris, les TSA regroupent des situations
cliniques très diverses, avec un fonctionnement cognitif et
sensori-moteur spécifique. La prise en soins nécessaire pour
répondre à ces troubles est donc elle-même
caractéristique. Pour encadrer l'intervention auprès des
personnes autistes, la Haute Autorité de Santé (HAS) et l'Agence
Nationale de l'Évaluation et de la qualité des
établissements et services Sociaux et Médico-sociaux (ANESM) ont
mis au point des recommandations de bonnes pratiques (HAS & ANESM,
2012).
Plusieurs points sont abordés dans ces recommandations.
Tout d'abord, il est primordial d'évaluer les capacités et les
besoins des individus initialement, puis de manière
régulière afin d'ajuster au mieux les interventions
proposées à tout moment. Ces interventions devront alors
être individualisées et appliquées dans une approche
globale et coordonnée entre les professionnels, mais aussi avec les
familles. Il est essentiel que la prise en soins soit mise en place de
façon précoce.
Des approches d'interventions ont été
développées dans les établissements afin de
répondre aux besoins des sujets (Le Menn-Tripi & Zupranski, 2019).
Ces démarches peuvent être éducatives,
développementales ou comportementales et se complètent entre
elles. Elles prennent en compte la structuration de l'environnement, la notion
de co-construction des soins avec les familles et l'intensité des soins,
le tout dans un but de généralisation des apprentissages.
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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Le modèle d'intervention précoce de Denver est
une méthode développementale et comportementale. Elle s'adresse
à des enfants d'âge scolaire, et développe des objectifs
à court terme. Chaque activité proposée présente
plusieurs objectifs et se base sur le principe que le jeu et la relation
développent la motivation sociale.
Le dispositif de Traitement et Éducation des Enfants
avec Autisme et autres Handicaps de la Communication (TEACCH) est un
modèle éducatif. C'est une forme d'éducation
structurée qui permet d'encourager les apprentissages et l'autonomie en
adaptant l'environnement et les consignes proposées. Ces
aménagements peuvent prendre la forme de supports visuels, d'une
structuration de l'espace et du temps... Des séances en vis-à-vis
avec la personne permettent de développer les compétences
émergentes, d'où la nécessité d'une
évaluation préalable (Le Menn-Tripi & Zupranski, 2019).
Une autre méthode plébiscitée est celle
de l'Analyse Appliquée du Comportement (ABA). C'est un modèle
d'intervention comportemental. Il consiste en une analyse des comportements, de
ce qu'il se passe avant et après ceux-ci, de ce que l'individu en
retire, afin d'encourager les bons agissements et de diminuer les comportements
problèmes. Un temps progressif d'apprentissage des bons comportements
est proposé, souvent avec un système de renforçateur pour
jouer sur la motivation du sujet. L'objectif sera de diminuer les
renforçateurs avec le temps pour autonomiser l'individu. Le lien avec
l'intervenant doit être un lien de confiance, un temps de
pairing est donc proposé en amont des apprentissages pour
créer la relation (Le Menn-Tripi & Zupranski, 2019).
Ces méthodes sont généralement
utilisées de façon complémentaire dans les structures
accueillant des personnes autistes. Elles prennent en compte un des objectifs
essentiels de la prise en soin des personnes autistes : l'autonomie (HAS &
ANESM, 2012). L'autonomie, c'est avoir conscience de ses actions, et pouvoir
les mettre en oeuvre librement et de façon adaptée à
l'environnement (Orjubin, 2022).
De plus, l'évaluation et la prise en soins des troubles
sensoriels sont prises en compte dans les recommandations de la HAS ainsi que
dans ces méthodes (HAS & ANESM, 2012). Cela montre bien que la
question sensorielle prend une place importante dans la prise en soins de la
personne autiste.
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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