3.1.2. Seconde séance : besoin sensoriel important
?
La structure de cette seconde séance est la même
que la semaine précédente, et se déroule plus
aisément que la précédente, car déjà
expérimentée par les enfants, mais aussi par nous-mêmes. Le
cadre est plus facile à tenir auprès de Jamil et des autres
enfants du groupe. Jamil est moins agité et accepte plus facilement les
propositions d'activités. Sur le temps d'accueil, il continue de se
déplacer et grimper, mais peut prendre la balle et la relancer à
un autre enfant. Encore une fois, son regard n'est pas porté sur ce
qu'il fait, bien que le geste ait été juste dans sa direction et
sa force.
Durant les déplacements dans la pièce ensuite,
Jamil court, mais ne va encore pas au sol. Les enfants de ce groupe vont tous
peu au sol, alors nous décidons de placer dans le parcours des barres
pour qu'ils passent en dessous à la place des barres à enjamber.
Le reste du parcours reste le même, afin qu'ils s'habituent à
celui-ci. Nous apporterons de la nouveauté plus tard, quand le cadre de
la séance sera mieux intégré.
Lorsqu'il faut passer en dessous des barres, Jamil est capable
de ramper. Ses mouvements sont alors moins précis et agiles que
lorsqu'il escalade le mobilier, mais la dissociation des membres est bien
présente. Encore une fois, il est difficile de le maintenir dans
l'activité : une fois les barres passées, Jamil se met debout et
court jusqu'aux agrès. Je suis obligée de le suivre et de le
ramener au parcours afin qu'il le finisse, il est important qu'il distingue
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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les moments de « travail » et les moments où
il peut faire ce qu'il veut. Je me questionne à nouveau sur la fonction
de cette fuite, est-ce purement une recherche de stimulations sensorielles
qu'il ne peut réprimer ? Ou est-ce aussi un moyen de fuir une
activité qu'il ne veut pas faire et qui pourrait le mettre en
difficultés sur le plan sensori-moteur ?
Je me questionne aussi sur la pertinence de ce qui est
proposé, s'il ne peut se passer d'informations sensorielles
vestibulaires et proprioceptives fortes, comment peut-il réaliser un
parcours entier qui en contient peu ? Le temps sensoriel libre où il
peut se stimuler comme il le souhaite se déroule en fin de
séance, comment tenir jusqu'à ce moment, alors même que le
besoin est là, maintenant ? De façon plus générale,
comment l'amener à une conscience du corps comme entité et non
plus comme objet de satisfaction sensorielle ?
Durant le temps sensoriel libre ensuite, nous installons un
ballon d'équilibre, constitué d'un demi-ballon fixé
à une plateforme ronde et rigide. Nous le posons sur le
côté planche, afin que le dôme du ballon serve de surface
sur laquelle rebondir ou tenir en équilibre. Jamil s'y intéresse,
il saute dessus en tenant les mains de la psychomotricienne. Son attention se
porte ensuite sur une corde que nous avons attachée sur la fixation de
la balançoire, il grimpe dessus, s'y balance. Il change rapidement
d'intérêt pour se diriger vers l'espalier, qu'il escalade et sur
lequel il se place en cochon pendu, les yeux fermés. Il se coince le
pied dans une barre de l'espalier, et semble ne plus savoir comment s'en
sortir. Il pousse des gémissements de plainte et essaie de tirer sur son
pied pour le sortir du barreau, mais n'y parvient pas. Je perçois
à ce moment de la peur chez Jamil, son tonus est élevé.
Quand la psychomotricienne s'approche pour l'aider à descendre, elle
pose sa main sur son ventre pour servir de soutien. Il dépose alors tout
son poids sur sa main, et lâche complètement l'espalier.
Sitôt qu'un appui humain lui est proposé, Jamil s'en sert comme
support à son corps tout entier.
Pour finir, nous entamons le temps calme, toujours dans les
mêmes conditions que la première séance. Encore une fois,
il est impossible pour Jamil de se poser sur ce temps, il éprouve encore
le besoin de bouger, toujours dans les mêmes mouvements d'ascension.
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