INTRODUCTION
La production piscicole mondiale a considérablement
augmenté au cours des 50 dernières années. Elle est
passée d'une contribution insignifiante de moins de 10% de la
quantité de production aquatiques destinée à la
consommation humaine dans les années 1970 à environ 50% à
l'heure actuelle. Elle a progressé à un taux annuel moyen de 9%
ces 30 dernières années. Aujourd'hui, 50% des poissons sur le
marché mondial proviennent de l'élevage, alors que cette part ne
représentait que 9 % en 1980 (FAO, 2012). L'aquaculture poursuit son
essor à un rythme plus rapide que celui de tous les autres secteurs de
production alimentaire d'origine animale (FAO et NACA, 2012). Cet essor
prodigieux est le résultat des recherches et d'innovations dans la
maîtrise de la conduite des élevages et surtout dans
l'alimentation.
Ces progrès spectaculaires de l'aquaculture ont
été observés dans certains pays de l'Asie et du pacifique,
de l'Europe et d'Amérique du Sud (Équateur, Pérou et
Brésil). Cependant ils restent moins visibles dans certaines
régions du globe telles que le continent Africain. En effet, l'Afrique a
contribué seulement à 2,2% de l'apport de poisson à la
consommation humaine en 2010 et l'Afrique subsaharienne à 0,6% en
dépit de son potentiel naturel et de ses longues années de
pratique de l'aquaculture (FAO, 2012). En Côte d'Ivoire, malgré
d'immenses potentialités physique, hydrologique (150 000 ha de lagunes,
350 000 ha de lacs et de nombreux bas-fonds etc...), climatique et humaines et
plus d'un demi-siècle d'efforts menés depuis les années
coloniales, la pisciculture n'a pas encore atteint une dimension
économique viable (FAO, 2008). La production aquacole nationale atteint
1200 tonnes depuis les années 2000, et elle est estimée à
seulement 3720 tonnes en 2012 alors que les besoins annuels en ressources
halieutiques s'élevent à 300 000 tonnes/an (FAO, 2008, 2014). La
production halieutique totale est de 75 611 tonnes en 2012 (FAO, 2014).
En effet, l'aquaculture ivoirienne connait plusieurs
difficultés telles que la faible disponibilité d'aliment de
qualité de moindre coût, l'absence d'assistance technique, le
faible niveau d'éducation des pratiquants, l'insuffisance des
connaissances sur la production piscicole, l'absence d'organisation dans le
secteur de la pisciculture et le faible niveau de financement (FAO, 2008,
Brechbühl, 2009). Par ailleurs, les interactions entre le type
d'exploitation, les prix
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des intrants de production, la qualité et le coût
de l'aliment utilisé, les pratiques piscicoles, les sytèmes
d'élevage utilisés, les carastéristiques
géographique et le profil socio-économique des pratiquants
affectent la productivité des fermes (New, 1987 ; Shang et Tisdell, 1997
; Lacroix, 2004). Selon CIFA (1998) et FAO (2008), les systèmes de
production les plus pratiqués en Afrique de l'Ouest, voir en Côte
d'Ivoire sont les systèmes extensifs et semi-intensifs en
majorité par de petits opérateurs agricoles dans des
étangs en zones rurales et peri-urbaines. De plus, Layrol (1996) Gabriel
et al., (2007) et Crentsil et Ukpong (2014) rapportent l'utilisation
massive de sous-produits agro-alimentaires d'origine végetale de moindre
coût et à faible valeur nutritionnelle comme aliment pour nourrir
les poissons d'élevage sur la plupart des fermes piscicoles de l'Afrique
Sub-Saharienne.
Il apparaît dès lors indispensable d'identifier
les différents sous-produits agricoles locaux utilisés par les
pisciculteurs pour nourrir les poissons en Côte d'Ivoire afin de
déterminer l'influence de cette pratique sur la croissance des poissons
et la productivité des fermes piscicoles. La présente
étude se propose donc dans un premier temps de déterminer les
caractéristiques nutritionnelles et physiques des sous-produits
utilisés pour nourrir les poissons d'élevage et dans un
deuxième temps de déterminer les conditions d'utilisation
(Système, espèces élevées, caractéristiques
socio-économiques des pisciculteurs, localisation des fermes), enfin
dans un troisième temps d'évaluer l'influence de leur utilisation
sur la croissance des poissons et la productivité des fermes en
Côte d'Ivoire.
Notre étude présente trois chapitres : Le
premier chapitre est relatif aux généralités sur la
pisciculture, les espèces élevées en Côte d'Ivoire,
les besoins nutritionnels des poissons et les sous-produits agro-alimentaires
utilisés dans l'alimentation des poissons. Le deuxième chapitre
concerne le matériel et les méthodes qui nous ont permis de
conduire cette étude et enfin le troisième chapitre
présente les résultats obtenus suivi de la discussion.
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