1. LES FACILITES SCOLAIRES ET SANITAIRES
Aussi étonnant que cela puisse paraître dans la
zone subsaharienne de l'Afrique, il existe de nombreux enfants intelligents et
volontaires mais qui ne peuvent s'offrir le luxe d'aller à
l'école. La non scolarisation et même la sous-scolarisation ont
plusieurs motivations. L'absence de frais d'écolages est la principale
motivation de la non scolarisation et la sous-scolarisation. « Le
retard de développement du secteur de l`éducation en Afrique
subsaharienne est principalement dû à une allocation insuffisante
des ressources financières. »234. Les politiques
sociales vont donc s'accentuer permettant d'apporter de l'aide à ceux
qui ne réunissent pas les conditions financières pour aller
à l'école. En Afrique subsaharienne, une mesure avait
été arrêtée selon les exigences des OMD à
savoir la gratuité de l'école primaire et des manuels scolaires.
Même si cela demeure un véritable serpent de mer, cette mesure
sociale est fondamentale pour les couches les plus vulnérables de nos
sociétés.
Au Cameroun, certains établissements prévoient
des quotas de paiements pour les orphelins et les autres cas
d'élèves en situation familiale difficile. Au Collège
Catholique Père Monti, établissement privé confessionnel
situé dans une banlieue de Yaoundé, Mfou, il existe un programme
de soutien aux orphelins, aux handicapés et autres enfants
démunis. Il s'agit sur les milliers d'élèves que comptent
le collège d'identifier environ 500 d'entre eux qui se retrouvent dans
les cas suscités. Le promoteur de cet établissement, religieux de
nationalité italienne, le Père Sergio Standini attribue à
ces élèves sélectionnés des parrains qui sont
des
233 J-M. Ela, 1994, Afrique, l`irruption des pauvres
sociétés. Contre ingérence, pouvoir et argent, Paris,
Harmattan, p. 266.
234 Performances Group, l'éducation en Afrique
Subsaharienne panorama, problématiques et défis, avril 2013,
p.11.
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DE MEDECINS SANS-FRONTIERE ET DE CARITAS EN AFRIQUE SUBSAHERIENNE
donateurs occidentaux qui financent 75 % des frais de
scolarité235. La partie restante doit être
assurée par la famille. Les élèves en question ont une
obligation de réussite pour être bénéficiaires
fidèles pendant tout leur parcours scolaire. Ce soutien scolaire peut
être effectif à court terme pour certains et à long terme
pour les autres. Les situations divergent par ce qu'il peut arriver les cas
où la situation familiale s'améliore et l'année suivante,
l'enfant est pris en charge totalement par la famille ou un proche. Le chef
d'établissement des dix premières années de cette
expérience, Kuba Kalabaye a confié que, malgré cette
politique, certaines familles ne parvenaient pas à s'acquitter du reste
des frais de scolarité. Nous avons aussi en Afrique, les cas de
distributions gratuites des manuels scolaires et du matériel dans les
zones urbaines et les zones rurales. On peut rester au Cameroun avec les
oeuvres de l'ONG ASCOVIME qui a un volet scolaire. Elle procède à
la distribution du matériel scolaire aux élèves dans tout
le pays. En 2012, 4964 élèves ont bénéficié
du matériel scolaire et 2013, 4045 élèves ont
également eu droit à ce geste humanitaire.236 ASCOVIME
ne facilite pas seulement l'humanitaire scolaire, il a aussi un volet
sanitaire.
En Afrique subsaharienne, la pauvreté et la
santé sont liées. La santé a un prix et son coût
s'avère parfois dissuasif pour ceux qui n'ont pas d'argent. Pourtant la
santé est un service vital et on devrait transcender le problème
du coût exorbitant des services sanitaires. Les indigents sont à
la risée des humiliations et des maladies qu'ils sont incapables de
soigner. « En Afrique subsaharienne, l'accessibilité aux soins
reste faible, en particulier en zone rurale. Dans de nombreux pays, les taux
d'utilisation des services de santé atteignent rarement 0,5 contact par
personne et par an1. Dans ce contexte, la situation des indigents est
évidemment la plus difficile. De nombreuses politiques de santé
tentent d'y remédier »237.
Pour y parvenir les gouvernements de la zone saharienne ont
adopté de nombreuses mesures à l'instar des politiques de
paiement d'exemption des soins sanitaires par les pauvres, les paiements
différés, les paiements en nature, les tarifs
différenciés, les subventions pour les mécanismes de
prévention et du traitement des maladies transmissibles, la fourniture
des
235 La scolarité vers les années 2005 à 2010
était d'une valeur de 230 .000 FCFA.
236 Les statistiques sont rendues disponibles dans son Rapport de
2013, Association des compétences pour une vie meilleure, plaquette de
présentation de 2013 p.4.
237 Kaddar Miloud, Stierle Friedeger, Schmidt-Ehry Bergis,
Tchicaya Anastase. L'accès des indigents aux soins de santé en
Afrique subsaharienne. In: Tiers-Monde, tome 41, n°164, 2000.
Disparités régionales et globalisation, organisations paysannes
et marchés, ... p. 905.
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DE MEDECINS SANS-FRONTIERE ET DE CARITAS EN AFRIQUE SUBSAHERIENNE
médicaments gratuitement ou à faible
coût... L'initiative de Bamako238 et la
conférence de Alma-Ata ont conduit les Etats africains à
mobiliser les énergies pour les soins de la santé primaires. Les
soins de santé primaires sont définis par la conférence
d'Alma-Ata239 : « les soins de santé essentiels
universellement accessibles à tous les individus et toutes les familles
de la communauté par des moyens qui leur sont acceptables, avec leur
pleine participation, et à un coût abordable pour la
communauté et le pays ».
La Tanzanie est l'un des Etats africains où les
facilités sanitaires ont été mises en oeuvre. « La
politique de santé a été orientée depuis 1986 vers
« la création d'une médecine préventive de masse,
mieux à même de profiter à toutes les couches de la
population urbaine et rurale, et I 'extension des soins primaires qui requiert
peu d`infrastructures et fait davantage appel à la participation de la
population » (commentaire officiel en réponse à la
6éme enquête des Nations unies, 1990). »240 .
Dans ce même pays, le programme Iringa a été mis
en place en 1983 avec 170 villages bénéficiaires et en 1989 avec
620 villages bénéficiaires. Il s'agit d'un accompagnement
sanitaire de ces populations rurales à travers des conseils
d'hygiène et la fourniture des soins sanitaires comme les vaccinations,
d'autres soins préventifs et curatifs. Barbier et Cantrelle
révèlent qu'à l'issue du programme la malnutrition a
été réduite à 60 %.241 Nombreuses sont
les premières dames d'Afrique qui s'investissent dans la politique
sociale sanitaire à travers leurs fondations.
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