1. LE CARACTERE PONCTUEL ET TEMPORAIRE
Ce caractère est clairement déterminé par
le Professeur Bettati :« Cette assistance est purement humanitaire et
est destinée à protéger le droit aux soins, le droit
à la vie, le droit au droit »156. Le
caractère ponctuel de l'action humanitaire en urgence signifie qu'elle
est exacte et immédiate. Aussitôt il y a souffrance,
aussitôt il y a une réponse. On est dans le principe souffrance et
réaction. « L`action humanitaire est naturellement
condamnée à être une activité ponctuelle
»157. C'est à partir de là que l'on ressent
la force et la dextérité des acteurs humanitaires qui doivent
proposer la mesure à prendre pour faire face à la souffrance des
victimes. L'attente trop longue d'une assistance humanitaire a pour effet de
prolonger les civils et les blessés dans le chaos. L'effet induit de
cette action humanitaire urgente ponctuelle est l'improvisation. Il faut
improviser par ce qu'il n'est pas toujours évident pour les humanitaires
de procéder à une anticipation.
154 L`humanitaire impossible ou deux siècles
d`ambiguïté, op cit, p.93.
155 A-L Maïola, « Médecins Sans
Frontières et la gestion des catastrophes naturelles : standardisation
et limites de la logistique en situation d'urgence », Mondes en
développement 2007/1 (n° 137), p.84.
156 M, Bettati et B.Kouchner, le devoir d`ingérence,
op cit, p. 25.
157 A-D, Olinga , op cit, p.96.
Page 61
L'HUMANITAIRE ENTRE URGENCE ET PERMANENCE : LES ACTIVITES
DE MEDECINS SANS-FRONTIERE ET DE CARITAS EN AFRIQUE SUBSAHERIENNE
Reste à se demander quelle est la durée de
l'action humanitaire urgente ? Toute réponse tranchée serait peu
commode. Dans l'urgence, c'est le moyen terme qui prévaut, même si
des politiques de développement et de résilience suivront. Mais
il peut arriver que le conflit prenne plus de temps comme le cas congolais.
L'Agence française de développement dans une de ces publications
a posé le problème du temps de l'urgence à travers des
déclarations d'acteurs humanitaires. La durée de l'urgence n'est
pas facile à déterminer et varie d'un cas à l'autre.
« C`était toujours une urgence, même 2-3 mois
après le tremblement de terre, car les gens devaient aller chercher
l`eau très loin ». « La phase d'urgence, c'est disons 4
mois ». « L'urgence, c'est pendant les 5 premiers jours, qui souvent
sont les 10-15 premiers... ». « L'urgence au sens propre du terme,
c'est les 15 premiers jours, les trois premières semaines ». «
Six mois après le tremblement de terre, le gouvernement déclare
l'urgence terminée, même si c'était loin d'être le
cas ; car par exemple c'était toujours très difficile d'atteindre
certains endroits ». « C'est de l'urgence, mais ce n'est pas de la
première urgence ; en effet, considérant l'isolement des
populations et le manque d'infrastructure, la situation se caractérise
par l'existence de réseaux menacés par un risque sérieux
d'effondrement, avec l'accès à l'eau complètement
coupé pour une grande partie de la population »
»158. Mais l'action humanitaire urgente ne peut
s'éterniser, elle a un temps malgré la durée. Sa
durée traduit son immensité.
|