4.3.2 Les institutions du système judiciaire
Le système judiciaire nous renvoie à un ensemble
de maillons, tels que les justiciables, la police, les autorités
judiciaires, les tribunaux. Le dysfonctionnement d'un des maillons met tout le
système en déséquilibre79. Mais dans la
période de 2000-2011, tout le système judiciaire, comme celui de
la politique, est malade. BOURGEOT Gina, dans son mémoire de sortie, a
écrit : « Depuis déjà plus d'une vingtaine
d'années, l'institution judiciaire haïtienne est sur la
79 Emerson JEAN BAPTISTE, Violence et rapport
social dans le milieu urbain haïtien : les cas de Cité Soleil et de
Martissant, 2004-2012, UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À
MONTRÉAL, Thèse pour le Grade de Docteur en Sociologie, p133.
82
sellette. Les causes généralement
invoquées de son mauvais fonctionnement semblent provenir de diverses
sources, à savoir : lenteur des procédures de jugement,
corruption des juges, obsolescence des codes, inadaptation des lois,
délabrement des infrastructures physiques y relatives,
rémunération dérisoire des dispensateurs de justice.
Pour ne mentionner que les plus saillantes. Bref, l'institution judiciaire
haïtienne est défaillante aussi bien dans son organisation, dans sa
structure que dans son fonctionnement. En outre, ce système est
sévèrement critiqué en raison de sa subordination au
pouvoir exécutif, de son outrancière politisation et surtout de
la corruption qui gangrène le système80 ».
Si l'appareil judiciaire haïtien se relève de plus
en plus défaillant, notamment dans la période de 2000 à
2011, nous pouvons aborder la question sur l'angle de l'action et de la
réaction : « Diabolisation, Violence et
insécurité ».
Par diabolisation, on entend le fait de transformer, au sens
propre ou au sens figuré, des acteurs de la société en
forces du mal personnifiées par un être avec lequel toute
conciliation est, par essence, impossible et condamnable. [...] la passion de
détruire va se déployer sur le terrain des querelles politiques.
Elle va transformer ces querelles en rapports entre ennemis (A. Corten, 2001,
cité dans Ely Thélot, 2017, p156). De ce point de vue, nous dit
Thélot, le politicien haïtien n'a pas d'adversaires. Il a des
ennemis diaboliques qu'il met tout en oeuvre pour détruire.
La destruction de l'autre dans le jeu politique n'est pas une
question simpliste. Elle peut revêtir de plusieurs casquettes :
manifestations violentes suites aux décisions officielles,
l'insécurité, et le phénomène des quartiers de
non-droit. A la fin du 2e millénaire, cinq après le
retour de l'ordre constitutionnel, l'haïtien se retrouve en butte à
un climat d'insécurité qui enlève le sommeil.
Paniqués, nos intellectuels et chercheurs pensent en vain les racines,
les causes de ce mal profond. Il en arrive même à parler de
terrorisme d'Etat81. Les violentes manifestations de l'année
2001, 2003, 2004, l'émeute de 2008 et la manifestions violentes des
Cayes en faveur de M. Martelly en sont des cruciaux témoignages.
Dans les colonnes du plus ancien quotidien haïtien, nous
pouvons lire : « L'insécurité grandit. Elle82
frappe dans toutes les classes sociales, ici, à Port-au-Prince. Des
personnes connues se
80 BOURGEOT Gina, Le système judiciaire
en Haïti et les obstacles qui paralysent son développement,
Université d'Etat Haïti (Faculté de Droit et des Sciences
Economiques de Port-au-Prince) - Licence en Droit 2001, Disponible sur
Mémoire Online.
81 PROSPER Avril, Le livre noir de
l'insecurite, Page 79
82 OFRA, « Haïti : la situation
sécuritaire », 29 aout 2016.
83
font exécutées suite à leur
enlèvement et une rançon versée83. » Les
raisons de l'insécurité évoquées par OFRA sont
d'abord le contexte économique désastreux (le coté
social), et ensuite le contexte de l'instabilité politique.
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