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Cadre institutionnel, aide publique au développement et développement socioéconomique et politique en Haïti de 2000 à  2011.


par Smith Paul
Université d'état d'Haïti - Licence en Administration Publique  2019
  

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4.3 Autres facteurs intervenant dans la gestion de l'APD

4.3.1 Les institutions politiques et l'environnement politique

« La communauté politique haïtienne est constamment menacée d'effondrement [...] Toujours hésitant quant à l'adoption d'un système de normes et valeurs apte à garantir l'intégration de tout un chacun, l'Etat haïtien pourrait être défini à partir de trois caractéristiques fondamentales : inachèvement, défaillance, extraversion77. » Ce constat du sociologue Thélot nous donne une vue claire et précise de l'environnement politique du pays, tant du côté des acteurs que celui des institutions. Les règles du jeu politiques sont toujours bafouées, et les institutions sont d'autant plus incompétentes qu'illégitimes.

Depuis la chute des Duvalier, le nouveau contrat adopté par les citoyens de la cité s'inscrit dans l'approche démocratique. Or, qui dit démocratie dit du coup élections, car on ne saurait pas parler de démocratie sans parler d'élection. Ce qui nous amène à considérés les paramètres électifs dans le climat du jeu politique haïtien, qui nous offre non seulement un aspect institutionnel, mais aussi du point de vue des acteurs, des postulant.

En 2000, Jean-Bertrand Aristide est réélu lors d'élections dont le taux d'abstention est estimé à 90% par l'ONU. Cette faible légitimité du président a rapidement donné lieu à un conflit social qui a atteint son paroxysme en 2004, lorsque Jean-Bertrand Aristide fut contraint de quitter le pays sous l'escorte des forces spéciales états-uniennes. Depuis, la santé démocratique du pays continue de se détériorer, en dépit de la réélection de René Préval, en 2006, et de l'élection de Michel Martelly en 201178. »

Commentant la situation politique-démocratique du pays, Suzy Castor (2013), relève quatre paradoxes dans le jeu politique haïtien en ce qui a trait à la rotation du pouvoir :

» Premier paradoxe : État faible mais gouvernement omniprésent.

77 Ely Thélot, L'hégémonie du provisoire en Haïti. Aux origines de nos turbulences, Editions de l'Université d'Etat d'Haïti, Port-au-Prince, 2e éditions, 2017, p142.

78 Nicolás Pedro Falomir Lochakrt, Haïti : une démocratie sans élections ni institutions ? Centre d'études interaméricaines, Institut québécois des hautes études internationales, Université Laval Québec (Québec), CANADA, G1V 0A6, Février 2015.

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» Deuxième paradoxe : une société fragilisée et des élections de plus en plus coûteuses. Le coût des élections soulève des interrogations. Est-il en effet légitime que des sommes colossales soient dépensées dans un contexte général de pauvreté et de rareté des ressources, pour élire un candidat alors que les demandes sociales adressées à l'État ne cessent d'accroître ? [...] En 2010, l'international a voté $ 29 millions US pour le fonctionnement de l'appareil électoral. » Troisième paradoxe : Élections nationales et tutelle internationale : c'est la logique du qui finance, commande.

» Quatrième paradoxe : Officiellement élections satisfaisantes mais toujours contestées. Elle rejoint dans cette perspective Leslie Péan car, pour lui : « Les élections, au lieu d'être une manière légitime de désigner les gouvernants, deviennent plutôt une source de conflits et de crises politiques. »

A emprunter le commentaire de Castor, l'on dirait que tous ces paradoxes concourent d'abord, à affaiblir d'abord nos institutions de sauvegarde de la démocratie et ensuite à piétiner notre démocratie même comme régime politique. En effet, les institutions ne cessent d'être démontrée non à la hauteur de leur tâche, et la population ne cesse d'afficher son mécontentement devant un Etat faible, instable et discontinue. Contrairement aux principes de la démocratie, les élections ne concourent pas vraiment au bien de la démocratie en Haïti. Et tous ces problèmes d'ordre politique ne concourent qu'affaiblir l'Etat, de son point de vue politique. Ely Thélot (2017) a écrit : « Haïti représente le seul pays du continent américain à figurer sur la liste des vingt Etats les plus défaillant du monde contemporain. [..] l'Etat haïtien est un Etat défaillant dans la mesure où l'Etat contemporain est défini comme une entreprise politique de caractère institutionnel lorsque, et en tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime. »

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