Cadre institutionnel, aide publique au développement et développement socioéconomique et politique en Haïti de 2000 à 2011.par Smith Paul Université d'état d'Haïti - Licence en Administration Publique 2019 |
4.2 Gestion de l'APDEn Haïti, l'aide au développement et les stratégies de lutte contre la pauvreté commencent à affluer réellement dans les années 60-70. Bien que soumis à des fluctuations du fait d'évènements politiques et de catastrophes naturelles, le soutien international n'a pas cessé depuis (CREFAS, Janvier 2013). Dans ce tableau ci-dessous, on présente de 2000 à 2011 le flux de l'aide publique au développement. 208010 170330 155770 212520 298800 425810 581480 716920 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Flux d'APD (en milliers de $US) flux d'APD () 927310 1129700 3073470 1691760 75 Tableau 11: évolution de l'APD nette offerte
à Haïti 2000 à 2011
Source : Banque Mondiale, https://donnees.banquemondiale.org , 9 avril 2019 Essayons de représenter à l'aide d'un graphe, la courbe tendancielle de l'APD destinée à Haïti au cours de la période d'étude. 76 Interprétation des données du tableau De 2000 à 2003, l'APD allouée à Haïti n'a presque pas changé de tendance. De hauts et des bas non significatifs. A partir de 2004, on commence timidement à constater des changements : une tendance à la hausse. Ceci peut clairement s'expliquer par les catastrophes naturelles de l'année 200473. En 2005, la hausse tendancielle continue de faire son chemin. Peut-être à cause des cyclones et inondations74. De 2005 à 2008, l'APD a doublé (avec un pourcentage 217%). Cette même année, quatre cyclones ont frappé le territoire national. Peut-être l'aide était-elle destinée à une fin humanitaire et de reconstruction d'infrastructure. L'année 2010 allait être l'année de l'aide publique par excellence. Cette année, elle a presque triplée l'année d'avant (2009). De toute évidence, cela est expliqué par le séisme de cette même année qui a secouée tout le pays. Et c'est pourquoi en 2011, l'aide a considérablement diminuée passant de 3 milliards a 1,6 milliard. En somme, au cours de la période d'étude, c'est-à-dire de 2000 à 2011, l'aide à augmenter de 813%, une augmentation réelle de 1 483 750 000$ US. Si le Gouvernement fait savoir qu'il « a [...] un pouvoir et un devoir [...] d'affirmer sa volonté politique de diminuer progressivement sa dépendance par rapport à l'aide75 ». Dans la section suivante, nous présenterons quelques autres institutions intervenant dans la gestion interne de l'APD. 4.2.1 Assistance internationale et gestion d'ordre interneDans la section précédente, nous avons vu que le cadre institutionnel haïtien de l'APD l'accent étant mis sur le MPCE. S'il est vrai que le MPCE fait beaucoup d'effort dans le souci non seulement d'appliquer les voeux de l'internationale mais aussi de rendre l'APD au service du développement national, il faut aussi comprendre qu'il fait face à un ensemble de menace tant internes qu'externe : des influences politiques ainsi que des lacunes administratives. Ce qui peut le rendre faible ainsi que bien d'autres. Et comment des institutions faibles peuvent jouer efficacement leur rôle ? et ces institutions sont dirigées par des fonctionnaires ou des hommes politiques qui sont, selon l'approche du Public Choice, des homo economicus, c'est-à-dire des êtres rationnels qui voient l'Etat, surtout dans le cas d'Haïti, comme étant une source de revenu. 73 En 2005, trois cyclones : Denis, Wilma et Alpha sont déversées sur Haïti et ont touché respectivement la côte Sud, l'Ouest et le Nippes. On avait enregistré plus d'une vingtaine de morts et environ 500 sans-abris. 74 En 2008, quatre cyclones : Fay, Gustave, Anna et Ike sont déversées sur Haïti. Le bilan était de plus de 140 morts, plus de 3 000 maisons détruites et environ 11 500 endommagées. 75 MPCE, Cadre de Coordination de l'Aide Externe au Développement d'Haïti, Port-au-Prince, Septembre 2012, p11. 76 TROUILLOT, Lyonel, « Impérialisme : il faut des formes de déconnexion et de résistance », in Le Nouvelliste cité dans SEINTENFUS, Ricardo, L'échec de l'aide internationale à Haïti, Editions de l'UEH, 2015, p324, 330. 77 Si le cadre institutionnel public haïtien en général est malade, il est clair et évident qu'il ne peut faire une gestion saine et efficace de l'aide publique. A titre d'exemple, nous pouvons prendre les élections de 2010 et le tremblement de terre comme des faits marquants. En effet, la communauté internationale souhaitait faire table rase du système politique haïtien aux élections présidentielles de 2010 pour permettre l'avènement d'une nouvelle classe politique. Pour ce faire, elle [la communauté internationale en la personne de Edmond Mullet] a choisi de soutenir un prétendu néophyte en politique : Michel Martelly. Voilà pourquoi Lyonel Trouillot a écrit : « Le représentant de l'Union Européenne et l'ambassadeur des USA ont un énorme pouvoir de décision sur ce qui est fait en Haïti. Ce sont eux qui disent s'il y aura ou non d'élections. Ce sont eux qui les valident, dans les faits, qui décident que, fraude ou pas fraude, quelque soit le taux de participation, le résultat est acceptable76 (Voir Ricardo Seitenfus, 2015). Dans ce sens, l'aide, en général pose problème, et est un défi pour l'administration publique haïtienne et la société en général. Outre le MPCE, la gestion interne de l'aide publique au développement en Haïti est assurée par un ensemble d'institutions dont : Le Bureau de Monétisation des Programme d'Aide au Développement (BMPAD) Le BMPAD a remplacé en 2007 le Programme d'Alimentation et pour développement dont la mission était de gérée exclusivement l'aide américaine depuis 1985 ; le BMPAD est sous la tutelle du MPCE. Fort de son dynamisme et sa bonne performance, cinq autres bailleurs lui confiée la gestion de leurs aides : Le Canada, l'Italie, l'Espagne, la France et le Japon. Actuellement il est chargé d'exécuter les projets de la BM ainsi que les fonds provenant de l'accord provenant de l'accord Petro Caribe (J. R. Lahens, 2014). Dans le cadre de sa mission de monétisation des dons en espèce ou en nature de la communauté internationale, le BMPAD commercialise sur le marché local, des denrées ou des produits reçus dans le cadre des accords de dons ou de prêts intervenus entre le gouvernement haïtien et les donateurs/bailleurs de fonds. Le Fonds pour la Reconstruction Haïtienne (FRH) Mis sur pied en octobre 2011 pour une durée de sept ans, le FRH était créée dans le même objectif avec le CIRH, mais la disparition de celle-ci après 18 mois de son mandat sans être renouvelé par le Parlement comme c'était de voeu du président d'alors (R. Seitenfus, 2015), le 78 FRH devenait in opérationnel. Et le MPCE devenait son partenaire immédiat au niveau local (Lahens, 2014). |
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