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Le consentement du délinquant en droit béninois de la procédure pénale


par Moyaro Abass Wassy OLAGBADA
Université d'Abomey-Calavi - Master en Droit Privé Fondamental 2018
  

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Section 2 : L'exigence exceptionnelle du consentement du délinquant au Travail d'intérêt général

Véritable mesure alternative à l'emprisonnement, le travail d'intérêt général davantage soucieux de l'humanité du délinquant requiert pour sa mise en oeuvre le consentement de ce dernier. En effet, le travail d'intérêt général dont la

167 Article 452 alinéa 2 du CBPP.

168 GUINCHARD (S.) & BUISSON (J.), op. cit. p. 455.

169 Articles 199 et suivants du code béninois de procédure pénale.

170 Crim., 10 nov. 1947, Belhomme ; D. 1988, inf. rap. 13.

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signification parait confuse171 dans la législation béninoise y relative172, peut selon la doctrine, être définie comme une obligation pour la personne condamné d'effectuer des heures de travail au profit d'une personne morale de droit public, d'une personne morale de droit privé chargée d'une mission de service public ou une association habilitée sans être rémunérée173. Soumis aux prescriptions du code de travail relatives au travail de nuit et à la sécurité au travail, le travail d'intérêt général fait figure d'exemple lorsqu'il est question de socialisation du délinquant174. En effet, outre le pouvoir discrétionnaire du juge en la matière, la peine de travail d'intérêt général ne peut être prononcée à l'encontre du prévenu qui la refuse175. Le délinquant doit donc nécessairement consentir à sa condamnation à ladite peine (Paragraphe 1). Ce qui, logiquement, implique son consentement à l'exécution de l'activité qui en résulte (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le consentement du délinquant à la condamnation au Travail d'intérêt général

Bien qu'en apparence bénéfique pour sa personne, la loi n'a pas voulu imposer au délinquant une situation qui dans de pareilles circonstances pourrait

171 Aux termes de l'article 1er de loi portant travail d'intérêt général au Bénin, « lorsqu'un délit est puni d'une peine d'emprisonnement, la juridiction peut prescrire que le condamné accomplira, pour une durée de quarante (40) à deux cent quarante (240) heures, un travail d'intérêt général, non rémunéré, au profit d'une personne morale de droit public ou d'une association agréée.».

172 Il s'agit en l'occurrence de la loi n°2016-12 du 16 juin 2016 portant travail d'intérêt général en République du Bénin ; Adoptée à cette date par l'assemblé nationale du Bénin, ladite loi a été déclarée conforme à la constitution et rendue exécutoire par décision de la cour constitutionnelle du Bénin en date du 31 janvier 2017 ; ladite décision étant publiée au Journal Officiel de la République du Bénin paru le 1er juin 2017.

173 BEZIZ-AYACHE (A.) & BOESEL (D.), Droit de l'exécution de la sanction pénale, Editions Lamy, 2010, p. 91.

174 « Le travail d'intérêt général offre au délinquant la possibilité de réparer ses torts de façon constructive tout en favorisant l'enrichissement personnel et le respect de soi-même. Le délinquant peut ainsi réaliser que la criminalité porte préjudice à la société, et celle-ci peut se rendre compte que le délinquant peut apporter une contribution constructive et non destructive à la communauté. » Cf. Le Travail d'Intérêt Général, Guide Pratique, publié par Pénal Reform International et le Comité national du Zimbabwe sur le Travail d'intérêt général, 1997, p. 1.

175 Article 2 de la loi 2016-12 op. cit.

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s'apparenter à un travail forcé176, longtemps éradiqué des moeurs béninoises177. C'est donc pour cela qu'au-delà de la simple exigence du consentement, la loi dispose que celui-ci doit spécifiquement émaner de la personne du délinquant (A), préalablement informé des contours de la chose, et donc un consentement éclairé (B).

A) Le consentement personnel du délinquant

Le délinquant, même si sa volonté à la phase décisoire du procès pénal est subrogée par celle de son conseil, doit nécessairement et personnellement consentir à sa peine de travail d'intérêt général. En effet, puisqu'il consiste en un travail non rémunéré, le travail d'intérêt général ne peut être prononcé qu'à l'encontre d'un délinquant présent à l'audience178. De ce fait, l'avocat du prévenu ne peut représenter son client sur ce point et ce, même s'il dispose d'un pouvoir de représentation sur cette question précise. Ainsi, en disposant que la peine de travail d'intérêt général ne puisse être prononcée contre un prévenu qui n'est pas présent à l'audience179, le législateur entend certainement protéger le délinquant dont le consentement par procuration pourrait être donné pour une peine dont il ignore les réels contours.

Mieux, l'on pourrait voir dans cette nécessité de présence, une volonté du législateur de prendre à témoin le délinquant qui, plus tard, pourrait se prévaloir de son absence pour s'opposer à l'exécution des obligations pour lui découlant de son consentement à ladite peine. Cela participe du renforcement de l'efficacité de la justice pénale et de la meilleure adaptation de la réponse pénale.

176 Le travail force est défini comme `'Tout travail ou service exigé d'un individu sous la menace d'une peine quelconque et pour lequel l'individu en cause ne s'est pas offert de plein gré (...).» V. SETH KUAMI (S.), Le travail dans l'Afrique traditionnelle et les difficultés du développement actuel, Thèse, faculté libre de technologie protestante, Paris 1975, p. 44.

177 L'éradication du travail forcé des moeurs béninoises s'est faite par nombre d'instruments juridiques tels, la convention de l'OIT de 1930 sur le travail obligatoire, la convention de l'OIT de 1936 sur le recrutement des travailleurs, la convention de l'OIT 1939 sur les contrats de travail, la constitution béninoise du 11 décembre 1990, la loi n°98-004 du 27 janvier 1998 portant code du travail en république du Bénin, etc...

178 Crim. 2 fev. 2010, n°09-85.561; Crim. 10 Nov. 2009, n°09-85.560.

179 Article 2 op. cit.

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Cependant, bien que présent à l'audience, le délinquant, pour, valablement, consentir, doit bénéficier de certaines garanties telles le droit d'être informé de la possibilité de refuser la peine proposée, et ce dans l'optique d'un consentement éclairé.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore