A. L'imposition contemporaine du revenu
Le groupe de mots « imposition contemporaine du
revenu » s'entend comme : « une pratique d'établissement et de
perception par anticipation de l'impôt sur le revenu des personnes
physiques ou morales par le biais des acomptes et précomptes au moment
même de la formation de celui-ci. 175» Cette
pratique qui à ce jour tend à se généraliser
à tous les impôts, est venue enrichir le système
déclaratif qui manifestait les signes d'essoufflement en raison du
contexte socio-économique et de la fâcheuse tendance des
contribuables virtuels à évoluer en marge de la
réglementation176. L'impôt sur le revenu est
évalué sur la base des produits et des charges. Les entreprises
relevant du régime réel et du régime simplifié
doivent s'acquitter
175 MEKONGO (J.M.), Les enjeux de l'imposition contemporaine
du revenu au Cameroun, Mémoire DESS, Novembre 2001, 98p, p. 12 et s.
176 ALAKA ALAKA (P) et MBADIFFO KOUAMO (R), Fiscalité
et comptabilité le principe d'évaluation des impôts et
taxes leur comptabilisation selon le système OHADA,
1ère édition B et Co Conseils, février 2002,
305p. p. 27.
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spontanément au cours de l'exercice d'un acompte
IS/BIC/BNC177. L'imposition indirecte est destinée à
être supportée en définitive par les consommateurs dans la
mesure où l'impôt est systématiquement
intégré dans le prix de vente des marchandises, le contribuable
le paie souvent sans s'en rendre compte. De ce fait, les impôts indirects
présentent une rentabilité élevée bien qu'assis sur
les consommations, faits intermittents, leurs perceptions se réalisent
tout au long de l'année à la différence des impôts
directs qui sont prélevés à un intervalle
régulier178
Les redevables soumis au régime réel et
simplifié d'imposition doivent déposer leur déclaration
dans les 15 jours de chaque mois suivant celui au cours duquel les
opérations soumises à l'acompte (1) ont été
réalisées. En tout état de cause ces acomptes font l'objet
de la retenue du précompte sur achat (2).
1. L'acompte d'impôt sur les
sociétés
Il est établi un impôt sur l'ensemble des
bénéfices ou revenus réalisés par les
sociétés et autres personnes morales. Cet impôt est
désigné sous le nom d'impôt sur les
sociétés179.
L'impôt sur les sociétés est
acquitté spontanément par le contribuable au plus tard le 15 du
mois suivant d'après les modalités ci-après :
Pour les personnes assujetties au régime réel,
un acompte représentant 2 % du chiffre d'affaires réalisé
au cours de chaque mois est payé au plus tard le 15 du mois suivant. Cet
acompte est majoré de 10 % au titre des centimes additionnels communaux.
Par contre les personnes assujetties au régime simplifié ont un
taux de prélèvement beaucoup plus élevé soit 5 % du
chiffre d'affaires réalisé au cours de chaque mois, et
payé au plus tard le 15 du mois suivant. Cet acompte est
également majoré de 10 % au titre des centimes additionnels
communaux. Pour les entreprises ne relevant pas du fichier d'un centre des
impôts, le taux de l'acompte est fixé à 10 %. Ce taux est
porté à 20 % pour les entreprises forestières lorsqu'en
plus, elles ne justifient pas d'une autorisation d'exploitation dûment
délivrée par l'autorité compétente.
L'acompte ci-dessus est retenu à la source par les
comptables publics et assimilés lors du règlement des factures
payées sur le budget de l'État, des collectivités
territoriales décentralisées, des établissements publics
administratifs, des sociétés partiellement ou
177 Impôts sur les Sociétés (IS),
Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC),
Bénéfices Non Commerciaux (BNC).
178 BETU MUTOMBO (C.L), L'élargissement de l'assiette
de la fiscalité indirecte par l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée, cours de Licence, Institut Supérieur de Commerce
(ISC/Kinshasa), année 2010 (inédit), 93p, p. 26 et s.
179 Article 2 du CGI.
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totalement à capital public, des entreprises du secteur
privé dont les listes sont fixées par voie
réglementaire.
Pour les entreprises forestières, il est retenu
à la source lors du règlement des factures d'achat du bois en
grumes ou débités. L'impôt retenu est reversé au
Receveur des impôts dans les mêmes conditions que les impôts
à versements spontanés.
Pour les entreprises de production relevant du secteur de la
minoterie, un acompte représentant 2 % du chiffre d'affaires
réalisé après abattement de 50 %. Cet acompte est
majoré de 10 % au titre des centimes additionnels
communaux180.
Pour les entreprises assujetties au régime du
réel et relevant des secteurs à marge
administrée181, un acompte représentant 14 % de la
marge brute est payé au plus tard le 15 du mois suivant. Cet acompte est
majoré de 10 % au titre des centimes additionnels communaux.
L'Administration Fiscale procède en tant que de besoin aux
contrôles et vérifications de l'effectivité des marges
pratiquées. Pour les impôts directs sur les revenus perçus
au profit de l'Etat, l'assiette consiste à calculer le montant des
revenus acquis par les contribuables au cours d'une période
donnée, sur laquelle l'impôt pourra être appliqué. La
doctrine définit le revenu comme la richesse qui provient d'une source
susceptible de la créer de façon renouvelée pendant un
temps plus ou moins long. De façon explicite, les revenus correspondent
soit à l'existence d'un capital productif (revenus fonciers, revenus des
valeurs mobilières, etc.), soit à l'exercice d'une
activité salaire rétribuant un travail, bénéfices
non commerciaux des professions libérales, etc. De cette
définition découle l'idée selon laquelle l'impôt
n'existerait que sur la base d'assiette, car tout impôt prend sa source
dans l'assiette182.Un taux est un rapport quantitatif,
exprimé en pourcentage, entre deux valeurs ayant la même
unité183. Il s'agit d'un véritable vecteur de
communication sociale184. Les taux d'assiettes en matière
fiscale varient d'un régime à l'autre surtout en fonction de la
taille de l'entité.
180 Il est institué au profit des communes, des
centimes additionnels sur les impôts et taxes ci-après
l'impôt sur le revenu des personnes physiques ; l'impôt sur les
sociétés ; la taxe sur la valeur ajoutée(TVA). Le taux des
centimes additionnels est fixé à 10 % du principal de
l'impôt concerné. Les centimes additionnels sont calculés
tant sur le principal que sur les majorations des impôts auxquels ils
s'appliquent et suivent le sort des éléments qui leur servent de
base. Voir article C54 (1), (2), (3), du CGI.
181 Sont considérés comme secteurs à
marge administrée au sens du Code Général des
Impôts, les secteurs de la distribution ci-après : produits
pétroliers et gaz domestique; produits de la minoterie ; produits
pharmaceutiques produits de la presse.
182 ODILON ODILON, Rapport de stage, Diplôme
Universitaire de Technologie (DUT), Institut Universitaire de Gestion, Bangui,
année 2009, 69p. p. 27.
183 Dictionnaire français Larousse.
184 CHADEFAUX (M.) et ROSSIGNOL (J.L.), La performance fiscale
des entreprises, Revue de Droit Fiscal n°30-35-27 juillet 2006, p. 144.
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2. Le précompte sur achat
Donnent lieu à perception d'un précompte : les
importations effectuées par les commerçants, y compris ceux
relevant de l'impôt libératoire ; les achats effectués par
des commerçants auprès des industriels, agriculteurs,
importateurs, grossistes, demi-grossistes, exploitants forestiers ; les achats
de produits pétroliers par les exploitants de stations services et les
achats de produits de base par les exportateurs ; les opérations
réalisées par les entreprises non détentrices de la carte
de contribuable.
Ne donnent pas lieu à perception d'un précompte
: les importations effectuées par les contribuables relevant des
unités de gestion spécialisées de la Direction
générale des impôts ; les achats effectués par
l'État, les communes et les personnes domiciliées à
l'étranger auprès des industriels, agriculteurs, importateurs,
grossistes, demi-grossistes, exploitants forestiers ; les achats
effectués par les industriels immatriculés et soumis au
régime du réel pour les besoins de leur exploitation.
Les précomptes sont constitués de deux (02)
sortes de taux. L'on a d'une part les taux ordinaires des précomptes (a)
et d'autre part les taux sanctions des précomptes (b).
a. Les taux ordinaires des
précomptes
La base du précompte est constituée pour les
importations, par la valeur en douane des marchandises. Il est perçu
ainsi qu'il suit : en ce qui concerne les importations, par le service des
douanes, dans les mêmes conditions que les droits de douanes ; dans les
autres cas, par le fournisseur ou l'acheteur de marchandises sous douane, qui
doit en effectuer le versement dans les quinze (15) premiers jours du mois qui
suit celui au cours duquel les opérations ont été
réalisées.
Le précompte n'est pas récupérable sur le
prix. Il est calculé sans majoration des centimes additionnels
communaux. Pour les contribuables du régime simplifié, le taux du
précompte est de 5 % du montant des opérations effectuées,
5 % du montant des opérations, pour les contribuables relevant de
l'Impôt Libératoire. Ce taux est de 2 % du montant des
opérations, pour les commerçants relevant du régime
réel. Les grandes entreprises ayant une autorisation à appliquer
un abattement de 50 % sur la base du calcul du précompte sur achats sont
fixées par arrêté du Ministre des Finances185.
14% sur la marge brute pour l'achat des produits à prix
administrés.
185 Arrêté n°002/MINFI/SG/DGI du 05 janvier
2017, fixant la liste des grandes entreprises autorisées à
appliquer un abattement de 50% sur la base de calcul du précompte sur
achats de leurs distributeurs adhérant aux centres de gestion
agréés.
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b. Les taux sanction des précomptes
On parle de taux sanction parce qu'ils s'appliquent aux
contribuables qui exercent leurs activités en marge de la
règlementation en vigueur. Ainsi, Le taux du précompte est de :
15 % du montant des opérations, pour les contribuables ne relevant pas
du fichier d'un centre des impôts et effectuant des opérations
d'importation. Ce taux est porté à 20 % lorsque ce contribuable
procède à des ventes sous douane ; 10 % du montant des
opérations pour les contribuables ne relevant pas du fichier d'un centre
des impôts, 10 % du montant des opérations pour les contribuables
relevant du régime de l'impôt libératoire et effectuant des
importations. Ces différents taux s'appliquent à tous les
contribuables qui violent la loi fiscale sans distinction des secteurs
d'activités et de centre d'impôt de rattachement.
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