Chapitre 1 :
Résistance bactérienne aux antibiotiques
1. Mécanismes de
résistance bactérienne aux antibiotiques
Les principaux mécanismes de résistance
bactérienne aux antibiotiques sont :
l'imperméabilité, la résistance par efflux, la
modification de la cible et la modification des antibiotiques(figure 1).
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Figure 1: Représentation
schématique des mécanismes de résistance aux antibiotiques
(Boutaletal.,2017)
1.1 Imperméabilité
aux antibiotiques
Bon nombre d'antibiotiques ont des cibles intracellulaires, ce
qui implique nécessairement la pénétration à
travers la membrane externe et/ou la membrane cytoplasmique pour avoir un effet
antimicrobien. La capacité des bactéries à
développer des mécanismes pour bloquer la diffusion des
antibiotiques à travers leurs membranes est
l'imperméabilité. C'est un phénomène très
répandu chez les bactéries à Gram négatif pour
lesquelles cette diffusion est médiée par des porines notamment
pour des antibiotiques comme les tétracyclines, les fluoroquinolones ou
les â-lactamines (Pagèset al.,2008). La résistance
médiée par les porines peut résulter de plusieurs
phénomènes comme le changement de type, de
spécificité ou de niveau d'expression de la porine.
1.2 Résistance par
efflux
Les pompes à efflux ont pour rôle
principall'expulsion des déchets issus du métabolisme
bactérien. Elles peuvent également être impliquées
dans les phénomènes de résistance aux antibiotiques en
limitant l'accumulation de la molécule au contact de sa cible. Une
surexpression de ces pompes a un effet délétère sur
l'efficacité des antibiotiques (Yasufukuet al.,2011). Ces
pompes peuvent être spécifiques d'une ou plusieurs familles
d'antibiotiques (Poole K et al., 2005).
1.3 Modification de la cible
Plusieurs phénomènes peuvent être à
l'origine de la modification des cibles d'action des antibiotiques avec pour
conséquence une perte ou une baisse de l'affinité des
antibiotiques pour celles-ci.
o Une modification de la cible suite à une mutation
dans le gène correspondant : c'est le cas de la mutation pour les
gènes de la gyrase ou de la topoisomérase IV qui confère
la résistance aux fluoroquinolones(Hooperet al.,
2002) ;
o Une modification enzymatique de la cible: méthylation
du ribosome générant une résistance aux
macrolides(Leclercq et al., 2002) ;
o Une modification par le remplacement de la cible :
acquisition par S. aureus d'une PLP exogène (PLP2a)
portée par le gène mecA à l'origine de la
résistance à la méticilline. Cette PLP a une faible
affinité pour les â-lactamines rendant tous les membres de cette
famille inefficace contre Staphylococcus aureus résistant
à la méticilline (SARM) (Hiramatsuet al.,2013);
o Une protection de la cible : l'exemple type est la
résistance à la tétracyclineau cours de laquelle la
bactérie résistante produit des protéines (TetO et TetM)
homologues aux facteurs d'élongation impliqués dans la
synthèse protéique. Ces protéines se fixent au ribosome et
délogent la tétracycline tout en modifiant la conformation du
ribosome empêchant l'antibiotique de se refixer (Donhoferet
al.,2012). Une autre protéine qnrconfère
également la résistance aux quinolones en agissant comme un
homologue de l'ADN qui se fixe sur les sites de liaison à l'ADN de la
gyrase et de la topoisomérase IV. Le nombre de complexes ADN/gyrase est
ainsi limité ce qui diminue le nombre de complexes gyrase/ADN
clivé/quinolone délétère pour la bactérie
(Strahilevitzet al.,2009).
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