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Le bien être des salariés comme levier de performance dans une entreprise mutualiste (Macif)

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par Grégory Blanchard
EM Lyon - Certification 2014
  

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PARTIE 2 :

LIMITES ET FREINS A LA PRISE EN COMPTE DU BIEN-ETRE AU TRAVAIL COMME VECTEUR DE PERFORMANCE ECONOMIQUE

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Le bien être des salariés comme levier de performance dans une entreprise mutualiste (Macif)

2 LIMITES ET FREINS A LA PRISE EN COMPTE DU BIEN-ETRE AU TRAVAIL COMME VECTEUR DE PERFORMANCE ECONOMIQUE

2.1 Les limites du paradigme selon lequel le bien-être des collaborateurs

influe sur la performance de l'organisation 2.1.1 Le degré de bien-être « marginal»

Et si la recherche du bien-être au travail comme facteur d'amélioration de la performance de l'organisation comportait des limites au-delà desquelles le bien-être ne produit plus d'effet, voire comporte des conséquences négatives pour l'entreprise?

Menant des recherches fondées sur la différence entre les modérément heureux et les très heureux, plusieurs chercheurs36 ont conceptualisé la notion de niveau optimum de bien-être. A la question de savoir si être plus heureux est toujours nécessairement mieux, ils constatent tout d'abord que, si tous recherchent le bonheur, l'absence d'émotion négative est préjudiciable.

Sans entrer dans les psychopathologies, on constate que les états déplaisants entraînent une motivation à l'action susceptible d'améliorer son niveau de satisfaction. Un très haut niveau de satisfaction empêcherait donc les individus d'atteindre leur plein potentiel. En outre, un très haut niveau de bonheur peut également être dommageable s'il produit des émotions positives dans une situation entraînant des conséquences inappropriées. Un ratio positif-négatif trop élevé est également préjudiciable et peut entraîner une modification du comportement, lequel a tendance à devenir plus rigide. Ainsi donc, ils conviennent qu'un niveau de bonheur qui n'est pas trop élevé est plus recommandé en termes de développement personnel et de compétences analytiques.

Un exemple pour illustrer ces résultats : les individus qui sont totalement satisfaits dans leur situation professionnelle sont alors moins disponibles pour l'acquisition de nouvelles compétences, changer de travail. À l'inverse, les personnes heureuses, mais à un degré moindre, sont plus flexibles et plus aptes à gérer de nouvelles situations.

Ainsi, en termes de performance, le niveau de bonheur optimal n'est pas nécessairement le niveau de bonheur le plus élevé.

36The Optimum Level of Well Being, Can People Be Too Happy - Shigehiro Oishi, University of Virginia, Ed Diener, University of Illinois et Richard E. Lucas de Michigan State University

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Le bien être des salariés comme levier de performance dans une entreprise mutualiste (Macif)

L'organisation peut donc en théorie se trouver face à l'alternative suivante:

- ou bien cultiver le bien-être des collaborateurs à son degré le plus élevé et ainsi les voir franchir un point d'inflexion de performance. Dans ce cas, passé ce seuil, l'organisation pourrait être amenée à substituer de la performance humaine à de la performance économique;

- ou bien cultiver le bien-être des collaborateurs jusqu'à ce seuil limite, sans le dépasser, de peur de voir sa performance économique diminuer ensuite, bien que compensée par l'augmentation de la performance humaine.

On touche donc ici les limites de l'alignement de la performance humaine et économique.

Le seuil évoqué ci-dessus est intéressant car le choix qu'il force est définissant et mettrait en lumière les organisations qui ne poursuivraient le bien-être des collaborateurs que comme une voie vers la performance économique, versus celles qui le voient comme une fin en soi, à concilier toutefois avec des impératifs économiques.

2.1.2 Le bien-être du collaborateur ne dépend que partiellement de l'organisation

On a tendance à croire que c'est le succès qui précède le bonheur, or c'est précisément le contraire. Selon Shawn Achor, le bonheur est un point de départ et non la conséquence de la réussite. Les personnes qui cultivent un esprit positif s'avèrent plus performantes face à un défi. C'est ce qu'il appelle « the happiness advantage ». En effet, les recherches ont démontré que quand les gens travaillent avec un esprit positif, cela fournit des performances plus élevées en termes de productivité, créativité, engagement.

Ainsi, fort d'une méta étude37, l'auteur propose des exercices pratiques afin de développer notre cerveau à devenir plus positif tout en gagnant en compétitivité.

Toutefois, l'organisation se retrouve face à ce casse-tête : effectivement la performance résulte bien du bien-être du collaborateur. Or ce bien-être là, global, n'est que partiellement (fort heureusement) déterminé par le bien-être au travail. La limite du paradigme consiste donc en l'incapacité (théorique et éthique) à favoriser de manière complète le bien-être de ses collaborateurs. Cette réflexion interroge néanmoins la question de la porosité entre vie privée et vie professionnelle.

37The Happiness Advantage, The Seven Principles of Positive Psychology That Fuel Success and Performance at Work, Shawn Achor. Etudes autour de 45 pays.

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