WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Guidance et respect des droits humains à  l'enseignement supérieur et universitaire en R.D.C.

( Télécharger le fichier original )
par Dominique BAFWA NGELEKA
Université de Kinshasa - DEA Droits de l'Homme 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.2.5. La fuite des cerveaux (exode des compétences) à l'Unikin.

Selon « Afriquespoir »115(*) (2007), « 20.000 professionnels de la santé (médecins, infirmiers, sages-femmes, etc.) émigrent chaque année du continent africain vers l'Europe ou l'Amérique du Nord. Cette fuite de cerveaux coûte au continent plus de 4 milliards de dollars et constituent une entrave à ses efforts de développement. (...) Au Zimbabwe, il ne reste que 360 des 1200 médecins formés dans les années 1990.Entre 1993 et 2002, le Ghana en a perdu 600 sur 800. »

En ce qui concerne les compétences universitaires, la situation est encore plus complexe. De nombreuses études ont été consacrées à ce phénomène qui frappe de manière générale tous les pays en développement mais qui, en Afrique, revêt parfois des caractères dramatiques, surtout pour ce qui est de certaines causes et de la qualité de ceux qui partent.

« D'une manière générale, on considère qu'il y a actuellement plus de cadres africains qui travaillent aux Etats-Unis qu'en Afrique. Au regard de ce phénomène, on peut affirmer que l'Afrique s'est vidée d'une grande partie de ses meilleurs cadres. Il s'agit tout d'abord des enseignants, et plus particulièrement les enseignants du supérieur, c'est-à-dire ceux dont la mission fondamentale est la formation des ressources humaines d'un pays, la participation à la création du savoir et les services à leur société. Il est alors permis de se poser la question de savoir si cette fuite des élites des Universités africaines est la cause ou la conséquence de la dégradation continue de l'Enseignement Supérieur en Afrique. N'y a-t-il pas là un cercle vicieux qu'il faut briser ? »116(*).

Mais qu'en est-il de ce phénomène pour le personnel scientifique de l'Unikin envoyé en formation en particulier et de l'ESU en général, car l'étude susmentionnée souligne que : « Parmi les candidats partis en formation (Africains), un nombre de plus en plus important ne revient pas au pays après leur formation. La plupart cherchent et obtiennent du travail sur place à l'issue de leur formation, et généralement, les meilleurs sont repérés et trouvent des emplois avant même l'obtention du diplôme »117(*).

Tableau 14 : Facultés frappées par la fuite des cerveaux à l'Unikin

FACULTE

Doctorants en formation

Pas de contacts

1

Sciences

46

05

2

Sciences Agronomiques

17

01

3

Polytechnique

23

19

4

Médecine

38

05

Total

124

30

Le problème de l'exode de cerveaux à l'Unikin nécessite une étude systématique compte tenu de l'ampleur du phénomène et de son incidence sur le développement de l'ESU. Mais dans la ligne de notre dissertation, nous voudrions nous limiter à signaler certains poteaux indicateurs pour des recherches ultérieures et beaucoup plus approfondies.

Comme évoqué précédemment, la liste (1c) du personnel en formation sans contact avec leurs facultés constitue la base des données pour examiner ces indicateurs se rapportant à la fuite des compétences.

Il est curieux de constater que de l'ensemble de toutes les facultés de l'Unikin, les domaines de formation clés et liés au développement, regorgent prêt de la moitié des doctorants à l'étranger (49%) et c'est dans les mêmes facultés que sont signalés les cas de rupture de contact ! Est-ce un fait de hasard ? Pourquoi exclusivement ces quatre facultés : Sciences, Agronomie, Polytechnique et Médecine ? Que faire pour éradiquer le phénomène e ? Comment et Quand alors ?

Pour la faculté de Polytechnique qui a envoyé 23 doctorants en formation à l'étranger (Europe et Amérique), 83% n'ont plus de contact soit 19 boursiers ! Et c'est l'une des facultés qui accusent la carence à outrance des professeurs ! Et que dire des trois autres ayant en majorité des boursiers dans les mêmes pays ? (Voir tableau 8).

La Déclaration Mondiale de l'ESU ne reconnaît que le processus d'exode des compétences continues de priver les pays en développement et les pays en transition des compétences de haut niveau nécessaires pour accélérer leur progrès socio-économique.

Selon la Commission Permanente des Etudes (CPE), une part de responsabilité ; pas la moindre, incomberait aux établissements de l'ESU118(*) (Universités, Instituts Supérieurs et Centres de Recherche), et quelques éléments, ont été épinglés, à savoir :

Ø Quant un Assistant part à l'étranger, la faculté ou la section, l'établissement ne peut se contenter de proposer la candidature pour une bourse d'étude. L'établissement doit continuer à prendre l'assistant en charge, le guider, l'encourager, lui demander des rapports, le stimuler, et vers la fin de la préparation du doctorat, préparer le retour ;

Ø Souvent les assistants, une fois partis à l'étranger, perdent le contact avec la faculté/section. Il arrive qu'un assistant devienne inconnu et psychologiquement s'éloigne de son pays ;

Ø Le manque de lien avec son pays, avec son établissement, entraîne ou augmente la tentation de désertion. Plusieurs assistants, sur le point de terminer leur doctorat, ont écrit à leurs établissements, et n'ayant pas reçu de réponse, se sont sentis abandonnés et mal aimés. Etant sollicités par des Universités d'autres pays, ils ont accepté l'offre et ne sont plus revenus au Zaïre ;

Ø L'expérience acquise lors des séminaires de pédagogie universitaire organisés en Belgique, a été très instructive. Il était frappant de voir à quel point les assistants étaient dépaysés, manquaient des informations précises sur l'ESU au Zaïre, étaient absorbés par leurs recherches et n'avaient pas à l'horizon le retour au pays. Souvent, ils ne sont pas pressés et ne sont pas gênés de prolonger leur séjour à l'étranger aussi longtemps que possible.

Et pour l'UNESCO, ce phénomène constitue un obstacle au développement durable comme le témoigne le cas de figure ci-dessous :« ... Le coût élevé des évacuations sanitaires vers d'autres pays, de malades qui ne peuvent être traités sur place faute de moyens matériels et surtout de spécialistes (pénurie), a fait l'objet d'un débat à l'Assemblée Nationale du Burkina Faso, avec la publication d'un article retentissant UN SEUL CARDIOLOGUE POUR NEUF CHU ! Le débat a fait ressortir que 74 spécialistes sont en formation à l'étranger. Combien reviennent au pays au terme de ces spécialisations ? A côté de ces scientifiques de très haut niveau, il y a aussi la foule des cadres techniques que sont les médecins, les ingénieurs qui sont de solides piliers du développement des systèmes des pays développés qui les emploient, soit le public, soit dans le privé »119(*).

Le Rapport du Sommet Mondial sur le développement durable tenu à Johannesburg (2000) taxe la fuite des cerveaux d'être un frein au développement : « L'émigration des scientifiques africains, notamment des universitaires, constitue l'un des plus gros obstacles au développement de l'Afrique »120(*).

* 115 Afriquespoir), Le monde dans ma poche, Kinshasa, MEDIASPaul, 2007 p.5

* 116. UNESCO, La fuite des compétences..., op. cit. p.14

* 117 UNESCO (2004), op.cit, p. 9.

* 118 PLEVOETS, op. cit. p. 148.

* 119 UNESCO (2004), op. cit. p. 15

* 120 Idem, p. 16.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery