Guidance et respect des droits humains à l'enseignement supérieur et universitaire en R.D.C.( Télécharger le fichier original )par Dominique BAFWA NGELEKA Université de Kinshasa - DEA Droits de l'Homme 2010 |
4.1.2. Droits humains et politique publique à l'E.S.U. : Cadre juridique.La Déclaration Mondiale sur l'Enseignement supérieur pour le 21è Siècle (UNESCO 1998) constitue la matrice ou le document de base pour le fondement juridique des Droits Humains à l'ESU. Par l'examen de quelques instruments internationaux, nous tâcherons de renforcer ou circonscrire le cadre juridique pour le respect de Droits Humains dans les institutions de l'ESU. Pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de cette étude, après l'inventaire de l'ensemble des instruments juridiques ratifiés ou non par la RDC, nous avons épinglé certains instruments pour la pertinence de leur contenu par rapport à notre étude, voire notre hypothèse de travail. C'est ainsi que nous allons les exploiter, à savoir : · La Recommandation concernant la condition du personnel enseignant à l'ESU (UNESCO, 1997) ; · La Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'Enseignement (UNESCO, 1960) ; · La Convention concernant la discrimination en matière d'emploi et de profession (OIT, 1958) ; · La Convention sur la mise en valeur des ressources humaines (OIT, 1975) ; · La Convention sur la politique de l'emploi (OIT, 1964) ; · La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (ONU, 1979) ; · La Déclaration universelle de Droits de l'Homme (ONU, 1948). En analysant le contenu de ces instruments, nous allons faire ressortir selon les différents thèmes de la Déclaration de l'ESU ; les articles et dispositions relatives à l'Orientation et aux droits humains dans le but d'établir le fondement juridique de la Guidance pour démontrer que l'Orientation est un droit universel comme le droit à l'Education, le droit à l'Environement,droit à la Santé et autres. 1° Déclaration mondiale sur l'ESU et dispositions relatives à la guidance
Source : Analyse de contenu Déclaration Mondiale de l'ESU (Unesco, 1997) 2° Base juridique de la Déclaration Mondiale sur l'Enseignement Supérieur et Universitaire Selon le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme109(*), la législation internationale des Droits de l'Homme énonce les obligations que les Etats doivent respecter. Les Etats qui deviennent parties aux traités internationaux, ont l'obligation et le devoir de respecter, de protéger et d'instaurer les droits de l'homme. Cette obligation signifie que les Etats doivent prendre les mesures positives pour faciliter l'exercice des droits fondamentaux de l'homme. Grâce à la ratification des traités internationaux des droits de l'homme, les gouvernements s'engagent à prendre des mesures et à adopter des lois compatibles avec leurs obligations et devoirs découlant des traités. Et conformément à l'Article 215 de la Constitution de la RDC « Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l'autre partie ». De ce qui précède et considérant les articles 1, 3, 4, 6 et 16 de la Déclaration Mondiale sur l'Enseignement Supérieur et Universitaire, il y a lieu d'évoquer l'obligation de leur application par les Etats l'ayant adoptée à la Conférence Mondiale sur l'Enseignement Supérieur et son cadre d'action. Les dispositions de certains instruments juridiques internationaux relatives à la promotion des Droits de l'Homme, au genre, à la discrimination et l'enseignement confirment le fondement juridique de la Déclaration Mondiale sur l'Enseignement Supérieur, notamment ; A. l'ESU et Droits de l'Homme (Mission) - Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (Article 26, al 1 et 2) :
- Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement (Article 5 : 1 a) : Les Etats parties à la présente convention conviennent : a) Que l'Education doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement de respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales et qu'elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié ..., ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. - Cadre d'action prioritaire de la Déclaration de l'Enseignement Supérieur et Universitaire (Point II.5) : §5 : Chaque établissement d'Enseignement Supérieur devrait définir sa mission en conformité avec les besoins présents et futurs de la société, et en étant conscient du fait que l'ESU est essentiel pour que tout pays ou toute région puisse accéder au niveau requis de développement économique, social et culturel durable et écologiquement rationnel, et à accroître le niveau de vie et faire régner l'harmonie et la paix dans le pays et dans le monde, sur la base des droits de l'homme, de la démocratie, de la tolérance et du respect mutuel. B. Accès dans l'équité - Recommandation concernant la condition du personnel enseignant (Chap. VI. A.25) §25 : L'accès à la profession académique dans l'Enseignement Supérieur et Universitaire devrait être fondé exclusivement sur les qualifications académiques, la compétence et l'expérience voulues ; il devrait être ouvert à tous les citoyens sans discrimination aucune. §43 : Le personnel enseignant de l'ESU devrait bénéficier des conditions suivantes pour accéder à la profession : a) Un système juste et ouvert d'organisation des carrières comportant des procédures équitables en matière de nomination, de titularisation le cas échéant, de promotion, de congédiement et autres aspects connexes ; b) Un système efficace, équitable et juste de relations professionnelles au sein de l'établissement, en conformité avec les normes énoncées dans les instruments internationaux figurant à l'appendice. - Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'Enseignement Supérieur et Universitaire : Article 3 : Aux fins d'éliminer et de prévenir toute discrimination au sens de la présente convention, les Etats qui y sont parties s'engagent à : a) Abroger toutes dispositions législatives et administratives qui comporteraient une discrimination dans le domaine de l'enseignement ; Article 4 : Les Etats parties à la présente convention s'engagent en outre à formuler, à développer et à appliquer une politique nationale visant à promouvoir, par des méthodes adaptées aux circonstances et usages nationaux, l'égalité de chances et de traitement en matière d'enseignement, et notamment à : (a)... rendre accessible à tous, en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, l'enseignement supérieur ; assurer l'exécution par tous de l'obligation scolaire prescrite par la loi ; (b) Assurer sans discrimination la préparation à la profession enseignante. C. Genre et promotion de la femme à l'Enseignement Supérieur et Universitaire - Recommandation concernant la condition du personnel enseignant ... §70 : Toutes les mesures nécessaires devraient être prises pour promouvoir l'égalité de chances et de traitement pour les femmes enseignantes de l'ESU de façon à leur garantir l'égalité avec les hommes, les droits énoncés dans les instruments internationaux figurant à l'appendice. §22 : Les établissements de l'ESU devraient être comptables de la bonne application des principes suivants : (c) Défendre activement les libertés académiques et les droits fondamentaux de la personne ; (g) Adopter des politiques et des procédures visant à garantir un traitement équitable aux femmes et aux minorités et à éliminer le harcèlement sexuel et les brimades raciales. - Déclaration de Hambourg sur l'Education des Adultes (1997) §13 : Les femmes ont le droit à l'égalité des chances ; de son côté, la société a besoin qu'elles jouent pleinement leur rôle dans tous les domaines, que ce soit au travail ou dans la vie en général. Les politiques d'Education des jeunes et des adultes doivent être sensibles aux cultures locales et conférer la priorité à l'élargissement des possibilités d'Education à toutes les femmes, tout en respectant leur différence et en éliminant les préjugés et les stéréotypes qui réduisent à la fois leurs chances d'accès à l'Education des jeunes et des adultes et les bienfaits qu'elles en retirent. Toute tentative visant à restreindre leur droit à l'alphabétisation, à l'Education et à la formation doit être considérée comme inacceptable. Il importe que des mesures soient prises pour y parer. - Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes Article 11 : Les Etats parties s'engagent à prendre toutes les mesures appropriées dans le domaine de l'emploi afin d'assurer les mêmes droits qu'à l'homme. b) Le droit aux mêmes possibilités d'emploi y compris l'application des mêmes critères de sélection en matière d'emploi ; c) Le droit au libre choix de la profession et de l'emploi ; le droit à la promotion, à la stabilité de l'emploi, les prestations et conditions de travail, le droit à la formation professionnelle et au recyclage, y compris l'apprentissage, le perfectionnement professionnel et la formation permanente ; D. Orientation à long terme fondée sur la pertinence - Convention sur la mise en valeur des ressources humaines (OIT, 1975) Article 1 : §1 : Chaque membre devra adopter et développer des politiques et des programmes complets et concertés d'Orientation et de Formation professionnelles en établissant, en particulier grâce aux services publics de l'emploi, une relation étroite entre l'Orientation et la Formation Professionnelle et l'Emploi. § : Ces politiques et ces programmes devront encourager et aider toutes personnes, sur un pied d'égalité et sans discrimination aucune, à développer et à utiliser leurs aptitudes professionnelles dans leur propre intérêt et conformément à leurs aspirations, tout en tenant compte des besoins de la société. - Convention sur la politique de l'emploi (OIT, 1964). Article 1 : §1 : En vue de stimuler la croissance et le développement économiques, d'élever les niveaux de vie, de répondre aux besoins de main-d'oeuvre et de résoudre le problème du chômage et du sous-emploi, tout membre formulera ou appliquera, comme objectif essentiel, une politique active visant à promouvoir le plein emploi productif et librement choisi. E. L'exode des compétences - Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l'ESU (Objectifs et politiques) : §15 : Les Etats membres et les établissements d'enseignement supérieur devraient, en même temps, être conscients de l'exode du personnel enseignant du supérieur qui affecte les pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés. Ils devraient, en conséquence, encourager les programmes d'aide aux pays en développement, afin de contribuer à maintenir un environnement universitaire offrant aux enseignants de ces pays des conditions de travail suffisamment attrayantes pour freiner et, à terme, enrayer cet exode. Il est indéniable, à la lumière des dispositions des différents instruments internationaux évoqués ci haut, que la Déclaration Mondiale sur l'Enseignement Supérieur et Universitaire est un instrument juridique, et par conséquent, son application par les parties l'ayant adoptée nous semble être une obligation selon la coutume en Droit International. * 109 HCDH (2008), Les questions courantes, www.ohchr.org/FR du 29/01/2008. |
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