Guidance et respect des droits humains à l'enseignement supérieur et universitaire en R.D.C.( Télécharger le fichier original )par Dominique BAFWA NGELEKA Université de Kinshasa - DEA Droits de l'Homme 2010 |
3) Promotion du personnel scientifique de l'Unikin.La Recommandation concernant le personnel enseignant de l'UNESCO préconise des procédures équitables en matière de nomination, de titularisation et également de promotion, en conformité avec les normes énoncées dans les instruments internationaux. La dite Recommandation stipule aux paragraphes 38 et 39 que« la préparation du personnel enseignant de l'ESU devrait être exempte de toute forme de discrimination et parmi les candidats se destinant à une carrière dans l'enseignement supérieur, les femmes et les membres des minorités devraient bénéficier, à qualifications universitaires et expérience égales, d'une égalité de chances et de traitement. » Et au chap. 9 paragraphe 43 du dit instrument, le personnel enseignant de l'ESU devrait bénéficier des conditions suivantes : a) Un système juste et ouvert d'organisation des carrières comportant des procédures équitables en matière de nomination, de titularisation, le cas échéant, de promotion, de congédiement et autres aspects connexes ; b) Un système efficace et juste de relations professionnelles au sein de l'établissement en conformité avec les normes énoncées dans les instruments internationaux figurant à l'appendice. Selon le statut du personnel de l'E.S.U. en R.D.C. (pp 29), le corps scientifique se compose des Chefs des travaux, des Chargés d'Enseignement, des Assistants, des Assistants de pratique professionnelle et des Chargés de pratique professionnelle, tous faisant partie du corps enseignant. Et le passage du corps scientifique au corps académique (devenir Professeur) est réservé uniquement aux Chefs des travaux et Assistants tel que dispose l'Ordonnance 081-160 du 7 octobre 1981 à son article 33 alinéas b et c : « Nul ne peut être nommé professeur associé dans une université ou dans un institut supérieur : c) s'il n'a pas fait preuve d'aptitudes pédagogiques pendant la période probatoire d'au moins six mois ; d) s'il n'est titulaire d'un diplôme de docteur à thèse obtenu à la suite de la soutenance d'une thèse présentée dans une université zaïroise (Congolaise) ou étrangère ou dans un établissement de même rang ou s'il n'est porteur des titres jugés équivalents. » Pour le Secrétaire Général Académique de l'Unikin (2007), « un effort est en train d'être fait pour la formation du personnel scientifique avec les bourses de nos partenaires extérieurs, et même sans bourse,... A ce propos, la Cellule de Coopération de notre université fait déjà un admirable travail avec les contacts qu'elle noue pour la formation du personnel scientifique ». Mais une question reste pendante : Pourquoi cette constatation de déséquilibre dans la promotion du personnel scientifique au sein de l'Université de Kinshasa ? Ainsi, pour avoir la photographie du respect de droits de l'homme à l'Unikin en rapport avec le personnel scientifique, il s'avère indispensable d'examiner la situation des candidats aspirant à la carrière enseignante à l'Université, c'est-à-dire les Chefs de travaux et Assistants en formation pour la soutenance de thèse ou le DES (DEA). Combien sont-ils par faculté et par rapport au besoin ? Rentrent-ils pour la relève ou s'exilent-ils suite aux mauvaises conditions de travail ? Et dans quelle proportion se présente cet exode de cerveau ? Et à propos de l'équité homme-femme ? « La majorité des établissements d'Enseignement Supérieur et de Recherche sont publics. En Afrique francophone, les enseignants et chercheurs sont administrativement régis par les statuts de la Fonction Publique ou, dans de rares cas, bénéficient de dispositions dérogatoires. Cela, naturellement, se répercute sur leurs performances scientifiques. Ainsi, les meilleurs cherchent des meilleures conditions de vie en quittant leurs pays »104(*). En remontant l'histoire de l'ESU en RDC, du temps de l'Université Nationale du Zaïre (UNAZA), des directives particulières étaient en vigueur pour l'encadrement et la formation des assistants aspirants à la carrière académique. Il s'agit des Assistants doctorants et des Assistants de recherche. Selon ces directives 105(*) certaines dispositions étaient prises pour les conditions de travail et la formation de cette catégorie du personnel enseignant, à savoir ; A. Contrat et conditions de travail. 1. Les Assistants constituent le personnel scientifique non permanent de l'Université. Ils ont pour attribution de seconder les titulaires des cours dans leur enseignement expérimental et pratique, ainsi que dans les travaux de séminaire et de laboratoire. Ils doivent, en outre, se perfectionner dans les sciences faisant l'objet de l'enseignement auquel ils sont attachés. 2. Les Assistants se consacrent à temps plein à leurs activités à l'université. Ils ne peuvent exercer des fonctions extra-universitaires qu'avec l'autorisation et pour des prestations limitées qui présentent un intérêt direct pour les travaux et fonctions dont ils sont chargés et qui ne peuvent en aucun cas porter préjudice à leurs activités universitaire. B. Catégories d'Assistants : 1. Est Assistant doctorant, celui qui prépare une thèse de doctorat en vue de carrière académique ou scientifique. Est Assistant cadre pédagogique, celui qui, ayant fait preuve de qualités pédagogiques reconnues durant le 1er terme n'a pourtant pas manifesté du goût ou d'une aptitude pour la recherche scientifique ou pour une carrière académique. 2. L'Assistant de recherche, est celui qui se consacre entièrement à des recherches scientifiques dans le cadre d'un institut ou un centre recherche et qui est ainsi affecté à temps plein à un projet de recherches. C. Formation de l'Assistant doctorant 1. L'Assistant passe sa période probatoire à l'Université Nationale du Zaïre. Au cours de cette période, il se choisit un directeur de recherches et un sujet de thèse. 2. Le Directeur de thèse est tenu d'adresser aux autorités académiques un rapport semestriel sur les activités scientifiques de l'Assistant et sur l'état d'avancement des travaux de thèse de ce dernier. 3. L'autorisation du départ éventuel d'un assistant zaïrois pour l'étranger en vue de la poursuite de sa formation est accordée par le Rectorat sur avis favorable du Comité Directeur, la faculté entendue. 4. Le séjour à l'étranger d'un Assistant ne pourra dépasser trois ans. D. Observations 1° Les Assistants envoyés à l'étranger avant la reforme de l'Enseignement Universitaire et Supérieur, éprouvent d'énormes difficultés lorsqu'ils reviennent maintenant réintégrer l'université nationale du zaïre après leurs années de perfectionnement. Afin de mettre fin à cet état de choses, il a été décidé que l'Assistant qui aura terminé sa formation à l'étranger et aura regagné le pays, sera automatiquement affecté par le Recteur au Campus ou à l'Institut où se pratique l'enseignement de sa spécialité. 2° Tout Assistant de l'Unaza qui part en formation à l'étranger dans le cadre des bourses offertes à l'UNAZA devra s'engager par écrit à servir l'Université Nationale du Zaïre à son retour à la fin de sa formation, s'il remplit les conditions requises par l'Unaza. Au regard des tableaux (2,8) reprenant les données sur le corps académique de l'Unikin ; autrefois Assistants de l'Unaza et considérant la disparité entre sexe et grade au niveau des différentes facultés, il y a lieu de croire que la problématique de la discrimination à l'Enseignement Supérieur en RDC date de la période de l'unicité de l'ensemble des structures d'enseignement supérieur et recherche scientifique dans l'Université nationale du zaïre (Unaza) et a atteint aujourd'hui son paroxysme. * 104 UNESCO, La fuite des compétences en Afrique Francophone, p. 10. * 105 UNAZA (1972), Guide de l'Assistant, Kinshasa, PUZ ,p. 9 |
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