Guidance et respect des droits humains à l'enseignement supérieur et universitaire en R.D.C.( Télécharger le fichier original )par Dominique BAFWA NGELEKA Université de Kinshasa - DEA Droits de l'Homme 2010 |
1.5.2. L'Orientation à l'UniversitéIntervenant pour le compte de l'AIOSP lors de la conférence Mondiale sur l'Enseignement Supérieur tenue à l'UNESCO (1998), J.L. BRUN62(*) donne la vision de la guidance pour le troisième millénaire. Dans un système idéal, qui n'existe pas, et peut être heureusement, on verrait des étudiants ayant effectué un choix définitif pour un type d'études, les poursuivant sans difficultés et arrivant tous dans le monde du travail, avec un diplôme en poche. Cette vision, sortir d'un rêve, n'est pas celle de nos systèmes d'enseignement supérieur dans les pays développés ou émergents. Un système d'orientation dans les universités aurait donc une quadruple fonction :
Si on s'occupe de la personne, déclare J.L. BRUN, il est indispensable qu'il y ait un nombre suffisant des spécialistes de l'orientation formés. Autrement dit, il est nécessaire de consacrer un budget pour développer ces services d'orientation. Or en R.D.C. et selon les Etats Généraux de l'Education63(*) (1996) l'admission aux études supérieures se fait actuellement de façon non sélective, sans prise en compte ni du type d'études entreprises jusque-là par l'étudiant, ni de la baisse actuelle du niveau de formation au secondaire, ni de la capacité d'accueil des établissements, ni de celle d'encadrement pédagogique et scientifique des enseignants, ainsi que de leur formation continue. Ceci entraîne une forte pression à l'entrée de l'ESU, la surpopulation des auditoires, le faible rendement interne du système éducatif. Pour redresser la situation, les Etats Généraux de l'Education (EGEZ) de 1996 proposent des pistes de solution, entre autres : - La sélection des candidats par l'organisation d'un concours ou d'épreuves de sélection et d'orientation ; - La diffusion à temps des profils et critères d'admission pour chaque filière ou cycle de l'E.S.U. ; - La mise en oeuvre des services existants ou, en cas de carence, la création de nouveaux services d'orientation et de guidance dans les établissements de l'ESU ; - L'instauration d'une année préparatoire ou propédeutique pour les finalistes du secondaire ayant obtenu moins de 55%. En ce qui concerne l'encadrement pédagogique des étudiants, le projet du Nouveau Système Educatif issu des EGEZ (1996) révèle que « le faible rendement interne de l'ESU qui se traduit par un taux élevé de déperdition (80%), un faible taux d'efficience (20%) et d'efficacité (33%), est dû entre autres à l'insuffisance qualitative et quantitative de l'encadrement pédagogique des étudiants par les enseignants et par les services appropriés des établissements »64(*). Pour améliorer selon ledit projet, il faut : (...) créer dans les établissements un bureau de pédagogie universitaire, qui aura d'une part une Cellule d'Orientation et de Guidance chargée de la diffusion des informations sur les études et professions, de l'orientation et de la réorientation, de l'encadrement pédagogique, et d'autre part une cellule de didactique chargée des études et des actions relatives au processus de formation permanente au profit des enseignants. Quant à la lutte contre les inégalités à l'ESU, et conformément à l'option « Education pour tous », la priorité doit être accordée à l'Education des groupes défavorisés et des exclus. « Par groupes défavorisés et exclus, nous entendons les personnes vulnérables, les filles, les femmes, les pygmées, les réfugiés, les déplacés, les orphelins, les femmes rurales, les enfants trop âgés par rapport à la réglementation scolaire, les kitawalistes, les pauvres, etc. Il doit être entendu que la solution du problème d'inégalités en matière de recrutement, d'organisation scolaire, de méthode d'enseignement et d'évaluation, exige des dispositions particulières concernant les groupes précités »65(*). 1° Recrutement et encadrement des étudiants Il ressort du document sur « l'Orientation à l'entrée des universités congolaises » (1971) que devant l'accroissement considérable et rapide des effectifs des finalistes de l'Enseignement Secondaire, le Ministère de l'Education Nationale a été amené à instaurer, dès 1966, un examen à l'entrée des universités congolaises. La réussite à cet examen est la condition mise à l'obtention d'une bourse d'études pour l'enseignement universitaire. Outre son rôle de sélection, l'examen a pour objectif d'orienter les élèves soit vers les facultés des sciences positives, soit vers les facultés des sciences humaines, soit encore vers les propédeutiques préparatoires aux études universitaires. Cet objectif justifie le nom donné depuis 1969 à cet examen d'Epreuve d'Orientation (E.O.) et par la lettre circulaire du 15 mai 1969 (réf. EDN/CAB/01/1453/69) adressée aux Recteurs des trois universités »66(*), le Ministre de l'Education Nationale valorise la Guidance à l'université en ces termes: a)Etant donné :
b) Décide :
Voici la chronologie des procédures de sélection et d'Orientation à l'entrée de l'Enseignement Supérieur de 1966 à 1970 en RDC :
Source : Delvaux P.et al. (1971) A la lecture de ces dispositions relatives à l'Orientation dans les universités congolaises autrefois, la chronologie des faits témoigne la courbe descendante de la chute de l'ESU en RDC, si nous pouvons partir de Lovanium à l'UNAZA, actuellement l'E.S.U.R.S. ! Et aujourd'hui, quelle est la politique du Gouvernement pour le recrutement et l'encadrement des étudiants ? C'est là où nous proclamons tout haut, « qu'il faut absolument définir une Politique Nationale d'Orientation pour la gestion rationnelle du capital humain » c'est-à-dire mettre l'homme qu'il faut à la place qui lui convient dans tous les secteurs de la vie nationale en vue de relever le défi du sous-développement et faire sortir la R.D.C. de l'assiette des pays les plus pauvres et endettés. Conformément à l'article 26.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, l'admission dans l'enseignement supérieur devrait être fondée sur le mérite, les capacités, les efforts, la persévérance et la détermination des postulants à tout âge, en tenant compte des compétences acquises antérieurement. « En conséquence, aucune discrimination ne saurait être admise pour ce qui est de l'accès à l'Enseignement Supérieur, en raison de la race, du genre, de la langue, de la religion, ou de toute distinction économique, culturelle ou sociale, ou encore de handicaps physiques »67(*). Quant à l'accueil et l'encadrement des étudiants, ils font partie de l'action de formation de l'établissement et sont pris en charge par les instances qui organisent l'enseignement. Mais selon le Manuel de Gestion Académique de la CPE68(*), l'encadrement et l'initiation des étudiants sont une responsabilité qui incombe d'une façon spéciale au titulaire de première année, à la commission d'encadrement et à la cellule d'orientation et de guidance, conformément à l'instruction académique n° 48 du 12 octobre 1979. « Il est normal que les étudiants n'ont pas une idée précise de la façon dont ils peuvent se préparer à l'année académique. De nombreux étudiants traînent pendant des semaines dans la passivité et l'oisiveté. Un rôle important doit être joué par la cellule d'orientation et de guidance et par la faculté/section »69(*). 2° Promotion du personnel scientifique et cadre juridique Pour la Commission Permanente des Etudes (CPE), c'est une des préoccupations dans les grandes universités du monde d'attirer les éléments les plus compétents. Dans certains pays comme les USA, les universités se disputent les compétences scientifiques et pédagogiques et offrent souvent des contrats alléchants, calculés en fonction de la valeur du candidat. Soucieux d'avoir un corps académique et scientifique aussi valable que possible, les responsables de nos établissements aux différents niveaux doivent mettre en place toute une stratégie pour trouver les meilleurs candidats. Les conditions de promotion du corps scientifique sont fixées par l'ordonnance n° 81-160 du 7 octobre 1981 qui, à son article 29, spécifie sa composition. Le personnel scientifique se compose d'un corps d'enseignant et d'un corps non enseignant. Et nous tenons à préciser que notre étude se focalise sur le corps enseignant appelé à devenir corps académique ; et il comprend : a) les Chefs des travaux ; b) les chargés d'enseignement et c) les Assistants Les articles 35 et 36 de l'ordonnance précitée précisent les conditions de promotion du corps scientifique. Mais pour accéder aux grades académiques, il y a l'encadrement scientifique et pédagogique, auquel il faut ajouter les formations et stages de perfectionnement en vue d'être outillé pour la rédaction d'une thèse. « Les Chefs d'établissement prendront à coeur d'aider les jeunes à progresser dans la carrière académique, de leur fournir les moyens nécessaires pour pouvoir, le cas échéant, préparer un doctorat ou se perfectionner dans la profession, ou se spécialiser dans l'un ou l'autre domaine. Il est parfois indiqué de le décharger d'une partie de son horaire pour qu'il puisse se consacrer davantage à ses recherches. L'autorité l'aidera pour obtenir une bourse de stage, pour assister à des conférences internationales, etc. »70(*) * 62 J.L. BRUN, cité par BAFWA (1999), La problématique ..., p. 14. * 63RDC, Projet du Nouveau Système Educatif ..., Etats Généraux de l'Education au Zaïre, p. 59. * 64 RDC, Etats Généraux..., op.cit., p. 49. * 65 RDC, Etats Généraux, op. cit, p. 49. * 66 P.DELVAUX et al. L'orientation ..., p. 51. * 67 Unesco, Déclaration sur l'Enseignement Sup...., art. 3a * 68 Plevoets, C.M., Manuel de Gestion Pédagogique, p. 62. * 69 Idem, ibidem, p. 116. * 70 M.PLEVOETS, op. cit. p. 148. |
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