Guidance et respect des droits humains à l'enseignement supérieur et universitaire en R.D.C.( Télécharger le fichier original )par Dominique BAFWA NGELEKA Université de Kinshasa - DEA Droits de l'Homme 2010 |
b. La première République et la guidanceLe départ précipité des techniciens belges avec l'accession du pays à l'Indépendance donne naissance à une nouvelle ère de l'orientation au Congo. C'est ainsi que fut mis sur pied par les autorités du pays l'orientation collective, avec la création du cycle d'orientation (C.O.), dont le but primordial reste l'accueil de la masse scolaire à la sortie de l'enseignement primaire, et de guider les élèves à mieux choisir le type d'études correspondant à leurs aspirations et capacités. B.VERHAEGEN (1980) rapporte que l'effondrement des structures coloniales dès le mois de juillet 1960 créa les conditions propices à une réforme profonde du système d'enseignement au Congo. Celle-ci fut entreprise dès 1961 par l'UNESCO avec la collaboration des responsables Congolais58(*). Deux traits essentiels caractérisent cette réforme : Ø La volonté de développer un enseignement supérieur de type professionnel pour fournir rapidement au pays les cadres moyens et supérieurs qui lui font défaut suite au départ des Belges ; Ø Des programmes et des structures de l'enseignement inspiré du modèle occidental afin de faire sortir le Congo de son isolement culturel. En outre, le français fut imposé comme seule langue d'enseignement depuis les premières années du niveau primaire, l'enseignement des filles fut aligné sur celui des garçons, un cycle d'orientation formant le tronc commun pendant les deux premières années du secondaire devrait permettre d'uniformiser la formation des élèves ayant terminé le primaire et de les orienter soit vers un cycle court de 2 ou 3 ans à vocation technique, soit vers un cycle long de 4 ans préparatoire à l'enseignement supérieur. Il ressort de la plaquette de DELVAUX (1970) sur l'orientation à l'entrée des universités congolaises 59(*) que la réforme de 1961 a modifié les structures et les programmes de l'enseignement primaire afin de permettre aux individus de prolonger au maximum leur scolarité. Comme les classes du C.O. n'arrivent pas encore à absorber tous les élèves qui terminent avec succès des études primaires, les autorités scolaires devraient recourir à des examens sélectifs pour le passage du primaire au secondaire. C'est la grande époque des examens sélectifs. c. Haut et bas de l'orientation en RDC : Jalon et tâtonnementAvec l'avènement de la 2ème République, l'entrée à l'Université est conditionnée par la réussite à un examen de maturité instauré par le Ministère de l'Education Nationale. En plus de son rôle de sélection, l'épreuve a comme finalité l'orientation des élèves retenus vers les différentes filières des études, c'est-à-dire soit vers les facultés des sciences positives soit vers les facultés des sciences humaines, ou encore vers les propédeutiques préparatoires aux études universitaires. Toutefois, nous tenons à souligner que l'essentiel de l'orientation et de la sélection professionnelle est devenu, depuis l'indépendance, une affaire privée de certaines entreprises, assurée par leurs bureaux du personnel. Il y a lieu de signaler les cas de Chanic, Onatra, Air Zaïre, et des certains centres spécialisés comme l'INPP et autres. Après la suppression des examens sélectifs par le Congrès du M.P.R., furent créés dans un certain nombre de C.O. de Kinshasa, des bureaux psychopédagogiques dirigés par des conseillers psychologues et ayant pour attributions : Ø Assurer des consultations psychologiques pour certains élèves présentant des difficultés scolaires liées à des problèmes d'ordre affectif ou intellectuel. Ces consultations sont effectuées à la demande des professeurs ou des directeurs ; Ø Administrer un certain nombre de tests aux élèves et les comparer avec les résultats scolaires en vue d'émettre un avis d'orientation ; Ø Entreprendre des recherches diverses sur la population scolaire des C.O. ; Ø Expérimenter et mettre au point l'observation continue ; ... De ce qui précède, il saute aux yeux que l'Orientation relevait de l'empirisme scientifique jusqu'en 1974, année où, sur l'initiative des professeurs BIKAY Obel, MPIUTU NeMbodi, IZIA Mpey., MALANDA Dem, KANGA Kalemba V.,... fut créé à l'Institut Pédagogique National (I.P.N.) le Département d'Orientation Scolaire et Professionnelle pour la formation des conseillers d'orientation. A ce stade, un mot doit être dit sur ladite formation, focalisée essentiellement sur l'Orientation Scolaire et non professionnelle. Le programme de formation accuse des insuffisances quant à la spécificité de l'objet d'étude de la guidance, à savoir la dynamique Individu-Etude-Travail. Il se dégage ainsi une tendance vers la psychologie scolaire que l'Orientation pure c'est-à-dire l'étude de la triologie Individu-Etude-Travail. Les diplômés en O.S.P. (gradués) étaient utilisés par le Ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire au sein de la Direction des Services Pédagogiques et par le bureau urbain d'OSP à Kinshasa, jusqu'en 1982, date de la suppression du dit service. « La suppression du cycle d'Orientation (C.O.) par la décision d'Etat n° 08/CC/81 du 15 juin 1981, imprime une situation nouvelle à l'Orientation scolaire au Zaïre (R.D.C). Cette décision impliquait la restructuration de l'Enseignement Primaire et Secondaire (qui venait de se débarrasser du C.O.), et du même coup, la mise en cause du rôle et de la fonction du Conseiller au sein de ces structures nouvelles »60(*). Nous aimerions dire que depuis lors s'exercera alors au niveau de l'Inspection Générale de l'E.S.P. (Enseignement primaire, secondaire et professionnel) une certaine Orientation, avec comme but ultime le test dit d'Orientation ou test d'évaluation actuel TENAFEP (Test National de Fin d'Etude Primaire). * 58 B. VERHAEGEN, L'Education, in Congo au Zaire..., p. 96. * 59 P. DELVAUX et al. (1971), L'orientation à l'entrée ..., pp 37 - 59 * 60 MALANGO, cité par Bafwa, `'L'orientation - essai de bilan'', in revue Psychologie et Sc. Ed. p. 69. |
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