I.2. La
notion de rentabilité bancaire
La rentabilité bancaire est généralement
définie comme la capacité du système à
générer du profit ou encore s'évalue par la
capacité des actionnaires à rentrer dans leurs capitaux (Naceur
et Kandil, 2009). La rentabilité d'une banque représente son
aptitude à dégager de son exploitation des gains suffisants,
après déduction des coûts nécessaires à cette
exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est issue
du processus de transformation au sens large (telles que sur les contreparties,
les taux d'intérêt, les devises ou les échéances)
mis en oeuvre par les banques commerciales dans le cadre de leur fonction
d'intermédiation.
I.2.1.
La mesure de la rentabilité bancaire
Dans la littérature économique et
financière, deux indicateurs clés ont été
avancés pour mesurer la rentabilité bancaire. Il s'agit de la
profitabilité des actifs et de la marge d'intérêt. Nous
opterons pour la rentabilité des actifs (ROA) qui donne mieux la mesure
de la performance des banques.
Les autorités bancaires utilisent plusieurs
instruments d'appréciation de la rentabilité. Il est
utilisé dans cette étude l'approche qui comprend l'ensemble des
ratios d'exploitation calculés afin de mettre en évidence les
structures d'exploitation. Il est retenu le coefficient de rendement (return on
assets, ROA) qui exprime de façon assez globale le rendement des actifs.
L'inconvénient de sa référence au total de bilan est
qu'elle ne fait aucune différence entre les actifs malgré les
risques non convergents. Il a l'avantage de mieux exprimer la
rentabilité économique des banques pour un apport dans le
financement de l'économie. Le rendement des actifs est égal au
résultat net sur le total des actifs (COBAC, 2010).
Néanmoins, le consensus est loin d'être
pleinement réuni autour de l'impact de certaines variables sur la
rentabilité des actifs bancaires telle qu'elle est mesurée. Alors
que l'effet prédit de certains facteurs a trouvé une certaine
unanimité au sein du cercle des économistes, des controverses
demeurent au niveau de l'impact attendu d'autres variables sur la
rentabilité des actifs bancaires.
I.2.2.
Les déterminants de la rentabilité bancaire
Les facteurs traditionnels susceptibles d'expliquer la
rentabilité des banques sont d'ordre organisationnel,
macro-économique et macro-financier. La théorie économique
et les études empiriques existantes divergent souvent sur l'impact de
certains facteurs organisationnels sur la rentabilité des actifs. Alors
que la théorie économique insiste sur l'effet négatif des
frais d'exploitation bancaire sur la profitabilité, certaines
études empiriques soutiennent plutôt que l'impact peut être
positif dans la mesure où les frais d'exploitation boostent la
productivité des banques et par là leur rentabilité
(Naceur, 2003). Les divergences entre les constructions théoriques et
les investigations empiriques sont également constatées au niveau
de l'impact des fonds propres sur la rentabilité des actifs bancaires.
Plusieurs études empiriques ont révélé que les
fonds propres exercent un effet stimulant sur la profitabilité des
banques (Bashir, 2000 ; Abreu et Mendes, 2002 ; Naceur, 2003). Le renforcement
de la politique de crédit élève les profits bancaires
(Bashir, 2000 ; Naceur, 2003). Néanmoins, la politique de crédit
peut parfois entraver la profitabilité bancaire, en particulier
lorsqu'une politique expansionniste de crédit est incompatible avec la
stratégie poursuivie en matière de recherche de ressources
financières (Bashir, 2000). En ce qui concerne la taille du secteur
bancaire, en effectuant des régressions linéaires
générales et en exprimant les profits en fonction d'un ensemble
de facteurs internes et externes, certains auteurs (Bourke, 1989 ; Moulyneux et
Thornton, 1992) ont obtenu une relation positive et statistiquement
significative entre la taille et la rentabilité des actifs. D'autres
auteurs (Rouabah, 2006) estiment cependant que la taille n'est pas une source
d'économie des coûts, soutenant ainsi que les grandes banques sont
sujettes à des inefficacités d'échelle.
Les divergences entre la théorie et l'empirisme
existent également au niveau de l'impact de certaines variables
macro-financières sur la rentabilité des actifs. Si
l'émergence des marchés de capitaux dans les pays en voie de
développement renforce l'activité bancaire comme l'ont soutenu
des études empiriques récentes (Bashir, 2000), Le financement de
l'économie par le secteur bancaire reflète la capacité du
système à satisfaire les besoins des acteurs économiques.
La taille du secteur est alors sensée profiter aux différents
intervenants (Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001 ; Naceur, 2003).
L'estimation de l'impact des variables
macro-économiques, notamment la croissance économique et
l'inflation, a souvent trouvé un terrain d'entente entre les
économistes. Plusieurs auteurs confirment à l'unanimité
l'existence d'une relation positive entre la croissance économique et la
croissance des profits bancaires (Bashir, 2000 ; Rouabah, 2006; Beckmann,
2007). A leur avis, la richesse nationale profite à toute
l'activité économique du pays, affecte positivement
l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover
et à rénover leurs techniques et technologies de gestion.
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