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Réglémentation prudentielle, rentabilité et productivité des banques de la CEMAC

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par Valentine Soumtang
Université de Yaoundé2 - Master Recherche en Macroéconomie Monétaire et Bancaire 2014
  

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SECTION II : LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE

La question du financement de l'économie a fait l'objet d'une recherche approfondie. On admet d'ailleurs dans la littérature que l'environnement réglementaire constitut un déterminant du financement. En particulier, il est également admis que la réglementation bancaire occasionne des coûts directs de fonctionnement et des coûts indirects liés à des possibles effets pervers (De Boissieu et Couppey-Soubeyran, 2013). Dans certains cas, les banques font supporter aux clients les coûts réglementaires (Beck et al., 2008). Il est question de ressortir les enseignements théoriques afin de mieux mettre en avant les effets de la réglementation prudentielle sur le financement des économies de la sous-région.

II.1. Les enseignements de la littérature

La productivité des banques s'entend donc par la capacité du système bancaire à mettre à la disposition de cette économie des fonds nécessaires et suffisants pour ses projets d'investissements. Les banques occupent ainsi une place primordiale dans le financement de l'économie. On comprend dès lors pourquoi il est nécessaire de les réguler.

II.1.1. Théories explicatives

Le système bancaire est un agent constitutif du système financier. En tant qu'intermédiaire financier, le rôle premier d'une banque est de collecter l'épargne auprès des agents à capacité de financement et d'octroyer du crédit à ceux à besoin de financement (Scialom, 2007).

Les modalités de financement d'une économie sont susceptibles d'être influencées par les facteurs structurels tels que :

- le redéploiement productif dont ont besoin les économies nécessite des financements risqués de long terme.

- La contra cyclicité de la politique monétaire qui la rendra plus agressive et entrainera une augmentation des taux d'intérêt.

- La diminution de par la disponibilité des capitaux induite par la baisse de l'excès d'épargne. (Couppey, Garnier et Pollin, 2013).

Face à ces tendances qui risquent de rendre le financement de l'économie plus rare et plus cher, l'enjeu d'une plus grande stabilité financière est crucial. Dans un système financier mieux maîtrisé et contrôlé, on peut en effet s'attendre à ce que la pénurie d'actifs sans risque soit moindre (en raison d'une moindre demande d'actifs sans risques et d'une offre plus large) et à ce que les investisseurs soient moins réticents à détenir des actifs dont ils estiment les risques mieux évalués (Couppey, Garnier et Pollin, 2013).

Différents types de régulation de la finance peuvent être envisagés d'un point de vue théorique (Noyer, 2010) :

· Un premier niveau de régulation peut concerner la surveillance des opérateurs bancaires par les banques centrales. Cette surveillance peut être macro-prudentielle (surveillance de l'endettement public et privé et des grands équilibres macroéconomiques comme les déficits commerciaux et publics car ils créent des besoins de financement), et micro-prudentielle quand elle s'applique aux ratios des banques prises individuellement (vérification de l'application des ratios de Bâle, par exemple). Elle peut aussi s'accompagner d'une supervision, ayant un pouvoir de sanction et de coercition auprès des banques qui ne respectent pas les règles prudentielles.

· Un deuxième niveau de régulation peut porter sur la séparation des activités bancaires. Il évite alors au régulateur de regarder les opérations des banques, en mettant en oeuvre une muraille entre les opérations risquées peu réglementées (banque de financement et d'investissement, par exemple) et des opérations de détail très réglementées.

· Un troisième niveau de régulation peut concerner l'interdiction de certaines opérations comme les activités les plus risquées (titrisation de certaines dettes peu sûres, spéculation pure sur les contrats à terme...) et obliger à l'enregistrement via des chambres de compensation et l'obligation de passer par des marchés réglementés, interdisant les ventes de gré à gré (en direct entre banques, par exemple). Il faut rappeler ici que la réglementation et le contrôle des banques sont restées pour l'essentiel des prérogatives nationales, tant au niveau des lois que de leur application. La globalisation de la finance a été beaucoup plus vite que celle de la réglementation bancaire,qui a par nature beaucoup de retard sur la réalité des marchés.

La définition plus restrictive des fonds propres durs ainsi que le durcissement des normes des ratios rapportant les fonds propres réglementaires aux risques pondérés pourraient, selon certains économistes, conduire  les banques à réduire leur exposition aux risques pondérés les plus élevés, et donc les plus consommateurs de fonds propres, au premier rang desquels se situent les crédits aux petites et moyennes entreprises et aux entreprises de taille intermédiaire En outre, le ratio de liquidité de court terme, qui vise à s'assurer que les banques disposent de suffisamment d'actifs liquides sur une période de 30 jours incite les établissements de crédit à acquérir de la dette souveraine plutôt que de la dette "corporate", plus risquée et moins liquide. De même, le ratio de liquidité de long terme oblige les banques à disposer de ressources longues alors que leur métier traditionnel s'exerce justement à travers leur rôle de transformation (les banques accordent essentiellement des prêts à moyen long terme mais elles se financent à court terme via les dépôts, la collecte d'épargne liquide ou le recours au marché monétaire). De fait, le coût de leurs ressources devrait s'accroître et leur rôle d'intermédiation se réduire. Selon ce scénario, les banques seraient ainsi amenées à répercuter la hausse du coût de leurs refinancements sur les taux des crédits qu'elles octroient aux particuliers ou aux entreprises.

Les tensions haussières sur le coût du capital pourraient aussi être réduites par une meilleure articulation des politiques monétaire et prudentielle. Le renforcement de la stabilité financière passe inévitablement par celui des règles micro- et macro-prudentielles. Ainsi donc, les normes prudentielles pourraient aider à déjouer des tendances structurelles qui, si rien n'est fait pour les contrer, affecteront lourdement les modalités du financement. Cette incidence positive des règles prudentielles pour le financement de l'économie est bien sûr à mettre en balance avec les difficultés d'ajustement qu'elles occasionneront pour les établissements qu'elles concernent.

La problématique portant, sur le lien entre réglémentation bancaire et financement de l'économie ont fait l'objet de plusieurs travaux. Chiuri, Ferri et Majnoni analysent en 2002 les données de 572 banques de 15 pays développés. Leurs résultats concluent à un effet négatif de régulation sur l'offre de crédit et en général sur la possibilité de financer de ces économies.

En ce qui concerne les économies prises individuellement, les travaux menés Furlong en 1992 ainsi que ceux de Haubrich et Wachtel en 1999 aboutissent à la conclusion selon laquelle la régulation du capital aux Etats-Unis a contribué à une diminution de l'offre de crédit. Wagster aboutit à la même conclusion en ce qui concerne le Canada et la Grande Bretagne ; mais ce dernier ne parvient pas démontrer le rôle de la règlementation dans la diminution de l'offre de crédit dans les cas de l'Allemagne et du Japon. Il en est de même pour Jackson et Al (1999) qui ont démontré que les effets de la règlementation sur l'offre de crédit ne s'exercent qu'à court terme. Les résultats d'. Igue montrent l'existence d'une relation négative entre le ratio des capitaux propres et la productivité bancaire en ce qui concerne les banques de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).En outre, une étude réalisée par l'agence de Fitch (2013) sur la période 2010-2012 montre que la régulation bancaire diminue le financement bancaire des entreprises européennes.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon