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Réglémentation prudentielle, rentabilité et productivité des banques de la CEMAC

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par Valentine Soumtang
Université de Yaoundé2 - Master Recherche en Macroéconomie Monétaire et Bancaire 2014
  

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II.1.2. Les enjeux de la réglementation prudentielle

Les principes de réglementation et supervision bancaire semblent valides quel que soit le niveau de développement des secteurs bancaires considérés. Cela est illustré par l'adoption dans la majorité des PED, de normes prudentielles similaires à celles en vigueur dans les pays industrialisés en particulier. L'expérience récente de ces Pays en termes de performances semble toutefois semer le doute sur l'efficacité de tels transferts de technologies réglementaires des pays industrialisés vers les régions en développement (Daoud, 2004). Ainsi, selon Rojas-Suarez (2001), les normes de fonds propres n'ont pas joué leur rôle d'indicateur avancé des crises et d'instruments effectifs du contrôle du risque bancaire. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer une telle désillusion dans la performance des normes de fonds propres. Pour certains, c'est la capacité même de des instruments à diriger dans la bonne direction les incitations des banquiers qui est en cause. Ainsi, Caprio et Honohan (1999) soulignent qu'un accroissement du capital bancaire n'entraîne pas nécessairement une mise sous risque des richesses des actionnaires. C'est uniquement lorsque ces derniers perçoivent que le maintien de l'activité bancaire est leur meilleure option, que la probabilité de survie s'accroît. Par conséquent, la réglementation du capital bancaire doit s'accompagner de considérations relatives à la valeur de la franchise bancaire (c'est-à-dire la valeur des flux de profits futurs ajustée du risque), car celle-ci est déterminante pour les incitations des banquiers. Selon Stiglitz (2001), il est souvent omis qu'un accroissement des exigences des fonds propres se traduise par une réduction de la franchise bancaire. Au final, le bénéfice net d'une telle action peut être plus faible que celui escompté, et parfois même conduire à une réduction du capital bancaire. En effet, le type de capital qualifié pour satisfaire les normes réglementaires étant coûteux (relativement aux dépôts), il s'en suit une réduction de la valeur de la franchise et une effectivité de la prise de risque. Un corollaire important est que les mouvements de libéralisation récents qu'ont connus les PED, en s'accompagnant d'une concurrence bancaire accrue et d'une suppression des limites sur la rémunération des dépôts ont affecté négativement la valeur des franchises bancaires et, par conséquent, conduit à un accroissement du risque. Dans ce contexte, Hellmanet al. (2000) montrent que la réglementation du capital bancaire, pour rester efficace, doit s'accompagner de mesures encadrant la rémunération des dépôts. D'autres commentateurs évoquent le transfert inadapté des standards de Bâle dans ces régions caractérisées par un environnement économique fortement volatil. Dans les PED, la volatilité nominale, mais également réelle, est double, voire triple, de celle observée dans les pays industrialisés. Dans un tel contexte, de nombreux auteurs suggèrent l'adoption d'un ratio minimum de capital supérieur à celui de 8 % recommandé par le Comité de Bâle (Kane, 1995 ; Gavin et Hausmann, 1996). Malgré le cadre suffisamment flexible offert par l'accord de capital, rares sont les superviseurs locaux qui ont compensé par des ratios de capital plus élevés, l'environnement risqué dans lequel leurs banques opèrent (Goldstein, 1997).

La réglementation bancaire présente non seulement des carences ou des lacunes internes mais elle laisse aussi apparaître un manque de coordination entre ses diverses dispositions. On a du mal à identifier clairement les rôles dévoués aux structures nationales créées et ceux des supranationales (Lacoue-Labarthe, 2004).

La réglementation bancaire a prévu la création ou la naissance d'autres types d'établissements financiers, mais leurs conditions de mise en oeuvre ne sont pas clairement définies et même spécifiées (Nouy, 2004). Il en est de même pour leur fonctionnement dans une sphère financière sans marché financier ou des capitaux.L'application des réformes prévues par la réglementation bancaire a posé des problèmes pratiques à cause de l'absence d'une période transitoire clairement définie car les diverses mesures semblaient être inadaptées et inacceptables par rapport à la situation des banques (Daoud, 2004). Au niveau de la conduite des réformes, des lacunes apparaissaient également dans les textes. En d'autres termes, la réglementation n'avait aucune disposition commune relative aux restructurations bancaires. Pendant que certaines institutions bancaires commençaient par des recapitalisations, d'autres procédaient d'abord aux allégements des effectifs pour réduire leurs frais généraux (Rochet, 2003). Les dispositions réglementaires communes auraient permis aux banques de se concerter pour conduire au mieux les diverses réformes bancaires (Simon, 2004).

De ce qui précède, force est donc de constater que la réglémentation prudentielle n'a pas que des privilèges, mais que cette dernière entraîne également des coûts en termes d'accès au services bancaires.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery