II.2.3.2. L'impact des variables bancaires
Les variations du ROA sont fortement influencées par le
niveau de rentabilité précédent.La rentabilité
passée du système affecte négativement le niveau courant
d'environ 41,17%.
En ce qui concerne les variables bancaire, les
résultats montrent que l'évolution des frais
généraux n'est pas favorable à la rentabilité
bancaire du système bancaire (fg). Ce résultat suggère que
suivant nos estimations, une hausse des frais généraux d'un
point de pourcentage entraine une détériorationn du rendement
à long terme de 0,21 point de pourcentage des actifs. En fait, les
coéfficients d'exploitation ne dépassent pas en moyenne les
bornes de 60% ; normes considérées acceptables en matière
de gestion des firmes bancaires, ce qui tend à montrer que les banques
maîtrisent leurs dépenses.
S'agissant des fonds propres (fp), ces derniers ont un effet
significatif et positif sur la rentabilité des actifs. A terme, leur
augmentation d'un point de pourcentage des actifs conduit à une hausse
de la rentabilité bancaire d'environ 15,1%. En fait, la
réglementation prudentielle impose aux banques un niveau minimum de
couverture des emplois par des ressources stables. Et donc plus les banques
sont capitalisées, plus elles sont solvables et accèdent plus
facilement au financement auprès de la BEAC.
En outre, nos estimations démontrent une relation
positive entre le volume de crédits distribués à la
clientèle (mc) et la rentabilité des banques. Ainsi, une
augmentation des crédits distribués d'un point de pourcentage
conduit à une hausse du ROA à hauteur de 17,8%.
II.2.3.3. L'impact des variables macroéconomiques
Il existe en général une relation positive entre
la croissance économique d'un pays et les performances des
différentes branches de la société. S'agissant de la
CEMAC, une croissance du PIB de 10% induit une réduction de la
profitabilité bancaire de 2,37 point de pourcentage des actifs. Il
semble que les banques de la sous-région ont profité de la
restructuration pour améliorer les niveaux de bancarisation bien que ces
derniers restent encore à des niveaux faibles.
L'impact de l'inflation (inf) va dans le sens de nos
hypothèses de départ. L'inflation a un impact négatif sur
la rentabilité des banques de la CEMAC. Les résultats montrent
qu'une variation d'une unité de l'inflation entraine une diminution du
roa de 31,3% . cela peut s'expliquer par le fait que les tensions
inflationnistes produisent une extension et une surévaluation des
charges bancaires qui peuvent ne pas toujours etre compensées par
l'augmentation des taux de crédit et donc des revenus.
CONCLUSION
Après les réformes financières mises en
place pour stabiliser les systèmes bancaires des pays de la CEMAC, il
était opportun de se pencher sur un point particulier de cette
stabilité : la rentabilité des actifs. C'est ce qui a fait
l'objet de ce chapitre. Dans une première section, nous avons
présenté la situation financière des économies de
la sous-région. La seconde section de la réflexion s'est
orientée vers la validation empirique de l'effet du respect des ratios
prudentiels sur la rentabilité des actifs des banques des pays de la
CEMAC.
Il ressort de cette analyse que la réglementation est
un soutien incontournable pour l'amélioration des résultats
bancaires. On note que le ratio de couverture des risques influence de
façon positive et significative la rentabilité des actifs. Les
banques ont alors tendance à moins s'exposer aux risques de faillite et
à stabiliser le système. Le ratio de liquidité quant
à lui a un effet négatif et significatif sur la
rentabilité des actifs. Il faudrait désormais plus se pencher sur
la réglementation de la liquidité qui nécessite beaucoup
d'attention. En outre, la surcapitalisation des banques et le défaut de
transformation ont entraîné une situation de surliquidité
qui n'a profité de ce fait ni à la rentabilité globale ni
aux marges d'intérêt bancaires.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Dans cette partie, nous avons étudié la
contribution de la réglementation prudentielle dans
l'amélioration de la rentabilité des banques de la CEMAC durant
la période 1998-2012, et ce, en appliquant à l'ensemble du
système bancaire, un modèle de régression multiple. Nous
avons adopté pour ce faire un plan à deux chapitres. Il
était question dans le premier chapitre de présenter la
réglementation prudentielle comme pilier de la rentabilité
bancaire etdans le second chapitre d'évaluer l'impact du dispositif
prudentiel de la CEMAC sur la rentabilité des banques de la
sous-région.
Il en ressort que la réglementation de
l'activité bancaire apparaît efficace dans l'amélioration
de la rentabilité bancaire. Plus les exigences de fonds propres sont
élevées, moins les banques ont tendance à prendre des
risques et plus la rentabilité des actifs est élevée. En
ce qui concerne la couverture du risque nos résultats corroborent les
conclusions de Ghazi (2006) et de Naceur et Omran (2011) qui affirment que la
réglementation prudentielle a réussi à améliorer le
niveau de rentabilité des banques. Et les résultats sur la norme
de liquidité s'inscrivent en droite ligne avec les travaux de Rime
(2001). Cependant, il convient de signaler que cette partie se base uniquement
sur le rendement des actifs en négligeant la marge
d'intérêt comme mesure de la rentabilité. La prise en
compte d'un tel arbitrage est toutefois, difficile, et ce, en raison de
l'indisponibilité des données.
Ces résultats montrent également que le
renforcement du pouvoir des autorités de supervision a un effet sur la
rentabilité nette et que les réglementations exigeant une grande
transparence de l'information et incitant le secteur privé à
contrôler les banques ont atteint leur objectif en termes de
réduction de prise de risque en Afrique centrale. Mais afin de palier
toute insuffisance liée au problème d'aléa moral et afin
d'éliminer les potentiels effets pervers de la réglementation du
capital, il a été suggéré les fonds propres
devaient être calculés sur la base de leurs données de
risques internes plutôt que sur un système forfaitaire (Mischkin,
2010). En outre, les résultats quant à l'influence significative
mais négative du respect sur la liquidité suggèrent qu'il
serait judicieux d'évaluer la pertinence du seuil de ladite norme.
DEUXIEME PARTIE : LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE : UNE FACTEUR DE LA PRODUCTIVITE DES BANQUES DE LA
CEMAC
INTRODUCTION DE LA
DEUXIEME PARTIE
Pierre angulaire de toute économie, les banques et les
établissements financiers jouent un rôle fondamental dans le
financement de l'économie. Elles assurent un rôle
macroéconomique important matérialisé sous forme de
financement intermédié de l'économie. Elles occupent de ce
fait une place dominante dans le système financier et dans le processus
de financement du développement (Avom et Eyeffa, 2007). Elles disposent
à cet égard d'un pouvoir de création monétaire et
assurent le bon fonctionnement des systèmes de paiements, garantissant
ainsi l'efficacité économique. Ce qui traduit le rôle
fondamental des intermédiaires financiers efficaces et solides dans la
croissance économique (Levine, 1996).
Dépuis la crise financière puis devenue
rapidement économique et sociale de 2007, on a observé un vaste
mouvement de « re-réglementation ». Les objectifs de la
réglementation bancaire s'avèrent multiples. Il s'agit de mieux
contrôler les risques pris par les intermédiaires financiers, en
particulier les banques, de mieux prévenir et contenir les risques
systémiques, d'accroître la transparence de l'information, de
réduire les conflits d'intérêts... plus
généralement de remettre la finance, devenue
débridée et largement virtuelle, au service de l'économie
réelle (Couppey, Garnier et Pollin, 2013). En outre, l'objectif
principal du programme de restructuration bancaire de la CEMAC était
d'assurer la modernisation des mécanismes de financement de
l'économie (Avom et Eyeffa, 2007). Les banques de la sous-région
sont devenues liquides, solvables et stables à l'issue des
réformes engagées mais cette solvabilité ne sied pas avec
le niveau de financement de l'économie. En outre, en présence de
contraintes sur le capital réglementaire et d'imperfections de
marché, les banques réduisent leurs concours à
l'économie dès lors que leur solvabilité se
dégrade. Le but de cette partie est alors d'examiner de façon
approfondie la relation entre les contraintes réglementaires des banques
et la productivité du système bancaire. L'hypothèse
sous-jacente est que la réglementation prudentielle affecte positivement
la productivité des banques en CEMAC.
Afin d'atteindre l'objectif cu-mentionné, il est
question dans cette partie de montrer en quoi la réglementation
prudentielle permet aux banques d'agir sur le financement des économies
(chapitre 3) et tester le lien entre les ratios prudentiels en vigueur et la
productivité bancaire de la sous-région (chapitre 4).
CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE : UNE NECESSITE POUR LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE
INTRODUCTION
Le système bancaire joue un rôle significatif
dans l'objectif de croissance des pays en voie de développement. Le
rôle du système bancaire peut être apprécié
par sa capacité à jouer son rôle dans le développemt
économique (Yilmaz et al., 2008). Cette fonction traduit l'aptitude de
ces dernières à transformer les dépôts courts en
crédits longs (Kamgna et Dimou, 2008) et par conséquent leur
tendance à jouer leur rôle d'intermédiaires
financiers : il s'agit donc là de leur propension à financer
l'économie qui est mise en exergue.
Bien que de nombreuses analyses ont montré que la
réglémentation prudentielle peut engendrer des côuts (
Blum, 2007), cette dernière peut également contribuer à
faciliter l'offre de crédit dans la zone. Les superviseurs
édictent donc des normes réglementaires dans le secteur bancaire
afin d'assurer en même temps la promotion des investissements, de
manière à obtenir une croissance forte et durable (FoudaOwoundi,
2009).La productivité en général est la relation entre le
niveau de la production et la quantité des facteurs qui l'ont permis. Il
sera donc question dans ce chapitre de montrer en quoi la
réglementation prudentielle est une nécéssité pour
l'offre de crédit et donc pour le financement de l'économie de la
sous-région.
Pour atteindre cet objectif, nous ferons part de l'importance
du systeme bancaire dans le financement de leconomie et la necessite de
reglementer l'activite (section 1) avant de mettre en avant le lien entre la
réglementation prudentielle et le financement (section 2).
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