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Réglémentation prudentielle, rentabilité et productivité des banques de la CEMAC

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par Valentine Soumtang
Université de Yaoundé2 - Master Recherche en Macroéconomie Monétaire et Bancaire 2014
  

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II.2.3.2. L'impact des variables bancaires

Les variations du ROA sont fortement influencées par le niveau de rentabilité précédent.La rentabilité passée du système affecte négativement le niveau courant d'environ 41,17%.

En ce qui concerne les variables bancaire, les résultats montrent que l'évolution des frais généraux n'est pas favorable à la rentabilité bancaire du système bancaire (fg). Ce résultat suggère que suivant nos estimations, une hausse des frais généraux d'un point de pourcentage entraine une détériorationn du rendement à long terme de 0,21 point de pourcentage des actifs. En fait, les coéfficients d'exploitation ne dépassent pas en moyenne les bornes de 60% ; normes considérées acceptables en matière de gestion des firmes bancaires, ce qui tend à montrer que les banques maîtrisent leurs dépenses.

S'agissant des fonds propres (fp), ces derniers ont un effet significatif et positif sur la rentabilité des actifs. A terme, leur augmentation d'un point de pourcentage des actifs conduit à une hausse de la rentabilité bancaire d'environ 15,1%. En fait, la réglementation prudentielle impose aux banques un niveau minimum de couverture des emplois par des ressources stables. Et donc plus les banques sont capitalisées, plus elles sont solvables et accèdent plus facilement au financement auprès de la BEAC.

En outre, nos estimations démontrent une relation positive entre le volume de crédits distribués à la clientèle (mc) et la rentabilité des banques. Ainsi, une augmentation des crédits distribués d'un point de pourcentage conduit à une hausse du ROA à hauteur de 17,8%.

II.2.3.3. L'impact des variables macroéconomiques

Il existe en général une relation positive entre la croissance économique d'un pays et les performances des différentes branches de la société. S'agissant de la CEMAC, une croissance du PIB de 10% induit une réduction de la profitabilité bancaire de 2,37 point de pourcentage des actifs. Il semble que les banques de la sous-région ont profité de la restructuration pour améliorer les niveaux de bancarisation bien que ces derniers restent encore à des niveaux faibles.

L'impact de l'inflation (inf) va dans le sens de nos hypothèses de départ. L'inflation a un impact négatif sur la rentabilité des banques de la CEMAC. Les résultats montrent qu'une variation d'une unité de l'inflation entraine une diminution du roa de 31,3% . cela peut s'expliquer par le fait que les tensions inflationnistes produisent une extension et une surévaluation des charges bancaires qui peuvent ne pas toujours etre compensées par l'augmentation des taux de crédit et donc des revenus.

CONCLUSION

Après les réformes financières mises en place pour stabiliser les systèmes bancaires des pays de la CEMAC, il était opportun de se pencher sur un point particulier de cette stabilité : la rentabilité des actifs. C'est ce qui a fait l'objet de ce chapitre. Dans une première section, nous avons présenté la situation financière des économies de la sous-région. La seconde section de la réflexion s'est orientée vers la validation empirique de l'effet du respect des ratios prudentiels sur la rentabilité des actifs des banques des pays de la CEMAC.

Il ressort de cette analyse que la réglementation est un soutien incontournable pour l'amélioration des résultats bancaires. On note que le ratio de couverture des risques influence de façon positive et significative la rentabilité des actifs. Les banques ont alors tendance à moins s'exposer aux risques de faillite et à stabiliser le système. Le ratio de liquidité quant à lui a un effet négatif et significatif sur la rentabilité des actifs. Il faudrait désormais plus se pencher sur la réglementation de la liquidité qui nécessite beaucoup d'attention. En outre, la surcapitalisation des banques et le défaut de transformation ont entraîné une situation de surliquidité qui n'a profité de ce fait ni à la rentabilité globale ni aux marges d'intérêt bancaires.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Dans cette partie, nous avons étudié la contribution de la réglementation prudentielle dans l'amélioration de la rentabilité des banques de la CEMAC durant la période 1998-2012, et ce, en appliquant à l'ensemble du système bancaire, un modèle de régression multiple. Nous avons adopté pour ce faire un plan à deux chapitres. Il était question dans le premier chapitre de présenter la réglementation prudentielle comme pilier de la rentabilité bancaire etdans le second chapitre d'évaluer l'impact du dispositif prudentiel de la CEMAC sur la rentabilité des banques de la sous-région.

Il en ressort que la réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace dans l'amélioration de la rentabilité bancaire. Plus les exigences de fonds propres sont élevées, moins les banques ont tendance à prendre des risques et plus la rentabilité des actifs est élevée. En ce qui concerne la couverture du risque nos résultats corroborent les conclusions de Ghazi (2006) et de Naceur et Omran (2011) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi à améliorer le niveau de rentabilité des banques. Et les résultats sur la norme de liquidité s'inscrivent en droite ligne avec les travaux de Rime (2001). Cependant, il convient de signaler que cette partie se base uniquement sur le rendement des actifs en négligeant la marge d'intérêt comme mesure de la rentabilité. La prise en compte d'un tel arbitrage est toutefois, difficile, et ce, en raison de l'indisponibilité des données.

Ces résultats montrent également que le renforcement du pouvoir des autorités de supervision a un effet sur la rentabilité nette et que les réglementations exigeant une grande transparence de l'information et incitant le secteur privé à contrôler les banques ont atteint leur objectif en termes de réduction de prise de risque en Afrique centrale. Mais afin de palier toute insuffisance liée au problème d'aléa moral et afin d'éliminer les potentiels effets pervers de la réglementation du capital, il a été suggéré les fonds propres devaient être calculés sur la base de leurs données de risques internes plutôt que sur un système forfaitaire (Mischkin, 2010). En outre, les résultats quant à l'influence significative mais négative du respect sur la liquidité suggèrent qu'il serait judicieux d'évaluer la pertinence du seuil de ladite norme.

DEUXIEME PARTIE : LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UNE FACTEUR DE LA PRODUCTIVITE DES BANQUES DE LA CEMAC

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Pierre angulaire de toute économie, les banques et les établissements financiers jouent un rôle fondamental dans le financement de l'économie. Elles assurent un rôle macroéconomique important matérialisé sous forme de financement intermédié de l'économie. Elles occupent de ce fait une place dominante dans le système financier et dans le processus de financement du développement (Avom et Eyeffa, 2007). Elles disposent à cet égard d'un pouvoir de création monétaire et assurent le bon fonctionnement des systèmes de paiements, garantissant ainsi l'efficacité économique. Ce qui traduit le rôle fondamental des intermédiaires financiers efficaces et solides dans la croissance économique (Levine, 1996).

Dépuis la crise financière puis devenue rapidement économique et sociale de 2007, on a observé un vaste mouvement de « re-réglementation ». Les objectifs de la réglementation bancaire s'avèrent multiples. Il s'agit de mieux contrôler les risques pris par les intermédiaires financiers, en particulier les banques, de mieux prévenir et contenir les risques systémiques, d'accroître la transparence de l'information, de réduire les conflits d'intérêts... plus généralement de remettre la finance, devenue débridée et largement virtuelle, au service de l'économie réelle (Couppey, Garnier et Pollin, 2013). En outre, l'objectif principal du programme de restructuration bancaire de la CEMAC était d'assurer la modernisation des mécanismes de financement de l'économie (Avom et Eyeffa, 2007). Les banques de la sous-région sont devenues liquides, solvables et stables à l'issue des réformes engagées mais cette solvabilité ne sied pas avec le niveau de financement de l'économie. En outre, en présence de contraintes sur le capital réglementaire et d'imperfections de marché, les banques réduisent leurs concours à l'économie dès lors que leur solvabilité se dégrade. Le but de cette partie est alors d'examiner de façon approfondie la relation entre les contraintes réglementaires des banques et la productivité du système bancaire. L'hypothèse sous-jacente est que la réglementation prudentielle affecte positivement la productivité des banques en CEMAC.

Afin d'atteindre l'objectif cu-mentionné, il est question dans cette partie de montrer en quoi la réglementation prudentielle permet aux banques d'agir sur le financement des économies (chapitre 3) et tester le lien entre les ratios prudentiels en vigueur et la productivité bancaire de la sous-région (chapitre 4).

CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UNE NECESSITE POUR LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE

INTRODUCTION

Le système bancaire joue un rôle significatif dans l'objectif de croissance des pays en voie de développement. Le rôle du système bancaire peut être apprécié par sa capacité à jouer son rôle dans le développemt économique (Yilmaz et al., 2008). Cette fonction traduit l'aptitude de ces dernières à transformer les dépôts courts en crédits longs (Kamgna et Dimou, 2008) et par conséquent leur tendance à jouer leur rôle d'intermédiaires financiers : il s'agit donc là de leur propension à financer l'économie qui est mise en exergue.

Bien que de nombreuses analyses ont montré que la réglémentation prudentielle peut engendrer des côuts ( Blum, 2007), cette dernière peut également contribuer à faciliter l'offre de crédit dans la zone. Les superviseurs édictent donc des normes réglementaires dans le secteur bancaire afin d'assurer en même temps la promotion des investissements, de manière à obtenir une croissance forte et durable (FoudaOwoundi, 2009).La productivité en général est la relation entre le niveau de la production et la quantité des facteurs qui l'ont permis. Il sera donc question dans ce chapitre de montrer en quoi la réglementation prudentielle est une nécéssité pour l'offre de crédit et donc pour le financement de l'économie de la sous-région.

Pour atteindre cet objectif, nous ferons part de l'importance du systeme bancaire dans le financement de leconomie et la necessite de reglementer l'activite (section 1) avant de mettre en avant le lien entre la réglementation prudentielle et le financement (section 2).

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