4. La démarche adoptée
4.1. Le cadre de la démarche :
L'étude de ce mouvement social a été
impulsée dans l'idée d'expliquer un phénomène vaste
plutôt que de multiples faits isolés à des populations
données. En effet, l'ambition de ce travail est de chercher à
comprendre un phénomène social particulier, celle-ci s'inscrit
donc dans une démarche microsociologique. Bien plus que la simple
description d'une pratique corporelle, nous nous intéressons ici
à expliquer l'instrumentalisation qui est faite du corps.
Nous avons la volonté d'étudier cette
instrumentalisation en questionnant le phénomène lui-même,
c'est-à-dire le mouvement social, la fonction de ce
phénomène, c'est-à-dire le rite, ainsi que le motif qui
fait émerger un tel phénomène, c'est-à-dire les
enjeux de la mobilisation.
Afin d'illustrer au plus juste l'esprit de cette
démarche, nous avons décidé de nous intéresser aux
travaux de Raphaël Desanti et Philippe Cardon24. Ils
précisent qu'il est important de distinguer et d'articuler
différents registres de notes lors du travail de terrain afin de prendre
en compte l'ensemble des significations des faits observés. Tout
d'abord, les notes descriptives du cadre spatio-temporel observé, soit
les éléments matériels du « décor ».
Puis, les notes méthodologiques, soit la manière dont
l'enquêteur est et s'intègre parmi des enquêtés et
relever les attitudes de ces derniers à son égard. Mais aussi,
les notes descriptives des individus, soit les éléments externes
caractéristiques des observés. Ensuite, les notes d'actions et
d'interactions permettant de rendre compte de la construction des
interactions
24 Desanti, R. & Cardon, P. (2007)
Méthodologie : l'enquête qualitative en sociologie, édition
ASH, Rueil-Malmaison
21
entre individus. Enfin, les notes théoriques qui
correspondent aux ressources théoriques utilisées par
l'enquêteur pour interpréter le champ qu'il observe.
Dès lors, la méthode mise en place a permis de
construire une démarche de recherche et de réflexion par un
travail de terrain utilisant l'observation participante, le carnet
ethnographique ainsi que l'étude de documents. Nous avons porté
notre attention au fait de prendre toujours le point de vue du manifestant, ou
non manifestant, afin de rendre compte au plus juste de l'état d'esprit
des populations composant le mouvement.
4.2. Outils de recherche :
4.2.1. L'observation participante :
D'après Christian Bromberger25, il faut
rendre compte au plus près de la logique complexe des comportements
irréductibles à quelques catégories. Pour lui, la
démarche ethnologique est une affaire de proximité, visant
à saisir l'intérieur des choses en cultivant l'empathie qui va
permettre à l'observateur d'accorder « ce qu'il pense que les gens
pensent » avec « ce qu'il pense que lui-même penserait s'il
était vraiment l'un d'eux » selon les mots de Dan Sperber. C'est en
ce sens que la démarche ethnologique participe à une meilleure
connaissance de la société sans conformisme tout en questionnant
le statut des émotions et le degré d'implication de
l'observateur. Il ne s'agit pas de réduire un objet à une
fonction sociale ou symbolique mais plutôt d'appréhender les
valeurs contradictoires afin d'en faire ressortir les particularités. En
effet, l'idée de ce travail est de récolter un ensemble de
données de terrain puis de les analyser afin de mettre en avant les
occurrences et les différences.
Dans le cadre de notre étude, nous nous basons sur
l'idée que nous utilisions l'observation participante de type «
participant complet ». Concrètement, nous dissimulons notre
activité de recherche et d'observation tout au long de l'étude
sur le terrain, c'est-à-dire chaque jour de novembre à
décembre 2007. Il était important de s'intéresser aux
personnes qui prenaient la parole car nous savions à quelles
idées leur discours faisait référence ou encore nous
scrutions les moindre faits et gestes des meneurs ainsi que les incidences sur
la
25 Bromberger, C. (2004) Les pratiques et les
spectacles sportifs au miroir de l'ethnologie in Disposition et pratiques
sportives. Débats actuels en sociologie du sport, l'Harmattan, Paris
22
masse des étudiants. De plus, les interviews nous
auront permis de recueillir les opinions ainsi que le point de vue ou encore
les données permettant de décrire l'évolution du
mouvement.
Grâce à cette méthode nous avons pu
construire un outil permettant de décrire et d'analyser les objectifs de
mobilisation des étudiants et lycéens composant le mouvement
social. Cependant, la question de la distanciation entre le statut de
l'étudiant chercheur et les populations observées se pose ici. De
plus, malgré l'effort de neutralité, il subsiste toujours
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