CHAPITRE II : LES FACTEURS DE LA DÉPERDITION
SCOLAIRE DANS LA COMMUNE DE GAROUA-BOULA
La déperdition scolaire est un phénomène
très observé tous ces derniers temps dans la
société camerounaise et mérite une attention
particulière de la part des chercheurs en sciences sociales et humaines.
En effet, depuis plus de trois décennies, le système
éducatif camerounais fait face à ce phénomène qui
ne cesse de s'amplifier et de produire des méfaits irréparables.
Elle est une bombe à retardement, un danger pour l'avenir de la jeunesse
au vu du grand nombre d'enfants qui abandonne le navire scolaire en pleine
navigation dans la commune de Garoua-Boulaï. Il est donc question dans ce
second chapitre de cerner les facteurs de la déperdition scolaire dans
la commune de Garoua-Boulaï. Les causes potentielles les plus souvent
identifiées dans les écrits et selon nos données
collectées peuvent être regroupées selon quatre grandes
catégories de facteurs. Il s'agit defacteurs personnels, facteurs
scolaires, facteurs socio-économiques et facteurs familiaux. L'examen
minutieux de chacun de ces facteurs sera pris en compte dans ce chapitre.
I-LES FACTEURS PERSONNELS DE
LA DÉPERDITION SCOLAIRE
Les facteurs personnels de la déperdition scolaire sont
entre autres : le milieu social,le manque d'intérêt pour
l'école et le libertinage des enfants. Dans les lignes qui suivent, nous
examinerons ces trois facteurs personnels.
1-Le milieu
social
L'environnement social immédiat de
l'élève, appréhendé par les caractéristiques
des parents, a un effet important sur le risque de déperdition scolaire.
En général, cet effet est approché à partir des
revenus des parents, du statut social des professions qu'ils exercent et de
leur niveau de diplôme. L'ensemble des recherches est unanime quant
à l'effet du milieu socio-économique sur le risque de
décrochage : ce risque est plus important pour les familles dont le
statut socio-économique, mesuré par les indicateurs
précédents, est le plus faible. Le risque de déperdition
scolaire est plus élevé pour un enfant issu de milieux populaires
que pour celui issu d'un milieu favorisé. Par exemple Croninger et Lee
en 2001, utilisent un « indice de risque social » fondé sur
cinq attributs : appartenance à une minorité ethnique,
appartenance à une minorité linguistique, pauvreté,
famille monoparentale, absence de diplôme pour au moins un des deux
parents. Ces auteurs montrent que, la probabilité de décrocher
augmente de 66 % pour les élèves ayant au moins un des attributs
par rapport à ceux n'ayant aucun facteur de risque, et ceci pour un
même niveau scolaire et les mêmes comportements vis-à-vis de
l'école à l'adolescence. Il est d'ailleurs possible que les
différences de compétences scolaires, acquises très
tôt pendant le parcours scolaire des enfants, traduisent également
des inégalités sociales initiales. Pour trancher cette question,
il est nécessaire de réaliser des études permettant un
suivi d'individus de leur naissance à l'âge adulte, ce qui est
rarement possible. On peut citer cependant l'étude de Ratcliffe et
McKernan conduite en qui, à partir d'un suivi de cohorte de la naissance
à l'âge de trente ans, montre que les personnes nées
pauvres ont trois fois plus de risque de sortir de l'école sans
diplôme que les autres.Parmi les indicateurs de milieu social, le niveau
de diplôme des parents, et particulièrement celui de la
mère, semble être le plus déterminant, au Cameroun
particulièrement à Garoua-Boulaï. Ce résultat peut
être rapproché de ceux mettant en avant le rôle des
pratiques éducatives. En effet, ces pratiques sont fortement
différenciées selon le milieu social. Une implication familiale
importante (aide aux devoirs, contrôle du travail scolaire), des attentes
positives vis-à-vis de l'école, une réactivité des
parents aux difficultés scolaires, une attitude encourageante et
valorisante diminue le risque d'abandon scolaire.
Cependant, ce sont précisément ces pratiques qui
sont plus fréquentes dans les milieux socialement favorisés, et
moins répandues dans les milieux populaires. Ces facteurs de
différenciation sociale interviennent tôt dans la vie de l'enfant,
avant même la scolarité élémentaire.
2-Le manque
d'intérêt pour l'école
Godbout dans son étude sur l'abandon scolaire conduite
en 1991 en vue de promouvoir les moyens d'intervention, cite plusieurs facteurs
de la déperdition scolaire parmi lequel la volonté personnelle de
l'élève d'abandonner l'école.En effet, les causes de la
déperdition scolaire peuvent se retrouver dans la personnalité de
l'apprenant à travers de multiples échecs, la
démotivation, les problèmes familiaux, le manque de confiance en
soi- même et des absences chroniques.
3-Le libertinage des
enfants
L'un des facteurs prédominant favorisant l'abandon des
classes par nos jeunes enfants dans la commune de Garoua-Boulaï est le
libertinage des enfants causé par la déclinaison des
responsabilités observées chez la plupart de nos parents. Nous
avons constaté avec amertume que certains parents rejoignent les
campagnes pour les travaux champêtres abandonnant ainsi les enfants seuls
aux villages ou en ville vivant dans le sauve qui peut. Dépassés,
ces enfants sont obligés d'abandonner les classes pour rejoindre leurs
parents. Comme cela ne suffisait pas, les frais des APEE fixés à
5 000 FCFA dans les écoles primaires et 15 000 FCFA pour le
secondaire fait à ce que les parents trient les enfants à faire
inscrire suivant les moyens en sa possession.
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