VI-L'ACTIVITE DE MOTO-TAXI
COMME CONSÉQUENCE DE DÉPERDITION SCOLAIRE.
Le phénomène de moto-taxi se présente
à première vue comme un phénomène ordinaire ou
banal. Mais du point de vue de l'analyse sociologique, il revêt un sens
ou une puissance qui mérite d'être décrypté.
L'analyse fait en premier lieu un aperçu des facteurs structurels et
conjoncturels qui ont historiquement structuré l'émergence des
moto-taxi au Cameroun. Cette activité attire un nombre important de
jeunes parceque devenir moto-taximan n'exige pas de formation
particulière. Beaucoup estiment qu'il suffit de trouver une moto d'un
ami ou d'un parent, d'apprendre à conduire pendant quelques jours et les
jours qui suivent, un patron peut vous céder une moto contre une recette
journalière. Parce qu'ils ont appris à contourner les
dispositions institutionnelles, nombre de jeunes intègrent facilement
l'activité sans se sentir obligés de s'inscrire dans une
auto-école. Les observations de terrain permettent d'admettre qu'exercer
l'activité de moto-taxi est donc apparu comme un dernier recours
d'emploi chez la plupart des jeunes Benskineurs(moto-taximen). Pour les
diplômés, bacheliers et licenciés rencontrées sur le
terrain, cette activité de moto-taxi est une stratégie
transitoire qui leur permet de joindre les « deux bouts »
en attendant de trouver un emploi décent.Alternatives à la crise
de l'emploi, les motos taxis permettent aujourd'hui à des milliers de
jeunes et ménages camerounais de survivre au quotidien. Les acteurs,
préoccupés par la satisfaction des besoins existentiels offrent
des tarifs de transport très compétitifs avec pour seul objectif
d'accumuler le maximum de recettes financières.L'activité de
moto-taxi fait partie des conséquences de l'abandon des études au
Cameroun en général et dans la commune de Garoua-Boulaï en
particulier.
La coiffure et le call Box sont les autres activités
menées par les potentiels décrocheurs dans notre zone
d'étude. Le tableau qui suit représente la liste des
activités menées par les élèves qui ont
abandonné l'école dans la commune de Garoua-Boulaï.Ledit
tableau est le résultat d'une enquête que nous avions
menéeauprès de vingt-quatre (24)enseignants.
Tableau 12 :
activités menées par les décrocheurs après
l'abandon de l'école
Activité menéeaprès l'abandon de
l'école
|
Effectifs (ni)
|
Fréquence relative en %
|
Moto-taxi
|
6
|
25%
|
commerce
|
3
|
12,5%
|
coiffure
|
3
|
12 ,5%
|
agriculture
|
2
|
8,33%
|
Call Box
|
1
|
4,16%
|
Escroquerie
|
1
|
4,16%
|
Prostitution
|
3
|
12,5%
|
Banditisme/Vol
|
4
|
16,66%
|
Aucune activité
|
1
|
4,16%
|
TOTAL
|
24
|
100%
|
Source : données du terrain, 2020.
Le tableau ci-dessus montre que, selon les enseignants,
l'activité de Moto-taxi est la principale activité
menéepar les décrocheurs dans la commune de
Garoua-Boulaï ; par cette activité représente à
elle seule 25%.
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