La déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boula௠(Est-Cameroun): 1977-2019par Bienvenu BELNDANGA GARBA Université de Ngaoundéré - Master 2 2020 |
IV-L'ATTRAIT AU BANDITISME, VOL ET AU PHÉNOMÈNE D'ENFANT DE LA RUELe banditisme désigne par définition, l'ensemble des activités illégales des bandits. Le vol85(*) quant à lui est une infraction pénale qui consiste à s'approprier frauduleusement appartenant à autrui. Et le phénomène d'enfant de la ruedésigne de façon générale un enfant qui vit dans la rue. On parle de nos jours d'enfant en situations de rue en distinguant trois types : les enfants de la rue vivent et habitent dans la rue, les enfants dans la rue travaillent dans la rue mais ont une famille et un domicile, les enfants à la rue sont en situation de fugue temporaire mais par rester dans la rue. Le nombre total d'enfants des rues86(*) est inconnu mais selon l'UNICEF il s'élève à plusieurs dizaines de millions dans le monde. Il n'y a pas de recensement de ces enfants, et les seules sources sont des estimations provenant d'associations locales, faites au niveau d'une ville. Mais les chiffres varient selon la définitionemployée et sont parfois exagérés pour « mieux » défendre leur cause. Les estimations ont fait ainsi état de 11 millions d'enfants des rues en inde, 445 000 au Bangladesh, 250 000 au Maroc et 200 000 à Kinshasa etc.La majorité des enfants des rues sont des garçons, les conditions de survie dans la rue contraignant les filles à chercher des abris ou des protecteurs très rapidement. Les enfants qui abandonnent l'école au sein de la commune de Garoua-Boulaï empruntent le plus souvent le chemin de la vie facile pour subvenir à leurs besoins. Cette soit disant vie facile se déclineen grand banditisme, le vol et au phénomène d'enfant de la rue vulgairement appeléNanga-Boko. Selon le commandant de brigadeHusseini : « les agressions et les vols à main armée dans la ville de Garoua-Boulaï et partout dans cet arrondissement, sont perpétrés par les jeunesgarçons dont l'âge varie entre 15 et 25 ans ».Les propos du sous-préfet de l'arrondissement de Garoua-Boulaïexpliquent en partie le dégré du grand banditisme et l'insécurité qui règnent dans cette localité du pays. Sur ce, il déclare : « le banditisme, le vol et l'insécurité sont là les maux qui minent à la société dans la ville de Garoua-Boulaï. La preuve en est que les prises d'otages, les vols et les agressions se multiplient dans cette circonscription administrative »87(*). V-LA PROSTITUTION ET LE PHÉNOMÈNE FILLE-MÈREL'une des conséquences néfastes de la déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boulaï est la prostitution88(*) des jeunes filles.Il est difficile voire impossible de retenir les enfants à la maison lorsqu'ils ne fréquentent plus l'école car celle-ci leur permet d'être occupés avec des travaux à domicile.Les jeunes filles qui abandonnent temporairement ou définitivement l'école se prostituent89(*) pour subvenir à leurs besoins personnels. D'aprèsnos données collectées sur le terrain, ce sont beaucoup plus, les filles centrafricaines qui se prostituent dans la ville de Garoua-Boulaï pour des raisons variées. La première raison, est le décès de leur parent suite à la guerre civile en RCA. La deuxième raison est la pauvretématérielle et financière au sein de leur famille. La prostitution dans la ville de Garoua-Boulaï aurait pris naissance depuis l'arrivée des refugiés centrafricains en l'an 2000. Ce phénomène de « poteau » courammentappelé par la plupart de nos informateurs s'est amplifié en 2019 et consiste par l'attente d'un éventuel client sollicitant le sexe par les jeunes filles plantées aux bords des grands axes. Cette pratiquetrès lucrative attire beaucoup d'autres jeunes filles à s'y adhérer pour un gain facile. Ceci est l'une des conséquences les plus désastreuses de l'abandon définitif de l'école car les victimes sont tellement exposées aux nombreuses maladies pouvant même entrainer leur décès. Les propos recueillisauprès d'une élève montrent bel et bien, l'ampleur de cette prostitution dans cette localité. Elle déclare : J'ai arrêté mes études en classe de 1ere A4 Espagnol au lycée classique de Garoua-Boulaïdepuis 2015 parcequemes parents n'avaient plus d'argent pour me faire inscrire et déposer mon dossier du probatoire. Pour alléger ma charge scolaire, j'ai donc décidé de me lancer dans la vie de nuit comme certaines de mes camarades font depuis la nuit des temps90(*). Bref, la prostitution est sans doute l'une des conséquences néfastes de la déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boulaï. Toutefois, elle n'est pas l'une conséquence de ce phénomène. Cependant, une fille-mère est une mère célibataire qui n'a pas de mari. Le terme fille-mère est péjoratif et désuet. Le terme mère célibataire est préférable même si la situation est subie. Elle est généralement définie comme une mère célibataire, c'est-à-dire une femme non mariée qui élève seule ses enfants. Ainsi, les filles qui abandonnent l'école suite à la grossesse précoce ou indésirées vieillissenttrès rapidement et elles ont le plus souvent deux enfants avant d'atteindre l'âge de mariage fixé à 18 ans en Afrique. * 85 https://fr.m.wikipedia.org/wiki/vol-(droit), consulté le 26/10/2020. * 86 https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Enfant-des-rues, consulté le 12/10/2020. * 87 Entretien L. Diyen Jam, le sous-préfet, Garoua-Boulaï, 14 septembre 2020. * 88Par prostitution, il faut entendre une forme d'échange économico-sexuel ponctuelle, explicite et préalablement négociée. * 89 https://www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-tfc-manga.php, consulté le 22/09/2020. * 90Entretien avec Florence, à Bindiba, 19 Aout 2020. |
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