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La protection du droit à la liberté à l'épreuve de la détention préventive en droit positif togolais


par P. Roger KPAKOU
Université de Parakou - Master en droit pénal et sciences criminelles 2020
  

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B. Le plaidoyer pour un renforcement du cadre institutionnel

Suite aux diverses actions de monitoring effectuées dans les lieux de détention, les OSC élaborent des rapports alternatifs sur la situation des droits de l'Homme au Togo. Ces rapports servent notamment à faire des plaidoyers auprès des autorités compétentes pour une amélioration du cadre légal et institutionnel de la protection des droits de l'Homme. Un exemple récent a été observé au cours de la période d'état d'urgence sanitaire253 au Togo. Pour prévenir la propagation du COVID-19 dans les prisons, le chef de l'État avait procédé à la libération par grâce présidentielle de 1048 détenus le 03 avril 2020. Les mineurs en détention n'avaient pas été pris en compte dans la stratégie du gouvernement. Les OSC254 sont intervenus auprès des autorités compétentes pour rappeler l'urgence qu'il est de prendre des mesures de protection des enfants privés de liberté contre la pandémie devant aboutir à leur libération en toute sécurité255.

Les différents rapports élaborés suite aux monitorings des lieux de détention sont également exploités par les différents mécanismes de protection des droits de l'Homme auxquels le Togo est parti. C'est l'exemple du comité contre la torture qui est un organe mis en place pour veiller au respect de la convention des nations unies contre la torture. Lors du passage du Togo devant le CAT en juillet 2019, le gouvernement togolais a été amené à se prononcer sur des allégations de violations de droits de l'Homme recensés par les OSC. C'est également le cas devant la cour de justice de la CEDEAO, où l'État togolais a été condamné plusieurs fois à réparer des violations de droits de l'Homme perpétrés par des agents publics suite à des plaintes déposés par des OSC256.

Les OSC contribuent également au suivi de la mise en couvre des recommandations adressées par les mécanismes internationaux de protection des droits de l'Homme au

253 Décrétée par le chef de l'État dans son message à la nation en date du 1er avril 2020 pour renforcer la riposte nationale contre la propagation du COVID-19 qui touche le Togo depuis le 06 mars 2020

254 Notamment le CACIT

255 En effet, dans une déclaration en date du 13 avril 2020, le directeur exécutif de l'UNICEF exhortait les gouvernements et autorités pénitentiaires à libérer les enfants détenus car « la meilleure manière de protéger les droits des enfants détenus durant une dangereuse pandémie est d'assurer leur libération en toute sécurité»

256 Par exemple, l'État togolais a été condamné par la cour de justice de la CEDEAO en 2016, à verser la somme de 20 millions de F CFA au sieur Koffi AMETEPE suite à la plainte déposée par le CACIT

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gouvernement togolais. En effet, lors du passage du Togo devant le CAT, plusieurs recommandations ont été adressées à l'État togolais. C'est l'exemple de la recommandation faite à l'expert et rapporteur HELLER au gouvernement d'envisager « la fermeture de la prison civile de Lomé ». L'expert et rapporteur Sébastien TOUZE a pour sa part relevé le caractère « dérangeant » de la pratique des visites payantes aux détenus. Les OSC se chargent de faire le suivi de la mise en oeuvre des recommandations formulées ainsi que des engagements pris par le gouvernement. C'est aussi le cas après l'examen périodique universel. L'EPU est un processus d'évaluation de la situation des droits de l'Homme tous les cinq ans. Lors du premier cycle d'examen en octobre 2011, « 133 recommandations ont été formulées : 122 ont été acceptées, et 11 n'ont pas recueilli l'adhésion du Togo.257 ». Dans son rapport de suivi des recommandations de l'EPU au Togo en 2011, le FIACAT a établi un diagnostic des recommandations selon leur état de réalisation. Ce rapport a mis en exergue les réformes que le gouvernement doit mettre en oeuvre pour améliorer la situation des droits de l'Homme en général au Togo.

Paragraphe 2 : Le renforcement de la connaissance des droits et libertés
fondamentales

Après plusieurs visites de monitoring dans les lieux de détention258 et suite aux informations obtenues auprès des organisations de la société civile259, il ressort que plusieurs individus se retrouve en conflit avec la loi par pure ignorance de la loi. Face à l'arbitraire de la détention préventive, il est utile des se prémunir de la connaissance de ses droits. L'ignorance de la loi empêche le recours effectif aux droits de la défense. Comme il sera démontré, des individus tombent sous le coup de la loi pénale par ignorance de la loi. Face à la persistance de l'ignorance de la loi (A), il est nécessaire de multiplier et d'adapter les actions de sensibilisation sur le risque pénal (B).

257 Rapport du gouvernement togolais conformément au paragraphe 5 de l'annexe à la résolution 16/21 du Conseil des droits de l'homme, EPU, 2016, p. 2

258 Brigade pour mineurs de Lomé, Prison civile de Lomé, lieux de garde à vue, etc.

259 CACIT, Équipe des rédacteurs de la plateforme numérique « LBCJ »

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