I-1-Dynamiques des techniques de capture
Dans la pêche de manière générale,
la disponibilité de la ressource varie au cours de l'année, et
avec elle la part relative des différentes espèces.
Ce phénomène ne rythme pas seulement l'exploitation, il
conditionne aussi l'adaptation des engins en fonction des espèces
ciblées et du contexte environnemental. C'est en ce sens que l'on
observe l'emploi massif de la technique de sondage, la technique
d'emprisonnement, une intensification de l'usage des instruments sonores dans
le processus d'identification des ressources halieutiques et la diversification
des filets de pêche.
L'on note aussi l'adoption tous azimuts du mode de
pêche de trois jours, qui favorise en fonction de l'expérience et
de l'équipement des pêcheurs, la capture massive du poisson,
ceci
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grâce aux multiples opérations de captures
orchestrées pendant ces longues heures. Le principe de pêche est
simple, selon ces derniers en effet, après avoir bien circonscrit la
zone de pêche, les filets sont retirés et replongés dans
l'eau en moyenne toutes les six heures de temps, juste le temps
d'émailler le poisson et de procéder à une nouvelle
introduction. Il leur permet en trois jours d'effectuer entre six et huit
opérations de capture. Pour ces derniers, ce mode de pêche a
émergé dans la localité à la suite de
l'implantation des pêcheurs nigérians et béninois avec pour
conséquence directe, la concurrence et la raréfaction des
ressources. Et pour réussir dans cet environnement de défi, les
pêcheurs locaux n'ont pas résisté au charme de la
méthode de pêche dont la rentabilité est
considérable. Les voyages des pêcheurs en mer chaque lundi et
jeudi après midi constituent une preuve tangible de l'uniformisation des
calendriers du côté de Londji I. Cependant dans le village Nziou,
bien que la pratique soit en vigueur, aucun calendrier spécifique commun
n'est établi, chaque groupe de pêcheur prend ses initiatives du
jour et des heures de départ et d'accostage.
Toutes ces techniques endogènes comme exogènes
doivent leur succès en dehors de la qualité d'attraction de
chaque matériel employé, aux savoir-faire des acteurs de
pêche sur le quotidien du poisson. En effet, dans le processus
d'exploitation des ressources halieutiques, les pêcheurs de Nziou et de
Londji I ont une connaissance élargie sur la répartition des
espèces de poissons d'eau douce et de mer en fonction de la profondeur
de l'eau, les heures de repos et de déplacement, les modes et
périodes de reproduction. La spécificité des savoirs sur
l'éthologie de la proie du pêcheur fit dire DESCOLA dans une
étude sur l'activité de chasse que «L'essentiel de l'art
cynégétique chez les Achuar, comme dans de nombreuses autres
sociétés ne réside pas tant dans l'habileté
à se servir des armes que dans la connaissance approfondie des moeurs et
du comportement des animaux chassés» (DESCOLA, P., 1994:293)
repris par CHLOUS D. (2005:52). La maîtrise de ces divers
paramètres permet aux acteurs de pêche de tirer profit de leurs
différentes opérations de pêche garantissant par là,
la survie de toute la filière.
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